Droits et démocratie et le ministre Cannon

Le "fascionisme"

Droits et Démocratie - KAIROS - Développement et Paix

Dans un rapport de 47 pages, intitulé [« Droits et démocratie : vers
un avenir meilleur »->http://www.ledevoir.com/documents/pdf/comitedroits.pdf], le Comité permanent des affaires étrangères et du
développement international du parlement d'Ottawa recommande de congédier
le président du conseil d'administration, Aurel Braun, et de remplacer le
conseil d'administration par des membres plus neutres.
Minoritaire sur ce comité, le gouvernement du King de la prorogation et du
secret compulsif a réagi par la bouche de Catherine Loubier, directrice des
communications du très cachère ministre Lawrence Cannon, relayant l'opinion
dissidente de Harper premier en énonçant sèchement que [« Le gouvernement
réitère sa confiance envers le président actuel, ainsi qu'envers le conseil
d'administration. »->http://www.vigile.net/Congedier-le-president-modifier-le]
À la page 12 du rapport, au dernier paragraphe, il est écrit que « Du point
de vue de M. Braun et de ses sympathisants, le soutien de certaines
organisations obéit à une tendance qui consiste à délégitimiser et [à]
déshumaniser une autre démocratie, comme l'a exprimé M. Braun. Du point de
vue du président Beauregard, il est clair que Droits et Démocratie jugeait
important de soutenir la cause des droits civils en Israël, à Gaza et en
Cisjordanie, même si cela revenait à appuyer d'importantes organisations de
l'État d'Israël. On ne saurait comprendre la profondeur des sentiments
sous-jacents au conflit entre membres du conseil d'administration et entre
le conseil et des hauts dirigeants de Droits et Démocratie si on ne saisit
pas les profondes divergences d'opinion sur ce sujet important. »
À la page 13 on retrouve le paragraphe suivant : « Alors que les médias se
concentraient sur lest tensions entre le conseil et le président, Payam
Akhavan a déclaré au Comité que les problèmes ont commencé au sein du
conseil lui-même quand une minorité dirigée par MM. Braun et Gauthier a
lancé « une offensive de prise de contrôle hostile ». M. Akhavan a déclaré
au Comité que : « Le 8 novembre, j'ai écrit à M. Gauthier pour lui demander
s'ils avaient l'intention d'obtenir, et je cite, « une majorité décisive au
conseil d'administration qui aura pour effet de museler une fois pour
toutes les membres dissidents et qui préparera probablement aussi la voie
au congédiement du président et de ses cadres supérieurs. » »
On peut lire à la page 14 qu' « Au cours de son bref mandat, M. Gauthier a
autorisé la passation de plusieurs contrats avec diverses entreprises, dont
deux cabinets d'avocats, une entreprise de communications, un cabinet
d'experts-comptables et une agence d'enquête privée. Des membres du comité
ont remis en question le bien-fondé de ces contrats, le processus d'appel
d'offres utilisé pour l'adjudication des contrats aux entreprises en
question, les résultats des travaux réalisés par les entreprises et le coût
des travaux. Dans son témoignage, M. Gauthier n'a pas donné beaucoup de
précisions au sujet de ces contrats. Comparaissant devant le Comité, M.
Latulippe, nouveau président, a fourni une approximation du coût des
principaux contrats qui ont été accordés au cours du mandat du président
par intérim. Il a par la suite précisé quels étaient ces contrats et ces
montants dans une lettre adressée au comité le 27 mai 2010 :
37 392,80 $ à Ogilvy Renault (cabinet d'avocats) jusqu'au 31 mars 2010 ;

230 743,55 $ à Boden Ladner Gervais (cabinet d'avocats) jusqu'au 31 mars
2010 ;

6 781,61 $ à Woods s.r.l. (cabinet d'avocats) jusqu'au 31 mars 2010 ;

14 463,76 $ à Prima Communications jusqu'au 5 avril 2010 ;

91 983,27 $ à SIRCO (agence d'enquête privée) jusqu'au 31 mars 2010 ;

120 658,55 $ à Deloitte et Touche (experts comptables) jusqu'au 1er avril
2010.
Si on fait le total des frais d'avocats, ça donne une somme assez
importante : 274 917,96 $. Comment peut-on expliquer que presque 92 000 $
ont été dépensés par M. Gauthier pour engager une agence d'enquête privée ?
