Jean-François Lisée avait l’air d’un homme qui venait de gagner à la loterie quand il s’est présenté devant la presse entouré des quatre députés péquistes qui ont décidé de lui donner leur appui.
Ce sont cependant les nouvelles bourdes du gouvernement Couillard qui ont apporté le plus d’eau à son moulin. À l’issue d’une autre semaine marquée par une rare indifférence à toute considération d’ordre éthique, bien des péquistes doivent commencer à penser qu’il devient en effet plus urgent de chasser les libéraux que de tenir un référendum.
Depuis l’annonce de la vente de Rona à des intérêts américains, qu’elle avait présentée comme une bonne nouvelle, on sait que le jugement politique n’est pas la qualité première de la ministre de l’Économie, Dominique Anglade. Entendre le premier ministre Couillard cautionner lui aussi l’embauche d’un recherchiste de la CAQ surpris à voler des documents confidentiels, qu’il destinait vraisemblablement à son nouvel employeur, dépassait cependant l’entendement. Sa volte-face tardive a simplement démontré que ses réflexes sont aussi lents que sa morale est déficiente.
Apparemment, il est devenu tout à fait normal que l’entreprise dont l’employé d’un ministre est devenu président sollicite — et obtienne éventuellement — une subvention de 3 millions de ce même ministère, même si cet employé a été promu entre-temps conseiller spécial du ministre. La caution du commissaire à l’éthique serait plus rassurante si son indulgence n’était pas aussi légendaire.
Mettez-vous à la place des libéraux : après des années de magouille qui les ont forcés à former une commission d’enquête sur la corruption, ils n’ont été sanctionnés que par un bref séjour dans l’opposition avant de retrouver une confortable majorité à l’Assemblée nationale. Rien pour renforcer la vertu.
Jean-François Lisée n’est pas le seul à être arrivé à la conclusion que la seule façon de leur imposer la cure éthique qu’ils méritent est de les priver de l’épouvantail référendaire qui devient leur argument ultime à chaque campagne électorale et qui les dispense de rendre des comptes. Le dernier arrivé dans la course, Paul St-Pierre Plamondon, est aussi de cet avis, et il est bien possible, voire probable, qu’Alexandre Cloutier finisse par s’y ranger d’ici les élections d’octobre 2018, même s’il ne dévoilera officiellement ses intentions que six mois avant. Seule Martine Ouellet exclut toute possibilité d’un report du référendum.
Mme Ouellet a raison sur un point : même une promesse formelle de ne pas tenir de référendum n’empêchera pas les libéraux d’évoquer le spectre de l’indépendance, surtout si le PQ s’engage à la promouvoir de façon active. Les militants péquistes sont-ils prêts à tout mettre entre parenthèses pour battre les libéraux ?
M. Lisée est très clair sur ce point : non seulement il n’y aura pas de référendum avant 2022, mais il n’y aura aucune démarche souverainiste durant un premier mandat et les fonds publics ne seront pas utilisés pour faire la promotion de l’indépendance.
De passage au Devoir vendredi, M. Cloutier a laissé entrevoir un premier mandat qui, à défaut de référendum, réserverait des relations fédérales-provinciales passablement houleuses. D’entrée de jeu, le Québec se retirerait du Conseil de la fédération, dont le gouvernement Charest avait été l’instigateur, et n’entretiendrait que des relations bilatérales avec Ottawa. Le moins qu’on puisse dire est que cela créerait un certain froid.
> Lire la suite de l'article sur Le Devoir
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé