Je ne peux pas dire que l'arrivée d'André Boisclair à la tête du Parti québécois m'avait emballé. Je me serais senti plus à l'aise avec Pauline Marois, que je connaissais mieux. Mais je m'y étais fait, me disant que le «jeune» aurait le temps devant lui pour reconstruire et surtout repenser le Parti québécois.
Il m'arrive de ne pas aimer des politiques mais au-delà des hommes ou des femmes, je respecte les fonctions. Et la présidence du Parti québécois, ce n'est pas rien ! Elle peut conduire à la tête du seul gouvernement francophone de l'Amérique du Nord et de l'un des derniers gouvernements sociaux démocrates. Et elle impose à son titulaire l'obligation d'organiser, le plus tôt possible, l'accession du Québec au statut d'État souverain, le cent-quatre-vingt-treizième des Nations Unies. Cela méritait bien, pour André Boisclair, le droit à l'essai. Et le droit à l'erreur...
Il n'a jamais eu rien de tout cela. Hier, tels des Ponce Pilate, les ténors du mouvement souverainiste, tant à Québec qu'à Ottawa, se lavaient les mains en disant que c'était «la journée d'André Boisclair». Bande d'hypocrites!
La démission d'André Boisclair était devenue inévitable, disent certains, après les attaques qu'il s'était permis contre Gilles Duceppe. Comme si le chef du Bloc québécois était au-dessus de tout soupçon! Parlez-en au député fédéral de Roberval, Michel Gauthier. C'est lui qui succéda à Lucien Bouchard lorsque celui-ci quitta la présidence du Bloc pour celle du Parti québécois, en janvier 1996. Gilles Duceppe n'eut alors de cesse - avec l'aide de Jean Lapierre, alors animateur à CKAC - que d'organiser la mutinerie contre ce chef dont il voulait la place. Il l'obtint enfin, en mars 1997. Alors, peut-être André Boisclair savait-il des choses qui l'autorisèrent à faire cette sortie de dimanche.
On ne lui a jamais donné une chance
Mais il était de bon ton hier de soutenir que Boisclair est responsable de ses propres malheurs. Une sorte de suicide, disait-on, ce qui évite de compter les poignards et de savoir qui les tenait! À vrai dire, on ne lui a jamais donné une chance...
Les membres du Parti l'ont littéralement plébiscité, le 15 novembre 2005, lui accordant, dès le premier tour de scrutin, près de 54 % des suffrages exprimés. Puis la chasse a commencé, la chasse aux erreurs de jeunesse, la chasse aux amants - légitimes ou non -, la chasse aux gaffes comme cette participation à un documentaire satirique. C'est fou ce que certains journalistes aiment jouer les curés et les censeurs.
André Boisclair était jeune, mais pas trop tout de même. Il savait, en devenant chef du PQ, qu'il devrait faire rapidement face à une élection. Jean Charest précipita même les choses, ce qui est de bonne guerre. Avec la naïveté d'un jeune chef, il espérait «faire mieux que René Lévesque». Certains souriront avec cynisme, mais c'est cela l'ambition: vouloir faire encore mieux que ceux qu'on admire.
Ce qui me déçoit le plus, c'est que ce jeune président du Parti québécois a été écarté par les anciens du Parti, les Bernard Landry, les Denis Lazure, les Yves Michaud. Si on avait pu faire parler les morts, on aurait cité René Lévesque! Ces anciens, qui ont fait leur temps et qui, aujourd'hui, ne sont même plus capables de grimper à un poteau d'Hydro-Québec pour y accrocher une pancarte électorale veulent continuer de faire la loi dans le parti.
Je ne suis pas membre de ce parti, ni d'aucun autre d'ailleurs, mais je me sens violé dans mes droits démocratiques. Dehors les vieux! Et organisez-vous, les jeunes...
Démission de Boisclair
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