Est-ce que cette agence a été utilisée pour faire face à des poursuites en
cours ou pour enquêter sur les membres du personnel et du conseil
d'administration de chez Droits et Démocratie ? Le rapport du comité
n'aborde pas cette question directement.
Cependant, à la lecture du paragraphe suivant l'énumération des contrats
sans appels d'offre de M. Gauthier, on peut lire ce qui suit qui vient
confirmer par la bande que l'agence d'enquête privée a été utilisée pour
enquêter sur des employés ou des cadres de chez Droits et Démocratie en vue
d'un procès : « M. Latulippe n'avait pas de copies des contrats passés à
Ogilvy Renault et à Woods s.r.l. Il a ajouté que l'enquête de la SIRCO
devait être utilisée dans la poursuite judiciaire, il serait « grandement
préjudiciable » au Centre si le mandat de SIRCO était communiqué au Comité
avant la conclusion du différend. Le produit final de Deloitte et Touche,
le rapport de vérification juriscomptable, « sera terminé un peu plus tard
au mois de juin, après quoi il sera remis au Comité. »
Au chapitre de la reddition de comptes et de la transparence, le Comité a
noté à la page 15 que « Droits et Démocratie est assujetti à sa loi
constitutive et aux règlements administratifs qu'il a établis. Adoptés en
juin 2008, ces règlements ont été modifiés par le conseil d'administration
lors de la réunion qu'il a tenue le 26 mars 2010. En ce qui concerne les
contrats susmentionnés, un changement digne de mention y a été apporté.
Dans la version de 2008 des règlements, il est indiqué qui toute activité
non répétitive de plus de 10 000 $ doit faire l'objet d'un appel d'offres
et d'au moins trois soumissions. On y indique aussi « l'obligation de
justifier le choix en tenant compte du prix, des services offerts et de
leur qualité. » »
À la fin de la page 15, le Comité note que « Payam Akhavan a pour sa part
mentionné au Comité que le conseil d'administration avait modifié le
règlement pour justifier rétroactivement l'octroi de ces contrats
lucratifs. »
À la page 19, on peut lire au deuxième paragraphe que « Dans l'ensemble, le
Comité est troublé par les dépenses engagées entre le 29 janvier et le 5
avril 2010 dans la gestion de la crise. Au 5 avril, il n'avait pas encore
reçu le détail des dépenses. »
À la page 17 du rapport il est rapporté que Brad Farquhar, membre du
conseil d'administration, a fait savoir au Comité que force lui a été de
constater que la culture organisationnelle à Droits et Démocratie « n'est
pas prédisposée à la transparence et à la responsabilisation, même
vis-à-vis des membres du conseil d'administration ». Il a été « témoin de
situations où des membres du conseil d'administration, soucieux de leurs
responsabilités, posaient des questions au sujet des projets et des
résultats, auxquels leurs interlocuteurs avaient systématiquement pour
habitude de répondre sans vraiment répondre, de s'esquiver et de se
faufiler, de prendre un ton dédaigneux, ou méprisant et de recourir à des
tactiques dilatoires. » M. Gauthier attribuait la « dysfonction » du
Centre aux mêmes problèmes qui, espère-t-il, seront pleinement circonscrits
grâce aux travaux d'experts-comptables, Deloitte et Touche, dont les
services ont été retenus pendant sa présidence intérimaire. »
Au paragraphe suivant, on peut lire que « Ce tableau des problèmes ne fait
pas l'unanimité parmi les membres du personnel, actuels et anciens ; il
n'est pas accepté non plus par Payam Akhavan, qui a signalé que le tout
dernier examen quinquennal de Droits et Démocratie effectué par le
ministère des Affaires étrangères et la vérification financière par le
Bureau de la vérificatrice générale et contenue dans l'examen étaient tous
deux positifs. M. Longuangué, conseiller principal au Centre et président
du Syndicat des employés de Droits et Démocratie, et M. Akhavan ont fait
mention de cet examen (2003-2008). M. Akhavan a déclaré : « Le rapport du
9 juin 2009 de la vérificatrice générale était également positif. »
À la page 18 du rapport, on peut lire une autre vision du climat de travail
chez Droits et Démocratie avant que M. Braun accède à la direction : «
Marie-France Cloutier, ancienne employé qui a travaillé à Droits et
Démocratie depuis sa création il y a près de vingt ans, a indiqué que «
toutes les transactions financières ont été faites en respectant les normes
établies de manière tout à fait légale et selon un processus ouvert et
transparent ». D'anciens membres du personnel ont aussi indiqué que
l'information demandée par le conseil était fournie avec promptitude et
transparence. M. Panossian est même allé jusqu'à décrire un climat de
paranoïa qui caractérisait les échanges du personnel avec les membres du
conseil d'administration, ces derniers semblant « convaincus a priori que
nous [le personnel] cachions quelque chose ». Mme Cloutier a ajouté que
parce qu'il fallait, entre autres, fournir davantage d'information au
conseil, « un dépassement de 140 % du budget alloué au fonctionnement du
conseil d'administration est prévu. » »
À la page 19, il est écrit que « Le premier problème dont il a été question
a trait au contrôle du Centre, tant à l'échelon supérieur qu'au niveau
opérationnel. Les membres du conseil d'administration actuel qui ont
comparu devant le comité ont indiqué qu'ils sont responsables de
l'orientation stratégique générale du Centre, laquelle est ensuite mise en
œuvre par le président et par le personnel sous l'égide du président.
