L’institut de recherche sur l’indépendance :

La moitié d’une bonne idée.

Tribune libre

L’idée avancée par PKP de créer un institut de recherche sur l’indépendance financé par des fonds privés me semble une moitié de bonne idée. Par parce que l’idée est 50% bonne et 50% mauvaise, mais parce qu’il lui manque un complément pour être vraiment excellente. Ce complément est un plan de communication et de diffusion. J’espère que cela figure aussi dans les plans de PKP.

D’abord, soulignons que le caractère privé d’un tel institut sera une bonne chose, en ce que les fédéralistes ne pourront rien dire contre son financement, alors qu’ils grimpent toujours sur leurs grands chevaux lorsqu’un minimum de fonds publics sert à faire la promotion de l’indépendance. Cela permettra aussi aux gens qui veulent contribuer à la cause indépendantiste de le faire à la hauteur de leur intérêt, alors que la contribution aux partis politiques est limitée à un montant relativement peu important par personne (quoique cette limite ne veuille sans doute pas dire grand-chose pour les libéraux). Je ne doute d’ailleurs pas que PKP lui-même ait l’intention d’y contribuer de manière significative.

Enfin, je ne m’y connais guère en la matière (quelqu’un qui s’y connaît pourrait peut-être nous éclairer à ce sujet), mais si le caractère privé de l’institut et son absence de financement public lui permettent de ne pas publier les dons qu’il reçoit, peut-être que plusieurs entrepreneurs et gens d’affaires riches mais qui n’osent pas se commettre publiquement en faveur de l’indépendance par crainte de représailles économiques pourraient devenir intéressés à contribuer.

Tout cela tombe d’ailleurs tellement sous le sens que la seule chose qui m’étonne vraiment à ce sujet est qu’un tel institut n’ait pas établi plus tôt. Si vous me permettez ce jeu de mots, il me semble que ça ne prenait pas la tête à Péladeau.

Cela dit, cet institut serait une sorte de « Fraser Institute » de l’indépendance, en ce sens que même si les études qu’ils publient sont effectuées par des experts crédibles, personne ne s’imaginera que cet institut est neutre. Cette perception de neutralité n’est nullement nécessaire de toute façon; pour reprendre l’exemple du Fraser Institute, le caractère très à droite de ce « think tank » n’empêche aucunement les études qu’il publie d’être reprises par les médias et discutées. Ce serait sans doute le cas de l’institut sur l’indépendance.

Alors, puisque l’institut ne jouirait de toute façon pas d’une perception de neutralité, et que ce n’est pas très important de toute façon, il faudrait en profiter pour qu’une partie des fonds soit consacrée à la recherche, et une autre, à une propagande efficace et soutenue. Les meilleures études ne servent à rien si elles ne sont pas publicisées. On dit qu’un mensonge répété ad nauseam devient une vérité. Les fédéralistes ont d’ailleurs très bien démontré cet axiome au sujet de la péréquation : personne n’en parlait il y a dix ou quinze ans, et soudainement, à un moment donné, on a propagé l’idée que le Québec vivait aux crochets de la fédération canadienne à cause de ce seul élément budgétaire. Ce qui est apparemment vrai pour un mensonge devrait l’être encore plus pour une vérité démontrable. Mais justement, les arguments pour l’indépendance, il faut les dire, et les répéter, et les répéter encore.

En conséquence, une fois l’institut créé et doté, et les études réalisées, il faudrait, chaque fois qu’une étude est prête, en faire une propagande au moins aussi intensive que le genre auquel on peut s’attendre venant du fédéral, et ce, pour toute la période d’ici l’élection provinciale. Car n’importe qui peut dépenser n’importe quoi en dehors des campagnes électorales. On pourrait par exemple faire des publicités télévisées professionnelles, des capsules de 2 ou 3 minutes, présentant chacune un argument, aux heures de grande écoute en soirée, ainsi qu’en fin de nuit.

D’ailleurs, la matière économique à étudier ne manque pas. J’imagine qu’on étudierait la question des comptes publics, comme l’a fait Stéphane Gobeil, mais plus en détail et sur une longue période, de manière à dégager des tendances et à éviter les singularités. J’espère qu’on utiliserait aussi l’angle d’attaque développé par M. Jean-Jacques Nantel dans ses vidéos, concernant notamment les redevances de toutes sortes qu’on pourrait exiger du Canada, et qu’on traiterait également de l’argumentation étayée par Jane Jacobs quant au caractère néfaste pour Montréal et pour le Québec de sa subordination économique à Toronto, et de l’utilité pour le Québec d’avoir éventuellement sa propre monnaie (chose que les Européens semblent commencer à comprendre à leurs dépens). N’étant pas un spécialiste, je suppose qu’il y a également beaucoup d’autres questions à considérer. Bref, il y a là sans doute, non seulement de quoi faire des études à temps plein, mais également de quoi faire une propagande économique de l’indépendance à temps plein.

