Le progrès par la métamorphose

Laïcité — débat québécois

Je me réfère au texte de [M. Gilles Néron publié dans Le Soleil/Cyberpresse (15 avril)->19239] au sujet de ce qu'il appelle la superstititon religieuse.
Je ne pose qu'une seule question à l'auteur de ce texte. Elle est épistémologique. Où dans son texte, l'auteur fait-il un effort pour discerner entre opinion et certitude? «Respecter l'opinion des autres», c'est bien et on en conviendra. Par contre, l'opinion a été et demeure la forme la plus basse de la connaissance, par opposition à la certitude qui en est la forme la plus élevée et la plus opérative. Sans certitude, on ne peut communiquer effectivement les uns avec les autres, ni agir avec rigueur et pertinence.
Voyez, en dépit de tout ce qui a échoué et a mal tourné, les progrès qui se sont accomplis dans le monde, monsieur Néron. Puisque de tels accomplissements existent, que nous en profitons tous et allons en profiter davantage, c'est parce qu'il y a eu des certitudes et partant, la connaissance de principes qui sont les mêmes pour tous, sans lesquels aucune communication opérative et profitable n'est possible.
Or, le principe est inorganique et sans la connaissance des principes, on ne peut organiser le monde. Le verbe organiser se rapporte à l'univers organique. Organiser est relationnel, donc dépend d'une réflexion qui transcende l'organique.
La certitude est complètement dans le discernement et le discernement est un exercice intellectuel exigeant. Il ne vient pas sans efforts et peut demander une vie entière avant d'y arriver.
Le plus difficile et le plus exigeant de tous les discernements concerne la différence entre l'univers organique, ou univers concret et causal, celui de la science, par opposition à l'univers inorganique, celui de la relation, qui échappe à la raison discursive. Il importe pour agir de discerner de manière rigoureuse entre l'univers rationnel et l'univers relationnel. Ce dernier est libre et insaississable. On ne peut y accéder qu'au terme d'une laborieuse spéculation sur l'existence comme telle, qui est relation en acte et en puissance.
Les trois disciplines de base requises pour en facilier l'accès sont l'épistémologie, l'ontologie et la logique discursive. Ces disciplines fournissent les outils essentiels pour relier l'univers inorganique à l'univers organique. Absolument, il faut discerner entre le rationnel et le relationnel, le tangible et l'intangible, afin d'organiser convenablement toutes choses.
À défaut de posséder de telles disciplines à fond, les sciences ne peuvent accomplir aucun progrès.
La religion non plus ne peut progresser sans discernement et, par conséquent, sans une philosophie rigoureuse, fondée sur l'usage, le «mulititudinis usus» des Latins, qui consiste à emprunter à la fin le moyen d'y parvenir. C'est par ce moyen qu'on accède aux universaux, que tentent de discréditer les philosophies positivistes, structuralistes et néo-structuralistes, génératrices d'idéologies totalitaires.
Sans universaux, aucune communication n'est possible. Plus le propos est universel, plus la communication sera étendue.
Le réalisme du principe de finalité a fait ses preuves en religion puisque, malgré les erreurs commises, il y a eu un véritable progrès, qui s'est traduit par une métamorphose de la vie individuelle et organisée, et qui continue de progresser. Malgré tout ce qui va mal, le bien l'emporte, par la gratuité et la générosité d'une minorité de gens attentifs et capables de présence. Mais la fin n'est pas encore arrivée. Il y a du chemin et du travail à faire.
La superstition ne peut accomplir un tel progrès continu à travers les millénaire. Si la religion est aussi superstifieuse que vous le décriez, il n'y aurait eu aucun progrès nulle part dans le monde. Celà se vérifie chez les sociétés primitives.

René Marcel Sauvé, géographe
Montréal

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René Marcel Sauvé217 articles

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J. René Marcel Sauvé, géographe spécialisé en géopolitique et en polémologie, a fait ses études de base à l’institut de géographie de l’Université de Montréal. En même temps, il entreprit dans l’armée canadienne une carrière de 28 ans qui le conduisit en Europe, en Afrique occidentale et au Moyen-Orient. Poursuivant études et carrière, il s’inscrivit au département d’histoire de l’Université de Londres et fit des études au Collège Métropolitain de Saint-Albans. Il fréquenta aussi l’Université de Vienne et le Geschwitzer Scholl Institut Für Politische Wissenschaft à Munich. Il est l'auteur de [{Géopolitique et avenir du Québec et Québec, carrefour des empires}->http://www.quebeclibre.net/spip.php?article248].





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