Pauline Marois et la souveraineté

Le geste des «50» est jugé irrespectueux

«S'ils prennent leur carte [de membre] et veulent débattre, ils peuvent le faire»

Pauline Marois - entre urgence et prudence


Québec — Un «geste irrespectueux» de la part de quasi-inconnus: voilà comment le Parti québécois a qualifié [la lettre signée par 50 jeunes militants souverainistes->32100], publiée dans nos pages hier. Celle-ci remettait en question l'approche de Pauline Marois de «gouvernance souverainiste», que les signataires assimilaient à l'autonomisme de Mario Dumont. Un gouvernement du PQ adopterait la gouvernance souverainiste une fois arrivée au pouvoir, selon la version actuelle de la «proposition principale», brouillon de programme qui doit être adopté à la mi-avril 2011 lors du XVIe congrès du PQ.
Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, s'est dissocié de cette initiative du groupe des 50, parmi lesquels on trouve au moins deux anciens présidents du Forum jeunesse du Bloc québécois (FJBQ).
Au PQ, c'est la présidente du Comité national des jeunes (CNJPQ), Christine Normandin, qui a défendu la chef péquiste. Mme Normandin a soutenu n'avoir jamais vu les signataires de la lettre lors des «rencontres jeunes» depuis la mi-juillet. Parmi les 50 signataires, «22 ne pourraient pas voter dans nos instances, leur membership étant échu ou non conforme» et 5 n'ont tout simplement jamais été membres du PQ, a souligné l'ancien président des jeunes péquistes, Alexandre Thériault-Marois.
Mme Normandin a déploré que la lettre soit tombée hier «sans avis préalable» et sans que les signataires aient tenté de faire valoir leurs critiques au sein des instances du PQ. Elle a soutenu toutefois qu'elle était prête à accueillir leurs propositions. «Ils ne seront pas exclus. S'ils prennent leur carte et veulent débattre, ils peuvent le faire.»
Téléguidé par le Bloc?
Lors de leur conférence de presse à Québec hier matin, les principaux porte-parole du groupe des 50 ont eu beau nier vouloir s'en prendre au leadership de Mme Marois, leur démarche a été interprétée comme une attaque frontale contre la chef.
D'ailleurs, un des porte-parole du groupe, Jerry Beaudoin, ancien candidat péquiste dans Bellechasse en 2008, a publié récemment sur Facebook une lettre dans laquelle il réclamait le remplacement de Pauline Marois par Gilles Duceppe.
Militant à l'association péquiste de Lévis, Félix-Antoine Dumais-Michaud a soutenu que le PQ gagnait à «accepter ce genre de débat» et a lancé: «Je suis persuadé que Mme Marois est contente de voir des jeunes dynamiques dans son parti avoir ce genre de débat.»
L'ancien président des jeunes bloquistes, Jean-François Landry, a certifié que le groupe n'avait aucune intention cachée et n'avait pour seul objectif que de «battre la proposition sur la gouvernance souverainiste au prochain congrès». M. Landry a admis que sa carte du PQ n'était pas en règle, mais qu'il remédierait à la situation bientôt.
Un militant du Bloc, Alexis Gagné-LeBrun, dans un courriel au Devoir, s'est dit surpris d'apprendre que M. Landry critiquait la démarche de rapatriement de pouvoirs qu'implique la «gouvernance souverainiste». Lors de sa première tentative pour prendre la direction du FJBQ, M. Landry avait inscrit à son programme électoral que la première orientation du BQ était «d'exiger le transfert de certains pouvoirs fédéraux».


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