Il serait en outre fort utile, selon moi, qu’une partie de la propagande cible des clientèles considérées plus réfractaires à l’indépendance. Ainsi, auprès des personnes du troisième âge, on pourrait faire valoir que l’argent récupéré permettrait de donner de meilleurs services de santé et d’assurer le paiement des pensions de vieillesse. Aux plus jeunes, on pourrait dire que les sommes générées auraient un impact positif sur l’emploi, sur leur future retraite, sur les services qu’ils reçoivent, et sur les causes qui leur tiennent à cœur. Aux gens de droite, on pourrait dire que, s’ils sont logiques avec eux-mêmes et qu’ils favorisent la création de richesse, ils doivent donc favoriser l’indépendance, car il en résultera un enrichissement collectif. (Il faudrait également pointer du doigt leur incohérence, eux qui prétendent vouloir que les Québécois se montrent responsables, tout en leur refusant de le devenir entièrement.) Auprès des immigrants, on pourrait utiliser l’argumentation de M. Nantel quant au fait qu’ils n’ont rien à gagner à appuyer les fédéralistes et la majorité anglophone s’ils veulent vivre au Québec. Enfin, aux Premières Nations, on pourrait faire valoir qu’ils ont une bonne occasion de négocier une amélioration notable de leur statut et de leurs conditions de vie en échange d’un appui à l’indépendance, et que, par ailleurs, l’indépendance du Québec pourrait de servir comme arme contre le Canada pour demander un statut semblable sous peine de donner une mauvaise image au Canada.

En conclusion, la propagande reliée à l’indépendance a toujours été surtout l’apanage des fédéralistes. Il est temps que cela change, et la création de cet institut de recherche constitue une occasion à ne pas rater.


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4 commentaires

  • Pierre Cloutier Répondre

    30 juillet 2015

    Excellent texte. Voir mon texte sur le sujet paru ici même sur Vigile cette semaine.
    Un petit bémol cependant concernant la "propagande" Voici ce que m'écrit - dans un français relatif - mon ami américain Robert Steele :
    - "Je suis troublé par l'utilisation du mot «propagande», si bien médiatisée, dans son mauvais usage, par Jacques Ellul. Je vous prie d'utiliser à la place le mot «éducation». Le centre de recherche doit produire des rapports basés sur des faits qui montrent le coût total réel (pas seulement économique, mais social, culturel, démographique et écologique) au Québec à la fois des solutions existantes et fédéralistes. Il est pour les citoyens - une fois instruits - de prendre la décision que la Cour suprême du Canada a dit est dans leur droit. Les forces externes utilisent la propagande. L'intégrité du Québec exige que l'éducation soit le fondement de l'avenir, pas de la propagande."
    Parlons d'éducation, d'information et de renseignement utile à la prise de décision. Parlons de vérité, d'intégrité, des coûts véritables de notre dépendance au Canada. Parlons de transparence et d'intelligence. Pas de propagande.

  • Archives de Vigile Répondre

    30 juillet 2015

    Je suis troublé par l'utilisation du mot «propagande», si bien médiatisée, dans son mauvais usage, par Jacques Ellul. Je vous prie d'utiliser à la place le mot «éducation». Le centre de recherche doit produire des rapports basés sur des faits qui montrent le coût total réel (pas seulement économique, mais social, culturel, démographique et écologique) au Québec à la fois des solutions existantes et fédéralistes. Il est pour les citoyens - une fois instruits - de prendre la décision que la Cour suprême du Canada a dit est dans leur droit. Les forces externes utilisent la propagande. L'intégrité du Québec exige que l'éducation soit le fondement de l'avenir, pas de la propagande.

  • Archives de Vigile Répondre

    29 juillet 2015

    notre nouvel arme s'appelle:MÉDIAS SOCIAUX,sagard,même avec ses milliards ne pourra rien faire contre eux....

  • Archives de Vigile Répondre

    29 juillet 2015

    Le truc est que tous les séparatiste actuelle, propagent les vidéos de M. Nantel tant et aussi longtemps que toutes les personnes soit au courant des magouilles fédéralistes ... voilà ... https://www.youtube.com/channel/UCpmnbvqwLntSFQSbIAEPlGA