La crise du budget est riche en enseignements, notamment sur la rigidité du premier ministre Charest, dont le gouvernement n'a survécu au vote des députés à l'Assemblée nationale que grâce à la décision mûrement réfléchie du Parti québécois de piler sur son orgueil pour éviter des élections. Lourde responsabilité pour un deuxième parti d'opposition, décapité de surcroît.
Au contraire, s'il est une formation dont le comportement fut en dessous de tout cette semaine, c'est l'ADQ de Mario Dumont. Ce parti n'est plus un tiers parti négligeable: il forme l'opposition officielle. S'il a conquis autant de comtés lors des dernières élections, ce n'est pas parce qu'il promettait de s'attaquer à la dette, mais parce que l'électorat était fatigué des «vieux partis» qui ne disent pas «les vraies affaires».
Au cours des mois qui viennent, M. Dumont et ses députés ne manqueront pas de rappeler le spectacle «désolant» auquel le PLQ et le PQ se sont livrés cette semaine. Eux, les adéquistes, ont su prouver qu'ils étaient différents. Qu'ils ne jouaient pas le jeu des vieux partis. Qu'ils avaient des principes et savaient les respecter. Pourtant, M. Dumont avait prévenu qu'il voterait contre le budget avant même de prendre connaissance de son contenu. Pourquoi cela? Par principe?
Personne ne niera que le rôle de l'opposition est de s'opposer. Mais si c'est cela, faire de la politique de façon «différente», on peut se demander où ça nous mène. M. Dumont s'est comporté comme les libéraux fédéraux de Stéphane Dion lors de l'adoption récente du budget fédéral. Ce qui n'est quand même pas un signe de différence!
Jeudi, M. Dumont n'a pas daigné participer à la rencontre convoquée par le premier ministre. En guise d'explication, il a d'abord parlé de conflit d'horaire avant d'ajouter que M. Charest ne lui avait rien proposé lors de l'appel téléphonique, se contentant de lui demander de ne pas faire voter tous les députés adéquistes contre le budget. Cette explication ne tient pas la route. La version la plus plausible est celle de M. Charest, qui affirme avoir demandé à M. Dumont ce qu'il pouvait faire pour éviter que l'ADQ vote en bloc contre le budget.
En lieu et place de cette rencontre de la dernière chance, M. Dumont a préféré une visite à Montréal. C'était son choix, mais ce qu'un tel comportement nous apprend, c'est que le chef de l'opposition n'a désormais plus qu'une seule préoccupation en tête: celle de devenir calife à la place du calife, le plus vite possible. Une ambition légitime, là encore, mais qui ne justifie pas son absence des discussions de cette semaine destinées à éviter de replonger le Québec en campagne électorale trois mois seulement après les dernières élections.
La crise a été résolue sans l'ADQ, tant pis. Mais le jour où l'un de ses représentants voudra nous refaire la chanson des amoureux inséparables que seraient devenus le PLQ et le PQ, il faudra lui rappeler qu'en se tenant à l'écart dans l'attente d'élections précipitées, l'opposition officielle a prouvé cette semaine qu'on pouvait être très vieux jeu même maquillé en jeune premier.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé