Dimanche, jour de la fête des mères, Pierre Céré annonçait son retrait de la course à la chefferie du Parti Québécois. On s’y attendait.
Mais à cette occasion, un coup d’éclat lui a valu les réactions et les questions espérées: il a clamé publiquement son désir que l’on vote contre le candidat Pierre-Karl Péladeau! Un appel à tous.
Comment comprendre ce geste douteux, pour ne pas dire cette impudence, de la part d’un ex-candidat à la chefferie d’un parti, de demander que l’on vote CONTRE un autre candidat de son parti ? Est-ce là un comportement digne d’un bon joueur, dans le sens noble du terme ? D’un joueur qui respecte ses rivaux et même, et surtout, la liberté de ses supporteurs ? Est-ce un comportement digne d’un collègue ?
Dans un texte récent de son blogue, Mathieu Bock-Côté propose une intéressante réflexion au sujet des positions et attitudes de M. Céré.* Il y dénonce, chez ce dernier, une façon d’être que l’on pourrait qualifier de « pontifiante », résultat d’une étonnante absence de doute et d’une prétention à la vertu que l’on retrouve souvent chez une certaine gauche, prétention qui l’amène à jauger la pureté d’autrui. Je suis consciente d’y revenir de temps à autre mais ça rappelle la « frayeur » vertueuse de Françoise David à l’idée de côtoyer ce même Péladeau à l’Assemblée nationale. Pas question pour elle et pour aucun élu de Québec solidaire de s’asseoir à ses côtés. Comme disait quelqu’une avec humour : « Il n’y a alors qu’à contribuer à faire élire le PQ plutôt que le PLQ. Ainsi, elle lui ferait face.» Élémentaire!
Mais qu’est-ce donc qu’être « de gauche » aujourd’hui ? Dans le Point de vue que voici, Andrée Ferretti répond à cette question avec la précision moderne qui s’impose. Il faut ramener de temps à autre les pendules à l’heure. Et le fait est qu’une « certaine » gauche joue le jeu d’une « certaine » mondialisation perverse et du néo-libéralisme qui la fonde. Complice. Un examen de conscience à ce sujet ne ferait pas tort à cette gauche-là et serait sans doute préférable, chez M. Céré, au « p’tit v’lours » qu’il semble avoir éprouvé à se faire voir par les médias comme un « objecteur de conscience » ou un redresseur de torts du PQ. Si ce n’est pas tout simplement à se faire voir…
La veille de ce retrait de M. Céré, Bernard Drainville faisait appel, comme nous le rappelait hier Caroline Moreno, aux retrouvailles, en quelque sorte, des militant.es, après l’élection du chef. Pierre Céré en sera-t-il ? S’il faut l’en croire, il ne faisait pas que passer. Et le rôle de confesseur lui va comme un gant. Mais les « confesseurs » d’autrefois devaient sûrement s’examiner aussi parfois.
Nous saurons sans doute en fin de semaine qui sera chef pour le dernier droit de la route vers l’indépendance du Québec. J’espère sincèrement que le processus vers ce choix sera épargné de jeux de coulisses dommageables et que son dénouement permettra le meilleur ralliement. Nous aurons suffisamment de pain sur la planche dès le lendemain pour ne pas ajouter, de l’intérieur, aux obstacles.
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