Le Québec a toujours une place sur les scènes du monde - Petite planète, quels espoirs?

Le Québec économique



Lester B. Pearson avait donné sa marque de commerce au Canada: une politique non militariste qu'illustraient partout les Casques bleus de la paix. Stephen Harper a transformé la donne. À la même époque, s'appuyant sur la doctrine Gérin-Lajoie, le Québec rêvait grand. Que reste-t-il aujourd'hui de ce temps d'espérance?
Le verdict est tombé lors de la grande rencontre culturelle de novembre: à laisser les choses aller comme elles vont, Montréal ne pourra plus prétendre être une ville marquante sur la scène culturelle internationale. Déjà, à la vitesse où les investissements ont cours dans la métropole ontarienne, Toronto, qui s'appuie sur un spectaculaire festival du film, pointe joyeusement son nez dans le paysage de l'outre-49e parallèle.
Pour un autre domaine, un de ceux qui justifient normalement qu'économistes et politiques accumulent les déclarations alarmistes, il y a eu presque silence: la balance dans le dossier importation-exportation du Québec bascule du côté négatif. Il faut dire que «ces gens-là» ne peuvent dénoncer une telle situation sans avoir à y apporter un correctif. Si la hausse du dollar fait le bonheur des frontaliers, qui peuvent finalement acheter ce qu'ils veulent sur le territoire américain, elle empêche cependant une industrie du bois de déverser ses meubles et planches au sud tout comme elle impose une réorganisation de toute production, au même moment où les Desjardins de ce monde dénoncent les abus qui ont eu cours dans un passé récent.
Et, contrairement à ce qui a eu lieu pendant les 40 dernières années, sur la scène internationale le Québec n'a jamais été aussi «canadien»: pas de hauts cris donc pour assumer un statut autre que celui qui place la «province» au même niveau que le Nouveau-Brunswick, voire le Manitoba, dans le cadre des activités de la Francophonie.
Avenir immédiat
Si 2008 laisse entrevoir la possibilité d'un coup d'éclat pour le Québec, c'est dans sa capitale qu'il se produirait: rares sont les villes qui ont conservé en leur enceinte des monuments de leur histoire, et ce sur 400 ans. Et la Francophonie, la française à tout le moins, débarquera dans la ville de Champlain, pour un sommet, pour une rencontre, pour des «entretiens», les mondes culturel et sportif s'y inscrivant aussi avec quelques manifestations de leur cru.
Pour le reste, on souhaite que Quebecor se dépêtre de ses difficultés, que Bombardier réussisse ses divers atterrissages et que les PME, louangées par les Allemands de Bavière, trouvent encore moyen d'étonner par leur ingéniosité. Que les universités se sortent du carcan financier qui les limite, et déjà on sourirait plus.
Pour le reste, on planifie: des agrandissements de musées, un Quartier des spectacles pour Montréal, le retour des festivals de toute nature et les activités courantes, que ce soit dans le monde des logiciels, des représentations locales venues de l'international et, qui sait, le retour de LA coupe au hockey!
Présences réelles
Le Québec a toutefois des ambassadeurs. Fréquemment, on nous rapporte ainsi les succès obtenus sur les scènes du monde par les diverses compagnies de danse, un jour Chouinard, un autre Lock, à moins que ce ne soit l'itinérant Paul-André Fortier ou l'agressif Saint-Pierre qui fassent parler d'eux. Dans le monde du jeu et de la parole, c'est maintenant au tour des Lepage, ou d'un transfuge comme Mouawad, d'être présentés comme porte-étendard d'une culture québécoise, à moins que ce ne soit un François Girard qui signe une mise en scène ou les gens du théâtre jeunesse qui transposent une création d'ici. En fait, il suffit de faire le tour des disciplines artistiques pour constater qu'à la petit semaine il y a toujours un peu de Québec sur les scènes de notre planète.
Le monde qui compte, celui qui «compte», retiendra cependant les investissements et les revenus engendrés par des «poids lourds», quand le Cirque du Soleil annonce un autre spectacle de longue durée dans une des grandes villes du monde, ou quand Céline lance un nouvel album ou quitte Las Vegas au profit d'une autre tournée. À la reconnaissance d'estime et aux simples cachets de scène sont alors opposés les millions, voire le milliard, générés par ces ténors de l'industrie culturelle.
Secteurs forts
Les gens d'affaires insisteront cependant pour rappeler qu'il n'y a pas que l'art dans la vie. D'accord pour qu'un Nagano rejoigne un orchestre, mais cela ne peut faire mettre de côté des données brutes. Le Québec n'est-il pas la sixième puissance aérospatiale au monde? Ne cède-t-il pas qu'à New York la première place en Amérique en nombre de sièges sociaux internationaux? Les firmes-conseils en hydroélectricité et en divers systèmes de constructions lourdes ne sillonnent-elles pas la planète? Et que dire de la place du Québec dans l'univers des hautes technologies, des sciences de la vie, en informatique et autres secteurs de pointe?
Dans un monde «mondialisé», il est vrai qu'il faut avoir une «signature» pour attirer sur soi l'intérêt des autres: ce que les réalisations passées accordent. Mais celle-ci peut vite perdre de sa qualité. Si Montréal, et le Québec dans son ensemble, veut ainsi redevenir une «terre des hommes», il devra témoigner de sa capacité d'accueil, devant alors s'accommoder à la réalité et aux besoins des autres sans pour autant sacrifier pour quelques dollars des richesses ou perdre tout contrôle sur des entreprises de pointe: hier l'Alcan et d'autres, et demain qui ou quoi? Pour s'opposer au nationalisme étroit, il y a d'autres options que le laisser-faire des marchés, ou le laisser-entendre des pensées.
En fait le temps des rencontres, si plurilatérales soient-elles, devrait maintenant céder la place à une ère de réalisations notables pour qu'enfin l'espoir en un Québec vivant dans un monde pluriel renaisse.


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