Sylvain Larocque - Prévoyant que la reprise sera lente aux États-Unis, la Caisse de dépôt et placement du Québec conseille aux entreprises en expansion de miser plutôt sur le reste du monde, et elle modifiera bientôt ses pratiques pour leur donner un coup de pouce supplémentaire sur ce plan.
Normand Provost, chef des opérations et premier vice-président aux placements privés de la Caisse, a indiqué jeudi que l'institution allait annoncer, d'ici la fin de l'année, des changements importants aux services qu'elle offre aux entreprises québécoises de taille moyenne.
«Nous sommes déterminés à redoubler d'efforts pour bien appuyer les moyennes entreprises les plus performantes et les plus prometteuses, et relever avec elles les défis de la productivité et de l'expansion de leurs activités à l'international», a déclaré M. Provost dans un discours prononcé au 50e au congrès de l'Association des professionnels en développement économique du Québec (APDEQ), à Laval.
Le contexte économique mondial a profondément changé au cours de la dernière année et la Caisse promet de s'y ajuster rapidement. Après la croissance effrénée que la planète a connue entre 2003 et 2008, il faut s'attendre à quelques années de progression anémique, a prévenu Normand Provost.
«Je n'avais jamais vu autant d'argent de toute ma carrière», a-t-il relaté à propos de la période qui a pris fin avec la crise financière de l'automne dernier.
Pour l'avenir prévisible, plusieurs «nuages» resteront dans le ciel, selon lui: faible croissance aux États-Unis, force du dollar canadien et pressions sur les marges bénéficiaires.
«L'environnement demeurera fort différent de celui des dernières années», a estimé M. Provost.
Les entreprises devront donc adapter leurs modèles d'affaires et se tourner de plus en plus vers le reste du monde pour croître. La Caisse croit qu'elle peut les y aider.
L'institution veut notamment mettre son réseau et son expérience dans les transactions internationales à la disposition des entreprises qui veulent se développer en Europe, en Asie ou en Amérique latine.
«Le rôle de la Caisse, ce n'est pas seulement de faire des chèques, mais aussi de partager son réseau et ses connaissances», a lancé Normand Provost.
Le dirigeant a donné l'exemple du fabricant d'équipement industriel GLV (TSX:GLV.B), qui a récemment annoncé son intention d'acquérir, pour 153 millions $, une entreprise autrichienne spécialisée dans le traitement des eaux. La Caisse, qui prévoit investir 39,8 millions $ dans la transaction, a permis à GLV de boucler son financement en dix jours, comme l'exigeaient les autorités réglementaires européennes.
Au plan du financement, la Caisse songe à offrir des prêts en devises étrangères afin de faciliter les investissements internationaux des entreprises québécoises. Des titres de dette libellés en monnaie locale permettent aux compagnies de mieux gérer leurs risques de change.
À l'intention des petites entreprises, la Caisse et la Banque de développement du Canada annonceront sous peu des changements au Fonds AlterInvest, qui offre des prêts subordonnés et du financement par capital-actions. Jusqu'ici, 161 entreprises se sont partagé plus de 200 millions $. La Caisse souhaite également améliorer son programme d'aide à la relève entrepreneuriale.
«Corriger les perceptions»
D'autre part, en dépit des nombreuses critiques formulées au cours des derniers mois au sujet de la baisse relative des investissements de la Caisse au Québec, l'institution n'a pas l'intention de se fixer des objectifs précis à cet égard.
Pas question, donc, d'augmenter radicalement la proportion des placements au Québec. La Caisse prend ses décisions d'investissement en fonction de deux grands principes: le rendement financier et la possibilité d'apporter une «valeur ajoutée» par rapport à d'autres investisseurs, a souligné Normand Provost.
«On ne peut pas être partout, a-t-il dit. (...) On n'est pas un joueur de volume, mais de créneaux. (...) La Caisse ne joue pas son rôle si elle arrache des transactions à d'autres institutions financières québécoises.»
Le dirigeant a néanmoins reconnu que la Caisse devait «corriger les perceptions» quant au rôle réel qu'elle joue dans l'économie québécoise. Il a ainsi fait remarquer que les investissements de l'institution sont souvent invisibles.
Au 31 décembre 2008, la Caisse détenait des placements d'une valeur totale de 33,4 milliards $ au Québec, soit 18 pour cent de l'actif total de 186,9 milliards $. Cette proportion a continuellement baissé au fil des ans, même si la Caisse continue d'investir proportionnellement plus au Québec que dans le reste du Canada.
L'institution a tout de même engagé, au cours des derniers mois, la moitié de son enveloppe de 1,5 milliard $ destinée à appuyer les entreprises québécoises face à la crise financière mondiale. La Caisse a notamment consenti des prêts totalisant 400 millions $ à quatre grandes entreprises: Bombardier (T.BBD.B), le Groupe Pages Jaunes (T.YLO.UN), Transcontinental (T.TCL.A) et Bombardier Produits Récréatifs. La demande de financement a cependant été moins forte que prévu, a affirmé M. Provost, en pressant les entreprises d'agir.
Dans le but de se rapprocher des PME québécoises, la Caisse a annoncé jeudi la tenue, en partenariat avec l'APDEQ, de trois colloques qui réuniront des chefs d'entreprises, des experts en développement économique et des représentants de l'institution. Ils se tiendront en novembre à Montréal, Québec et Saint-Georges.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé