En ce début d’été, période où la vie politique s’interrompt pour laisser place à la vie tout court, le temps est propice à faire du remplissage en abordant des sujets moins pressants ou moins importants. Permettez-moi donc de traiter de ce sujet passionnant entre mille : la question du Sénat.
Dernièrement, le sujet s’est invité sur le devant de la scène politique, notamment via les dépenses plus ou moins opportunes de certains sénateurs, mais aussi par l’expression par Thomas Mulcair de sa volonté d’abolir le Sénat, et par celle de Philippe Couillard de s’opposer à son abolition.
Je me doute que pour l’indépendantiste moyen, le Sénat est essentiellement un problème de fédéraliste qui ne l’intéresse guère. Cependant, étant donné qu’on peut présumer que le sujet reviendra sur le tapis à la faveur de la campagne électorale fédérale, je suis d’avis qu’au retour des vacances, le PQ et le Bloc devraient se prononcer en faveur de son abolition, pour les raisons suivantes :
1) Ce sujet est susceptible de favoriser encore plus la polarisation constitutionnelle, ce qui embêtera François Legault une fois de plus.
2) Le fait de s’opposer à sa position provoquera sans doute également Philippe Couillard; nul doute qu’il prétendra que les indépendantistes ne défendent pas les intérêts du Québec, car supposément, les sièges québécois au Sénat atténueraient mystérieusement la perte d’influence du Québec à la Chambre des communes due à l’évolution démographique. L’occasion sera alors excellente de mettre au défi cet homme apparemment féru d’histoire de nommer une seule occasion où les sénateurs ont défendu les intérêts du Québec lorsque les députés fédéraux ne l’ont pas fait. On pourrait dire à Philippe Couillard qu’il aurait là une bonne occasion de citer un cas récent ou le Canada et le Québec se sont bien entendus, lui qui n’a pu citer rien de plus récent que les ministères LaFontaine-Baldwin et Cartier-MacDonald comme exemple de bonne entente.
3) Puisqu’on parle d’histoire, on pourrait répéter encore une fois, par exemple, qu’en 1981, 74 des 75 députés fédéraux du Québec ont appuyé la nouvelle loi constitutionnelle contre l’avis de l’Assemblée nationale, et que les sénateurs québécois n’ont rien fait pour l’empêcher eux non plus. Et on pourrait en profiter pour faire valoir que, peu importe que le Québec ait 17%, 20%, 23% ou 27% des sièges, la différence est insignifiante, de toute façon, le Québec est fortement minoritaire, et les députés et sénateurs fédéralistes ne défendent pas ses intérêts mais ceux de leurs partis respectifs, et que le mieux pour le Québec est d’avoir 100% des parlementaires dans toutes les sphères de juridiction.
4) On pourrait également en profiter pour dire que le Sénat n’est qu’une planque pour fédéralistes corrompus en fin de carrière, que c’est peut-être la véritable raison pour laquelle Philippe Couillard s’oppose à son abolition, et insinuer du même coup qu’il pourrait peut-être vouloir y faire nommer Arthur Porter pour services rendus lorsque ce dernier daignera revenir au pays subir son procès. Et donc, que le principal résultat de l’abolition du Sénat sera une économie de fonds publics.
5) Pour les indépendantistes, il y aurait cependant un avantage supplémentaire à l’abolition du Sénat : 24 adversaires fédéralistes de moins pour faire la promotion de l’unité canadienne et faire campagne contre le OUI le cas échéant.
6) Et si Philippe Couillard accorde trop d’importance au sujet, on pourra lui demander pourquoi il ne se concentre pas plutôt sur les « vraies affaires ».
Bien sûr, ce faisant, le PQ et le Bloc se trouveraient à partager la même position que le NPD. Mais entre s’opposer à Thomas Mulcair ou s’opposer à Philippe Couillard, la deuxième option me semble plus importante et plus utile pour l’avenir.
En conclusion, j’ai noté les avantages énumérés précédemment au fait de prendre position pour l’abolition du Sénat, mais aucun inconvénient sérieux. Et vous?
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