Autrement dit, le personnel doit suivre l'orientation fixée par le conseil
et accepter que les activités du Centre fassent l'objet d'une surveillance
de la part du conseil. Ces témoins ont fait mention de mesures allant dans
le sens contraire, par exemple, le conseil ignorait, jusqu'au dernier
moment avant de comparaître devant le comité, que le personnel avait signé
deux mois auparavant la convention collective qu'il attendait depuis
longtemps. Brad Farquhar a dit au Comité : « […] la convention
collective conclue avec un syndicat constitue l'un des plus importants
contrats pour un organisme, quel qu'il soit, et je trouve donc
incompréhensible qu'une convention collective ait pu être définie dans son
intégralité sans que le conseil d'administration en soit informé ou donne
son consentement, et qu'on ait même cherché à l'empêcher d'en prendre
connaissance pendant plus de deux mois. » Le président du conseil Aurel
Braun est même allé jusqu'à dire : « […] la convention collective
signée à la hâte en janvier 2010 avait pour objet d'utiliser les deniers
publics pour payer le personnel syndiqué en échange de l'appui du syndicat
pour la campagne menée par les cadres supérieurs en vue d'obscurcir les
longs antécédents de ces derniers en matière de dogmatisme et de rejet de
la responsabilité. » D'autres témoins ont catégoriquement nié cette
accusation. De l'avis du Comité, il serait normal qu'un conseil
d'administration ne soit pas informé de la négociation collective, du point
de vue de la gouvernance de l'organisme, mais il serait également normal
que le conseil soit informé en temps voulu de la conclusion d'une entente.
»
Au chapitre de la gouvernance, on note à la page 20 qu'en réaction à la
lettre rédigée par la majorité des membres du personnel à l'intention du
conseil d'administration après le décès de M. Beauregard, dont copie a été
envoyée au premier ministre et au ministre des Affaires étrangères et dans
laquelle on exige la démission de trois membres du conseil
d'administration, soit Aurel Braun, Jacques Gauthier et Elliot Tepper, « M.
Farquhar a expliqué que les relations avec le personnel étaient pour lui
une source de frustration : « Ce que j'ai constaté à Droits et Démocratie,
c'est que le personnel semble convaincu que la quasi-autonomie de cette
organisation par rapport au gouvernement au pouvoir signifie nécessairement
qu'elle doit pouvoir échapper à la surveillance de son propre conseil
d'administration. Quand le personnel, face aux questions posées par les
administrateurs, réagit en fournissant des réponses qui n'en sont pas, en
érigeant des obstacles matériels et divulguant lui-même des informations
confidentielles aux médias, cela éveille tout de suite des craintes chez
les administrateurs, qui sont alors incités à poser encore plus de
questions pour aller au fond des choses. Lorsqu'on prend cela pour du
harcèlement, de l'ingérence de la part d'un gouvernement ou une vendetta
partisane, il est évident qu'on assiste alors à une tentative éhontée pour
politiser quelque chose qui ne mérite pas un tel qualificatif. »
Encore sur la même page, on relate que « Le récent congédiement de cadres
supérieurs et des représentants syndicaux de Droits et Démocratie laisse
supposer que le problème est dû à l'ingérence du conseil dans la direction
de l'organisation. En d'autres mots, au lieu de fournir une orientation
stratégique de haut niveau, les membres du conseil d'administration se sont
engagés dans les activités quotidiennes du Centre, n'hésitant pas à
interroger le personnel sur ses activités et décisions. A ce propos, Ed
Broadbent, ancien président du Centre, a dit au Comité que les employés
rendent compte au président du Centre, en tant que « PDG », et en cette
qualité, « Ni le président du conseil ou tout autre membre du conseil
d'administration, n'a le droit de s'arroger en tout ou en partie les
pouvoirs du président du centre en ce qui a trait à la gestion du
personnel. » De façon analogue, Warren Allmand, ancien président, a dit :
« Ce n'est pas le rôle du conseil de faire la microgestion du centre. » »
À la page suivante, on apprend que « Les employés congédiés s'expliquent
mal que le président du conseil d'administration se soit ingénié à
