Discours du Trône Harper réitère les priorités de son gouvernement:

LE QUÉBEC EN TÊTE DE LISTE

2006 textes seuls

Bellavance, Joël-Denis; Toupin, Gilles
Ottawa - Le premier ministre Stephen Harper met le Québec au coeur des grandes préoccupations de son nouveau gouvernement. Le but: former un gouvernement majoritaire aux prochaines élections en récoltant plus de sièges au Québec.
Dans un discours du Trône limpide et concis, lu par la gouverneure générale, Michaëlle Jean, dans l'enceinte du Sénat, M. Harper a particulièrement insisté hier sur sa volonté d'adopter une nouvelle approche face au Québec et aux provinces, ce qu'il a qualifié de " fédéralisme d'ouverture ".
Le premier ministre s'est engagé à reconnaître " à un Québec fort et dynamique une place unique au sein d'un Canada uni ". Il a promis de travailler avec le gouvernement de l'Assemblée nationale " dans un esprit de respect mutuel et de collaboration afin de favoriser les aspirations des Québécois et des Québécoises ".
Nulle part ailleurs dans le discours du Trône, le gouvernement a nommément mentionné une autre province que le Québec. Il a également réitéré son engagement à reconnaître les responsabilités culturelles " particulières " du Québec et à inviter ce dernier à parler de sa propre voix à l'UNESCO lorsqu'il s'agit de dossiers liés à ses champs de compétence, tels la culture et l'éducation.
De plus, comme l'a souligné hier le ministre des Affaires intergouvernementales du Québec, Benoît Pelletier, M. Harper a reconnu " officiellement " pour la première fois le problème du déséquilibre fiscal entre Ottawa et les provinces. " C'est majeur ", a dit M. Pelletier qui a également qualifié d'" historique " le rôle que le Québec sera appelé à jouer sur la scène internationale.
Le lieutenant politique de Stephen Harper au Québec et ministre des Transports, Lawrence Cannon, a d'ailleurs indiqué à La Presse que la priorité du gouvernement au cours des prochains mois sera de rétablir la réputation du fédéralisme auprès des Québécois.
" La réputation du gouvernement fédéral a été ternie aux yeux des Canadiens, en particulier aux yeux des Québécois (à cause du scandale des commandites). Il est extrêmement important pour nous de rétablir le lien de confiance avec les Québécois ", a-t-il dit.
L'opposition acquiesce
Habilement rédigé, le discours du Trône de 12 pages, orné d'une jaquette bleue et intitulé Une nouvelle feuille de route, a semblé a priori " acceptable " hier aux trois partis de l'opposition aux Communes. Résultat: le document devrait être adopté sans heurt au cours des prochaines semaines, ce qui constituera une première victoire importante pour le gouvernement minoritaire de Stephen Harper.
Dans ce contexte, les conservateurs ont promis hier, noir sur blanc, de travailler de concert avec l'opposition " pour changer les choses dans un Parlement minoritaire ".
En énonçant ainsi ses intentions, le gouvernement Harper n'a pris personne au dépourvu. Il a simplement réitéré les cinq priorités mises de l'avant au cours de la dernière campagne électorale.
Ainsi, il entend déposer dès le mardi 11 avril un projet de loi sur la responsabilité pour améliorer les moeurs politiques, passablement érodées par les libéraux fédéraux et leur scandale des commandites. Ce scandale, selon le gouvernement Harper, a ébranlé " la foi des Canadiens dans les institutions et les pratiques du gouvernement ". Le projet de loi interdira les contributions financières des entreprises et des syndicats aux partis politiques et ramènera de 5000 $ à 1000 $ les dons des individus. Il accordera plus de pouvoir à la vérificatrice générale et fournira une protection aux dénonciateurs d'abus au sein de la fonction publique.
Le gouvernement Harper a fait part ensuite de sa volonté de réduire le fardeau fiscal des contribuables. Dans son premier budget, prévu à la fin du mois, il veut diminuer d'un point de pourcentage la taxe sur les produits et services (TPS) pour la faire passer de 7 % à 6 %. Ultérieurement, le gouvernement conservateur fixera cette TPS à 5 %.
" Réduire la TPS est le meilleur moyen d'accorder une baisse d'impôt à l'ensemble de la population, y compris les Canadiens à faible revenu qui en ont le plus besoin ", souligne le discours.
Criminalité
En ce qui concerne la lutte contre la criminalité, le gouvernement Harper a renouvelé son intention de modifier le Code criminel afin d'alourdir les peines pour les délinquants violents et les récidivistes. Il entend aussi augmenter la présence policière partout au pays et renforcer la sécurité aux frontières.
La famille est également au centre du projet politique des conservateurs. Le gouvernement Harper entend aller de l'avant avec son allocation de garde de 1200 $ par enfant de moins de 6 ans à partir du 1er juillet. Il mettra donc la hache dans le programme national de garderies de cinq milliards de l'ancien gouvernement au plus tard le 31 mars 2007.
En matière de soins de santé, le gouvernement promet de travailler avec les provinces pour formuler une garantie sur les délais d'attente pour les services essentiels.
Dans le domaine des affaires étrangères, le gouvernement Harper affirme qu'il est hors de question de remettre en cause la mission canadienne " vitale " en Afghanistan. Il compte aussi oeuvrer à l'amélioration des relations canado-américaines.
Voulant clairement se démarquer de l'ancien gouvernement libéral de Paul Martin, M. Harper a insisté sur la nécessité d'avoir des objectifs " clairs et ciblés ". " Le gouvernement n'essaiera pas de tout faire à la fois ", a-t-il précisé.
Mais le gouvernement annonce tout de même son intention d'examiner " en profondeur " trois lois: la Loi canadienne sur la protection de l'environnement, la loi antiterroriste et la Loi sur les banques. Il confirme aussi qu'il présentera des excuses formelles aux immigrants chinois qui ont payé jadis une taxe d'entrée inique.
Enfin, même s'il s'oppose au protocole de Kyoto, M. Harper a promis " des mesures concrètes " pour réduire la pollution et les émissions de gaz à effet de serre.


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