Le véritable enjeu

Par Guy Glorieux

Québec 2007 - le facteur «Canada»

La décision du gouvernement de M. Stephen Harper de déposer un budget une semaine avant les élections québécoises constitue une ingérence inacceptable dans le processus électoral.

Certes, le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, peut se retrancher derrière le fait que la date des élections n'était pas connue lorsqu'il a annoncé le dépôt de son prochain budget. Il reste que ni le ministre des Finances ni le premier ministre ne peuvent réellement prétendre être si mal informés des événements au Québec qu'ils auraient devancé la date du budget fédéral sans savoir pertinemment que ce budget tomberait alors au moment le plus critique de la campagne électorale québécoise. Cette ingérence est d'autant plus inacceptable qu'elle influe directement sur la capacité des partis en présence de présenter à l'électorat un programme crédible de dépenses publiques.
Influence sur le vote
La stratégie du gouvernement Harper est habile. Elle permet de laisser sous le feu des projecteurs l'aura d'un document fédéral qui traitera, du moins est-on en droit de le croire, d'un sujet au coeur même des préoccupations des Québécois. Un document susceptible de faire basculer le vote en faveur d'un parti ou d'un autre.
Mais comme chacun ignore le contenu du document, nul ne peut l'exploiter utilement durant la campagne et toute discussion publique sur le thème du déséquilibre fiscal se voit par le fait même reléguée au second plan.
Par contre, ce document peut être modifié en tout temps par le gouvernement fédéral pour devenir soit une corne d'abondance, soit un cadeau empoisonné, selon que les électeurs semblent ou non s'orienter vers le choix d'un gouvernement indépendantiste.
Il n'y a pourtant rien de bien nouveau dans tout cela. Depuis les camions de la Brinks jusqu'au grand rallye «On vous aime» financé à même les taxes du Québec, les électeurs ont pris l'habitude de voir le fédéral s'impliquer vigoureusement dans leurs choix démocratiques.
Il s'agit encore une fois d'établir si l'ingérence d'un autre gouvernement dans l'exercice de la démocratie québécoise est acceptable ou non. C'est là le véritable enjeu des élections et, tant que cela restera en suspens, le reste est plutôt secondaire. Il faut donc s'étonner du silence qui continue d'envelopper le sujet.
La balle est dans le camp du Québec. Devant l'ingérence fédérale, le Bloc québécois n'a d'autre choix, s'il veut garder sa capacité d'agir et de représenter utilement les intérêts du Québec à Ottawa, que de quitter la Chambre avant le dépôt du budget et de refuser de commenter ce document ou même de voter à son sujet. Parce qu'en l'acceptant, le Bloc accepterait ce qui constitue un manquement grave aux règles de la démocratie.
Quant aux électeurs, c'est dans l'isoloir qu'ils pourront finalement faire savoir leur opinion sur le sujet.
Guy Glorieux, Montréa


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