Le prof Cornett ignore toujours pourquoi il n'enseigne plus

L'affaire Cornett à McGill

Le nébuleux dossier du chargé de cours Norman Cornett de l'université McGill ne s'éclaircit pas malgré une lettre de l'institution publiée aujourd'hui dans nos pages et une première entrevue accordée au Devoir par le principal intéressé.
«J'attends toujours une explication pour cette situation», dit au téléphone Norman Cornett, qui enseignait à la faculté des sciences religieuses jusqu'au non-renouvellement de son contrat, le 31 mai dernier. «L'université ne souffle pas un mot. On m'a demandé de vider les lieux à tout jamais et depuis on ne répond pas à mes demandes d'explication.»
«Sans verser dans les réponses à des rumeurs ou des ouï-dire, la direction de l'université a complètement revu l'application des règles en vigueur dans le cas précis du Dr Cornett, dit la lettre signée par le vice-principal exécutif. Aucune irrégularité n'est apparue à l'analyse attentive du processus suivi.» Il a ensuite été impossible d'obtenir officiellement plus de détails sur la position institutionnelle.
L'historien Norman Cornett a enseigné à McGill pendant environ 13 ans, sans obtenir de permanence. Auteur d'une thèse sur Lionel Groulx, spécialiste de l'histoire du nationalisme, le «sessional lecturer» offrait des «sessions dialogiques» très courues dans lesquelles les étudiants étaient appelé à rencontrer des personnalités en vue de l'actualité canadienne et internationale. Il a par exemple reçu les ex-premiers ministres Paul Martin, Lucien Bouchard et Jacques Parizeau. Une pétition en sa faveur circule sur Internet.
Avant-hier, quatre bonzes de trois universités montréalaises, dont le professeur Julius Grey de McGill, cosignaient dans nos pages une première lettre assimilant le «limogeage» du Dr Cornett à de la «censure». La lettre relayait des rumeurs voulant que l'enseignant ait écopé pour avoir encouragé des débats sur des sujets controversés, dont le refus de soldats israéliens de faire leur service dans les territoires occupés.
«C'est une situation très inhabituelle, disait avant-hier, en entrevue, le professeur Yakov Rabkin, historien de l'Université de Montréal, cosignataire de la lettre d'appui au chômeur malgré lui. «Toutes sortes d'hypothèses circulent pour l'expliquer. Le secret n'est pas acceptable dans les circonstances. Il fait plus de mal que de bien.»
M. Cornett affirme avoir demandé des explications à trois reprises, sans succès. Ses deux dernières lettres recommandées n'auraient même pas été ouvertes. Comme MM. Rabkin et Grey, il en appelle à des questions fondamentales. «On entre finalement dans le champs des principes premiers, dit-il, des principes éthiques, moraux, intellectuels. On touche à la question de la liberté académique.»


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