Le rose ou le rouge?

Le Québec et la crise



(Québec) L'opposition a raison. La séance extraordinaire sur l'économie qui s'est déroulée hier à l'Assemblée nationale s'est avérée un exercice de relations publiques de la part du gouvernement libéral. C'était prévisible. Ce qui l'était aussi, c'est la surenchère de l'opposition qui s'inquiète néanmoins de voir les finances du Québec retomber dans le rouge.
La situation est présentement délicate pour tous les gouvernements. Ils doivent mettre en place des mesures pour freiner le ralentissement économique et préparer la relance, tout en évitant de replonger dans l'ère des déficits.
La tâche est d'autant plus ardue pour les dirigeants qu'ils doivent trouver le ton juste lorsqu'ils s'adressent à la population. S'ils sont trop optimistes, ils sont accusés de porter des lunettes roses, de nier que la crise financière et économique qui a gravement frappé les États-Unis et l'Europe finira par avoir chez eux de lourds effets. Par contre, s'ils voient l'avenir trop sombre, ils contribuent par leur attitude à la perte de confiance des consommateurs et des investisseurs, donc, ils nuisent à leur économie.
Le gouvernement Charest et sa ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, sont-ils trop optimistes et économes? Leur approche des petits pas est-elle appropriée pour le Québec, dont le taux de chômage a grimpé de 7,1 à 7,3 % en décembre?
Il était utopique de penser que la ministre sortirait hier de nouvelles mesures de sa sacoche. Les libéraux ont présenté leur plan d'action économique le 4 novembre dernier et durant la campagne électorale. La séance extraordinaire de cette semaine n'avait comme objectif que de justifier le déclenchement hâtif des élections. C'est indéniable. La manoeuvre des libéraux est regrettable en cette période d'incertitude économique. Il est aussi regrettable que le gouvernement ne donne pas l'heure juste sur les déficits anticipés.
Sur le fond, les mesures annoncées jusqu'à maintenant par les libéraux vont cependant dans le bon sens. Elles visent les entreprises qui peuvent traverser les turbulences économiques, les ménages, les assistés sociaux, les régimes de retraite. En plus de stimuler l'économie, les travaux d'infrastructures privilégiés par Québec permettront de combler les lacunes passées.
Les mesures libérales sont aussi prudentes. Mme Jérôme-Forget ne jette pas l'argent par les fenêtres sous prétexte que la crise économique menace. La parcimonie est de rigueur lorsque les finances publiques sont précaires. Il faut établir des priorités. Aider les plus démunis et les chômeurs. Soutenir les entreprises pour que les emplois soient préservés et d'autres créés. Investir les fonds publics dans les secteurs d'avenir et non dans les canards boiteux. Le principal reproche à formuler aux libéraux est de ne pas investir davantage dans la formation des travailleurs.
À écouter hier l'opposition péquiste et adéquiste, on pouvait croire que le rôle de l'État est de payer les rénovations résidentielles de tout le monde et de porter assistance à tous, même ceux qui ne seront jamais touchés par la crise. Pour mettre en place des mesures d'aide et de relance économique, le gouvernement a aussi besoin de revenus. Ce n'est pas le temps de geler tous les tarifs comme le proposait hier le député péquiste Nicolas Girard, mais bien, de cibler les personnes qui ont de la difficulté à assumer les hausses.
Il faut aussi reconnaître que le Québec est dépendant de ce qui se fera à Ottawa et à Washington au cours des prochaines semaines. Ce n'est pas faire preuve d'attentisme d'en tenir compte avant d'engager d'autres millions de dollars de fonds publics, mais bien d'être réaliste.
En mars, au moment du dépôt du budget, il ne sera pas trop tard pour faire davantage si la situation économique le commande, et si le Québec a les moyens d'aller plus loin.


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