envenimer les relations entre le conseil et le personnel alors que son rôle
aurait dû, d'après eux, l'amener à favoriser la médiation et la
conciliation. Au sujet de l'attitude agressive et critique de certains
membres du conseil d'administration envers le personnel et le président,
Charles Vallerand a déclaré : « Je pense que le premier mandat du président
de conseil est d'essayer de concilier les différents points de vue, de
trouver des terrains d'entente et, dans un organisme comme le nôtre, de
trouver des consensus. Ce n'est pas de sonner la charge, d'arriver à la
première réunion, d'enfoncer le clou jusqu'à ce que ça fasse mal. » »
On peut lire plus loin que : « Selon M. Longangué, il semble que les
communications internes et les mécanismes de résolution de conflits se sont
détériorés considérablement si ce n'est complètement durant le mandat de M.
Gauthier à titre de président intérimaire. M. Longangué a dit au comité :
« Pendant tout le mandat de M. Gauthier, il n'y a eu aucune communication
entre le conseil, le président par intérim et le personnel, aucune. » De
plus, comme l'a expliqué Micheline Lévesque, agente de programme du Centre
et vice-présidente du syndicat des employés, au cours de cette même
période, le personnel craignait les « représailles » s'il exposait
publiquement la situation. Il règne à Droits et Démocratie « un climat de
chasse aux sorcières », a-t-elle dit. »
Le rapport ajoute qu' « En réponse aux arguments formulés par des membres
du conseil d'administration selon lesquels le personnel ne respectait pas
le rôle du conseil, Razmik Panossian, ancien employé, soutenait que la
lettre du personnel exigeant la démission de certains membres du conseil
d'administration « n'était pas une rébellion contre l'autorité du conseil
ni un refus du droit du gouvernement de nommer les membres du conseil
d'administration. Tous à Droits et Démocratie, savent qu'il s'agit d'une
institution publique qui rend des comptes au parlement et aux Canadiens par
l'entremise du conseil d'administration. Nous n'avons jamais nié ce
principe. » Par contre, « nous avons perdu confiance envers la capacité et
la bonne foi des trois hommes qui contrevenaient à l'article 24 de loi
constitutive […]. » L'article 24 de la Loi dispose que les membres
du conseil doivent, dans l'exercice des pouvoirs et attributions : a) agir
avec intégrité et de bonne foi au mieux des intérêts du Centre ; b) agir
avec le soin, la diligence et la compétence d'une personne prudente et
avisée ; c) observer la présente loi et les règlements administratifs du
Centre. »
Le comité note par la suite que M. Akhavan abondait dans ce sens. Il a dit
au comité que pendant son mandat au conseil, les membres du personnel n'ont
jamais dit aux membres du conseil d'administration « comment administrer
l'organisme ». Le problème n'a pas commencé, selon lui, entre le conseil
et le personnel, mais par des désaccords et des tensions au conseil même.
[U]ne minorité de membres du conseil d'administration tentait de dominer et
d'éliminer une majorité. C'était ça le vrai problème, et le problème s'est
ensuite étendu à nos relations avec les membres du personnel […]. »
Ensuite on apprend que « La plupart des témoins ont parlé des rôles et
responsabilités du président et du conseil d'administration. De toute
évidence, on ne s'entendait pas, même à l'intérieur du conseil, sur
l'étendue des attributions du président. Les divergences d'opinion
portaient, entre autres, sur le pouvoir du président d'approuver des
programmes au titre du Fonds d'intervention d'urgence, sur l'approbation
des décisions relatives aux programmes par le conseil, sur le droit affirmé
du président d'opposer un veto à certaines décisions concernant le
financement, sur le niveau de financement à partir duquel le conseil devait
superviser les décisions, sur les rôles du conseil et du président dans
l'approbation des rapports annuels du Centre et sur le processus utilisé
pour l'étude du plan stratégique quinquennal par le conseil. Plusieurs
témoins ont signalé que l'évaluation du rendement du président Rémy
Beauregard, maintenant décédé, avait posé problème. Cette question a donné
lieu à un débat sur la manière dont cette évaluation avait été réalisée.
