La CAQ à la recherche de ses repères idéologiques

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La CAQ manque de base idéologique solide


La Coalition avenir Québec n’aura jamais si bien porté son nom qu’au cours du week-end. Ragaillardis par la victoire de l’an dernier, les jeunes militants de la formation politique s’étaient donné rendez-vous à Sherbrooke pour un premier congrès depuis les dernières élections.




Une quarantaine de résolutions figuraient à l’ordre du jour. Si la vaste majorité a été adoptée sans faire trop de vagues, des propositions en apparence consensuelles ont révélé des divisions.


Ainsi, une résolution sur l’allègement réglementaire et bureaucratique a mis en relief des différences quant à la conception même de l’État.


Inquiet de voir « allègement bureaucratique » rimer avec « austérité », un membre a proposé d’exclure explicitement, à même la résolution, toute logique de réingénierie de l’État.


Le débat était lancé. Ce qui est important, c’est surtout d’envoyer le message qu’à la CAQ, c’est un État plus fort, c’est un Québec plus fort [que l’on veut], est venu appuyer un militant.


Quand je lis le programme de la CAQ, c’est quand même un programme social-démocrate, s’est avancé un autre.


L’amendement semblait en bonne voie d’adoption, mais c’était sans compter sur un certain nombre de contradicteurs. La bureaucratie est vraiment malade au Québec, a contre-argumenté un membre. Dans une envolée digne des belles années de l'Action démocratique du Québec (ADQ), un autre a ajouté : Les douze travaux d’Astérix, la maison de fous, c’est pas juste une caricature, c’est devenu ça au gouvernement.


Longtemps associée à la droite du spectre politique – sans doute, justement, en raison de ses racines adéquistes – la CAQ accueille maintenant en ses rangs des éléments plus au centre, et même à gauche du spectre politique.


Au fond, sur bien des enjeux il n’y a pas grand-chose qui nous unit, mis à part le pragmatisme et le nationalisme, confiait un militant au terme de l’exercice.


Nationalisme


Cette notion ne semble pas, elle non plus, faire consensus. Un débat portant sur la péréquation l’a bien fait ressortir. La relève caquiste propose d’établir un plan pour que le Québec ne soit plus dépendant de la péréquation, indiquait le projet de résolution.


C’en était trop pour certains : parler de dépendance est un raccourci intellectuel qui renforce le mythe populaire qui voudrait que le Québec soit le récipiendaire de l’aide sociale canadienne, ce qui est complètement faux, a fait valoir une militante, dans un argumentaire que n’aurait pas répudié un membre du Parti québécois.


Plus soucieuse de protéger la place du Québec au sein de la fédération canadienne, une autre militante s’est avancée au micro : En se débarrassant de la péréquation, on peut enfin commencer à travailler avec les autres provinces pour devenir plus autonomes parce qu’il faut se rappeler que ce sont les provinces qui ont créé le Canada, et non l’inverse.


C’est que la notion même de nationalisme recouvre aussi plusieurs réalités. Être nationaliste, en soi, ça ne veut pas dire grand-chose. Est-ce que c’est l’économie, la culture, les services publics? Est-ce que ça veut dire un État très présent, qui est le centre de la collectivité pour protéger son identité, ou un État plus petit qui laisse la place à l’innovation, à l’entrepreneuriat pour qu’on devienne plus puissants économiquement, disait un jeune militant dans un échange informel.


Si la vigueur de certains débats a surpris, des membres de l’exécutif sortant voyaient d’un bon œil la vivacité des échanges. On a des membres articulés, on débat, on place les idées. Pour la première fois, on voit qu’on est vraiment une coalition.


Des militants rencontrés au détour des corridors ne semblaient pas non plus se formaliser outre mesure de ces différends : J’ai longtemps été au PQ [Parti québécois], c’est un parti de coalition avec comme objectif la souveraineté. Là, c’est la CAQ : c’est une coalition avec comme ciment le nationalisme.


Pour l’instant, toutes ces différences semblent bien théoriques. C’est que tout va bien sous le ciel caquiste puisque le gouvernement demeure populaire et les coffres de l’État débordent.


Concilier les différents courants de pensée qui se dessinent peu à peu pourrait cependant s’avérer plus délicat lorsqu’une récession ou une situation de crise imposera des choix plus difficiles.




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