Cette semaine sera sans aucun doute le théâtre de nombreuses annonces : les candidats à la succession de Pierre Karl Péladeau affirment déjà sur plusieurs tribunes que leur réflexion progresse rapidement, alors que d’autres indiquent qu’ils feront bientôt une déclaration importante, laissant bien peu de place aux doutes quant à leurs intentions.
Certes, le Parti québécois a besoin d’un chef. Et vite. Cela dit, il est à espérer que, malgré l’urgence, les candidats qui se lanceront proposeront plus qu’une solution de rechange aux libéraux. Qu’ils verront plus loin qu’une possible victoire en 2018. Qu’ils tenteront de se présenter avec un projet consistant en beaucoup plus qu’un autre gouvernement provincial.
En tant que jeune indépendantiste, il est certain que je suis cette course avec attention. J’ai soif. Soif d’entendre un discours différent de celui qui a toujours, pour moi, caractérisé le Parti québécois : celui de la peur. Un discours désincarné fondé sur une opposition, et non sur une proposition. C’est malheureusement tout ce que j’ai connu de ce parti. Je n’ai donc jamais envisagé de voter pour lui. Je n’ai jamais eu, comme indépendantiste, de raison de voter pour ce parti qui refuse d’assumer sa raison d’être. Certains diront que Pierre Karl Péladeau était, justement, en rupture avec ce discours. Ce n’est pas totalement faux, mais nous ne saurons jamais avec certitude si son poing levé se serait finalement traduit en un engagement concret.
Le plus récent sondage Léger-Le Devoir nous rappelait que l’appui à l’indépendance demeure considérable : 41 %. Et bien que l’appui au Parti québécois se situe bien en dessous de ce chiffre, plusieurs représentants du parti, ainsi que plusieurs chroniqueurs de la famille souverainiste, se sont empressés de dire cette semaine qu’il fallait attendre, que notre option était en déclin et qu’il faudrait (encore !) proposer un bon gouvernement provincial.
Xavier Dolan affirmait en 2014 que sa « génération s’est détournée du Parti québécois, mais pas du projet d’indépendance ». Si on en croit les chiffres, tout montre que sa génération, ma génération, n’est pas la seule. Voilà qui devrait et qui aurait dû susciter une remise en question et un changement de cap important.
Pourtant… Bien que l’on retrouve plusieurs jeunes visages parmi les aspirants-chefs, en regardant de plus près, on peut aisément se demander si jeunesse est, réellement, synonyme de changement. D’une part, Alexandre Cloutier qui, malgré ses propositions enthousiastes en matière d’éducation, ses photos léchées et les appuis de quelques artistes bien en vue, opte pour une continuité déguisée. En effet, en ce qui concerne l’indépendance, il proposait en 2015 un registre de signatures comme condition à la tenue d’un éventuel référendum. Des conditions, du bon gouvernement provincial et, encore, la peur de s’assumer.
D’autre part, Véronique Hivon, qui avait appuyé Alexandre Cloutier l’an dernier. Saura-t-elle proposer autre chose maintenant qu’elle vole de ses propres ailes ? On peut en douter, puisque dans les diverses communications relatives au projet de convergence dont elle est responsable (lettre ouverte, table ronde, etc.), elle évite soigneusement tout engagement indépendantiste concret et se contente de dire qu’il faut se rassembler pour faire « advenir » l’indépendance. Mme Hivon étant une très bonne communicatrice, il est difficile de croire que ce choix de mot soit fortuit. Pourquoi l’indépendance devrait-elle arriver par accident, par surprise ? Pour rassembler et inspirer la confiance, il faudrait, minimalement, assumer ses convictions.
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