Comme il est indiqué précédemment, un comité du conseil est chargé
d'évaluer le rendement du président du Centre. Trois membres composaient
ce comité : MM. Braun, Tepper et Gauthier. D'après les témoignages, le
comité a rencontré M. Beauregard pour discuter de son évaluation en mars
2009. Aucune critique n'aurait alors été formulée, et tous les membres du
conseil d'administration se sont dits satisfaits du travail de M.
Beauregard lorsque la question a été abordée par la suite au conseil même.
Selon Payam Akhavan, « [l]a majorité des membres du conseil
d'administration étaient hautement satisfaits du rendement de M.
Beauregard, mais le président du conseil d'administration a donné l'ordre
au secrétaire de ne pas mentionner ce fait dans le procès-verbal. »
Le Comité fait aussi remarquer que « Par la suite, en mai 2009, le
président du conseil a fait parvenir au Bureau du Conseil privé (BCP) ce
qui semble une évaluation fort négative. M. Beauregard n'a pas reçu de
copie du rapport d'évaluation ni n'a pu discuter du rapport avec le comité
d'examen du rendement avant que le rapport soit communiqué au BCP.
Marie-France Cloutier, qui était secrétaire du conseil d'administration en
tant que directrice de l'administration et des ressources a dit au Comité :
« Cela fait 20 ans que je suis à l'emploi de Droits et Démocratie, et tous
les présidents ont été évalués par le conseil d'administration et ont
toujours vu leurs évaluations du rendement. Il s'agit d'une pratique
normale quand il est question de gestion des ressources humaines. » Les
anciens présidents Ed Broadbent et Warren Allmand ont confirmé qu'ils
avaient pris connaissance de leurs évaluations de rendement pendant qu'ils
étaient en fonction. Mme Cloutier a fait savoir que les règlements
administratifs du Centre exigent la communication de l'évaluation du
rendement du président au BCP, mais rien n'indique selon elle « que cela
doit se faire sans le montrer au principal intéressé. » »
On apprend ensuite en page 23 que : « M. Beauregard a obtenu une copie
après avoir présenté une demande d'accès à l'information. Interrogé par
des membres du comité qui voulaient savoir pourquoi M. Beauregard avait dû
procéder de cette façon, David Matas a dit au Comité que le conseil
d'administration n'était pas habilité à retirer l'évaluation du rendement
après l'avoir soumise au BCP, conformément aux règlements administratifs du
Centre. Devant le comité, MM. Baun et Gauthier se sont montrés peu
loquaces à ce propos. Lorsqu'ils se sont présentés devant le Comité avec
d'autres membres du conseil d'administration, c'est M. Matas qui s'est
chargé d'expliquer au Comité le processus d'évaluation du rendement de la
direction, amorcée en mars 2009, même si ce n'est qu'en novembre de la même
année qu'il a été nommé au conseil. »
Ceci dit, on en vient au passage suivant qui est très révélateur : «
Interrogé sur les raisons pour lesquelles M. Beauregard n'avait pas pu
prendre connaissance de son évaluation avant qu'elle ne soit communiquée au
BCP, M. Braun a dit au comité : « M. Beauregard a eu à maintes reprises
l'occasion de rencontrer le comité au préalable, mais a refusé de le faire,
et aussi de le rencontrer après coup, mais encore une fois, il a refusé. »
Suzanne Trépanier, veuve de l'ancien président, a contesté ce témoignage,
Elle a indiqué au Comité le nombre de fois où chacun des intéressés a
signifié sa disponibilité au secrétaire du comité d'examen du rendement, du
20 juillet au 10 octobre 2009. Rémy 44, Aurel Braun 17, Jacques Gauthier
12, Jean Guilbeault 50, Donica Pottie 9,5 et Elliot Tepper 0,5. Vous
conviendrez qu'il est faux de dire que Rémy a tout fait pour éviter cette
rencontre. » Marie-France Cloutier a également dit au comité : «
personnellement, j'ai essayé de convoquer le comité d'évaluation à la
demande du conseil à partir du mois d'août jusqu'au mois d'octobre et
aucune des dates que nous avons suggérées ne convenaient à M. Braun ou M.
