Le leadership du chef péquiste testé en juin

PQ - leadership en jeu - la tourmente



Les péquistes devraient pouvoir dire s'ils font ou non confiance à André Boisclair en juin prochain. Le chef a obtenu les pires résultats électoraux du PQ depuis 30 ans et il a indiqué aux dirigeants de son parti qu'une instance, probablement un congrès national, sera tenue afin de répondre aux questions soulevées par son leadership.
C'est dans le cadre de cet exercice que l'ex-chef Bernard Landry avait décidé de quitter son poste en juin 2005.
C'était la journée des grands questionnements hier, tant du côté libéral que chez les péquistes, à l'issue des résultats de lundi. Le gouvernement perd 28 sièges et est pratiquement rayé de la carte dans certaines régions. Le PQ perd neuf députés et est confronté à une hécatombe dans ses bastions de Lanaudière et des Laurentides. L'heure était aux bilans hier dans les coulisses des deux anciens partis.
Au Parti québécois, on s'exprimait plus clairement sur les chances de M. Boisclair. Cette question du leadership est au centre des conversations entre péquistes depuis lundi soir. Dans les coulisses, on sait très bien que Gilles Duceppe se prépare. Ses conseillers sont convaincus qu'il n'a rien à gagner d'une autre campagne fédérale et le report des élections à Ottawa lui donnait hier une nouvelle marge de manoeuvre. Bien sûr, François Legault, et Pauline Marois alimentent encore les spéculations, mais, même Pierre Curzi peut soudainement se sentir appelé par le destin, semble-t-il.
«Le courant ne semble pas passer»
Marc Laviolette, candidat péquiste qui a subi une vraie dégelée et fini troisième dans Soulanges, dit que «M. Boisclair a eu une bonne campagne, mais cela prend une réflexion de la base... au sommet». Au PQ «l'histoire d'amour entre la population et le chef est difficile. Le courant ne semble pas passer. Ce matin, à l'usine, tout le monde me disait : j'espère que vous allez changer de chef», a lancé l'ancien président de la CSN.
«Il y a aussi plus d'homophobie qu'on pense. Les gens disaient : je n'ai rien contre les homosexuels, mais Boisclair je ne suis pas capable», explique M. Laviolette. S'il veut rester, André Boisclair a besoin d'avoir de bons arguments. «La souveraineté est plus populaire que le parti et le parti est plus populaire que le chef. On est rendu le troisième parti. Il faudra de bons arguments», a-t-il conclu.
En 2003, Richard Legendre l'avait emporté par 2600 voix dans Blainville, une bonne circonscription péquiste. Il s'est fait laver par 3000 voix par l'ADQ lundi soir. «Des gens m'ont dit qu'on devrait changer de chef. Ce serait mentir que de soutenir qu'on n'entendait pas cela. En même temps, c'est un peu frustrant car André Boisclair a fait une très bonne campagne», résume-t-il.
Le PQ doit-il faire les prochaines élections avec M. Boisclair? «Je ne le sais pas. On doit avoir un questionnement majeur. Ou bien il y a 28 % de souverainistes au Québec, ou bien les souverainistes ne votent pas pour nous. Il faut essayer de répondre à cela», a dit l'ancien ministre Legendre.
«Je ne suis pas sûr qu'André Boisclair va pouvoir traverser ce défi. Le taux de participation montre que le vote qui est le moins sorti c'est celui du Parti québécois», résume de son côté Jean-Pierre Charbonneau, ancien député de Borduas. Selon lui, il sera difficile au PQ de présenter le même visage aux prochaines élections, en tenant compte du verdict de lundi soir.
En réflexion
«André Boisclair est probablement en réflexion aujourd'hui», estime Philippe-Edwin Bélanger, responsable de l'organisation au sein du comité exécutif péquiste, qui se réunira vendredi soir. Quand André Boisclair est devenu chef du PQ, «on était à 50 % dans les sondages, et lundi on était à 28», rappelle-t-il. «Ce n'est pas un verdict, mais c'est un constat que tout le monde fait quasi quotidiennement dans les médias», ajoute-t-il. Au passage, il dénonce l'obsession des partis pour les candidats-vedettes. Dans Prévost le candidat adéquiste qui l'a remporté est entré en course 12 jours seulement avant le scrutin, et a battu Lucie Papineau dans un fief péquiste.
François Gendron, élu lundi pour le PQ dans Abitibi-Ouest, est aussi perplexe quand on lui demande si André Boisclair doit rester à la barre. «Je ne le sais pas. J'ai des avis là-dessus, mais ces bilans doivent se faire entre nous», laisse tomber le doyen des députés péquistes, qui a triplé hier sa majorité.
L'erreur a été selon lui de laisser le champ libre à l'ADQ l'automne dernier. «André Boisclair a fait une maudite belle campagne, son courage, son tonus, m'ont plu, mais cela n'a pas eu de retombées. Mario a été habile, il s'est vite inscrit dans la grogne populaire quant aux accommodements raisonnables. Il parle comme le crédit social parlait. Il est venu à bout de défoncer Québec, puis le 450... et ça, c'est payant en matière électorale», analyse M. Gendron.
Des libéraux influents avouent aussi que le PLQ devra se poser la question : doit-on se présenter à nouveau devant l'électorat avec Jean Charest comme chef ? La réflexion est légitime devant les résultats de lundi soir. «On était à 57 % d'insatisfaits, deux personnes sur trois voulaient changer de gouvernement et on s'est lancé dans une campagne électorale sur notre bilan», ironisait hier un élu libéral noyé dans la vague adéquiste.


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