Atterré par la publication du rapport intitulé Pratiques linguistiques des ministères et organismes publics du gouvernement du Québec, le Mouvement Québec français prépare sa riposte.
Ces données sont effarantes, renversantes. Je dirais que l'heure est grave pour ce qui est du non-respect du français dans l'appareil public québécois. Quant aux communications orales avec les usagers des services publics, c'est incroyable.
La semaine dernière, le Conseil supérieur de la langue française dévoilait les résultats d'une enquête effectuée auprès de l'administration publique québécoise.
Ses auteurs se sont notamment penchés sur l'usage du français et de l'anglais dans les services téléphoniques, les sites Internet et les documents des ministères et organismes, en plus d'effectuer un sondage auprès d'employés de l'État afin, notamment, de savoir à quelle fréquence ils emploient une autre langue que le français dans l'exercice de leurs fonctions.
On y apprend que 74 % des employés de l'État à Montréal utilisent parfois une autre langue que le français dans leurs interactions orales avec des personnes physiques au Québec
, une proportion qui grimpe à 81 % à Laval et à 88 % en Outaouais.
C'est à se demander si le statut officiel du français du Québec est véritablement officiel ou s'il n'est officiel qu'à moitié, s'indigne Maxime Laporte. Je pense que la situation est tout à fait renversante, d'où la nécessité de prendre les mesures nécessaires pour corriger le tir.
Le Mouvement Québec français compte multiplier les actions de sensibilisation
pour alerter la population. Distribution de tracts, diffusion d'une publicité, campagne dans les réseaux sociaux et rencontres avec des représentants de tous les partis feront partie de la stratégie.
La population a tout intérêt à prendre connaissance de la réalité
, dit M. Laporte.
On entend aussi faire directement pression
sur le gouvernement pour qu'il rouvre rapidement la loi 101. Ce dernier s'est récemment montré ouvert à renforcer la Charte de la langue française, mais rien n'a encore été annoncé. Pour le Mouvement Québec français, la situation est telle qu'il faut agir de toute urgence.
On encourage M. Legault et le ministre Jolin-Barrette à agir, comme ils l'ont dit, à très court terme.
En réaction à la publication de l'étude la semaine dernière, le ministre responsable de la Langue française, Simon Jolin-Barrette, avait évoqué l'idée de limiter l'accès à des services publics en anglais aux seuls membres de la communauté historique d'expression anglaise.
Maxime Laporte presse le gouvernement d'emprunter cette voie rapidement : Là où le bât blesse, c'est quand notre propre administration publique traite un allophone comme si c'était un anglophone en puissance. Or, un allophone au Québec doit être présumé comme un francophone en puissance. C'est ça le principe de la francisation, c'est ça le principe du français langue commune, du français langue d'inclusion.
Il plaide pour que l'administration publique se montre exemplaire. Si notre propre administration publique – financée à même nos impôts – érode, chaque jour qui passe, le statut de la langue, participe à l'anglicisation de la société québécoise, alors à ce moment-là le message envoyé à la société civile, aux entreprises, c'est que le français n'a pas véritablement de statut de langue officielle au Québec
, dénonce-t-il.
Le mouvement rappelle que la Charte de la langue française fait du français la seule langue officielle du Québec et de son administration publique.