Gauthier. »
Le rapport enchaîne en indiquant que « Plusieurs témoins ont critiqué la
dernière version de l'évaluation du rendement présentée au Bureau de
Conseil privé. Selon M. Akhavan, l'évaluation en question était « remplie
d'accusations sans fondements, de demi-vérités et de distorsions qui jetait
le discrédit sur son leadership, pourtant positif. » Il s'agissait selon
lui de « diffamation ». Mme Trépanier avait une impression semblable au
sujet de l'évaluation, où il aurait été question de trois subventions
accordées à des organismes non gouvernementaux établis au Moyen-Orient ; il
en sera question plus loin dans le rapport. Selon M. Matas, la question de
ces subventions occupait « une demi-page, alors qu'il s'agissait d'un
document de 16 pages. » La participation de M. Beauregard à une conférence
au Caire y aurait aussi été mentionnée. D'après certains témoins, les
membres du conseil d'administration ont accusé M. Beauregard d'avoir
rencontré des représentants du Hamas et du Hezbollah au cours de cette
conférence. Au sujet des questions de responsabilité générale du Centre,
M. Braun a dit au comité : « Des milliers de dollars ont été versés pour
l'organisation d'une conférence au Caire à laquelle étaient invités les
représentants du Hezbollah, qui est considérée comme un organisme
terroriste en vertu des lois du Canada et d'autres démocraties. » À propos
de cette allégation, Mme Trépanier a dit ceci : « Qualifier le discours de
Rémy, prononcé devant plus de 150 personnes dont des délégations
gouvernementales, comme étant une réunion avec des terroristes est absurde.
» M. Akhavan a expliqué comment M. Gauthier avait remis en question la
légalité de ces réunions, invoquant, à la réunion du conseil
d'administration tenue en juin, l'article 83.18 du Code criminel du Canada,
qui « prévoit que quiconque contribue, directement ou non, à une activité
d'un groupe terroriste est coupable d'un acte criminel passible d'un
emprisonnement de 10 ans. » M. Beauregard a catégoriquement réfuté ces
accusations. À propos de tous ces événements, M. Akhavan a indiqué : «
Ainsi, sans la moindre preuve – sans la moindre preuve – une
bureaucrate distingué au dossier impeccable était accusé d'être criminel. »
À la page 29 du rapport, on trouve ce passage très éclairant sur le
caractère d'Aurel Braun : « Une autre question semble avoir fait problème,
à savoir la participation de Droits et Démocratie à la Conférence d'examen
de Durban (Durban II) de 2009 organisée par les Nations Unies pour faire le
point sur les progrès accomplis vers les objectifs fixés en 2001 lors de la
conférence mondiale contre le racisme, la discrimination raciale, la
xénophobie et l'intolérance qui y est associée (Durban I). D'après Mme
Cloutier, le président du Conseil d'administration Aurel Braun lui aurait
demandé avec insistance de modifier le passage du procès-verbal de cette
réunion témoignant de la décision de M. Beauregard à ce sujet. Mme
Cloutier a dit : « Il [M. Braun] voulait que je modifie le texte pour dire
que c'était le conseil qui avait pris cette décision. Or la décision avait
été prise avant la réunion du conseil. Je le lui ai dit. » Pour certains
témoins, cet incident témoigne de la manière dont le conseil s'ingère dans
le fonctionnement du Centre, sujet qui a été abordé dans la section
précédente. »
***
À cette étape-ci de mon parcours de ce rapport d'Ottawa, il m'apparaît
pertinent d'aborder maintenant le total des donations attribuées aux trois
organisations du Moyen-Orient récipiendaires. Il faut prendre conscience
également que ces donations, scrutées par le ministère des Affaires
étrangères, ont été à l'origine de la nomination de MM. Aurel Braun, ainsi
que de d'autres membres du conseil d'administration nommés par le parti
fascinéocon de Harper premier pendant la crise qui secouait cet organisme.
Total des subventions si controversées : 30 000 $ répartis aux organismes
palestiniens suivants : Al Haq ; B'Tselem et Al Mezan. Les auteurs du
rapport concluent, à la page 29, que « Les activités des trois
organisations en question dépassent la portée du présent rapport et nous ne
nous y arrêterons pas. »
J'ai noté que ce fameux 30 000 $ - qui ne sera pas récurrent - réparti à
trois groupes mentionnés ci-haut, fait partie d'une enveloppe consacrée aux
projets en 2009 qui se chiffrait 7 500 000 $. C'est donc dire que lobby
fascioniste ne pouvait tolérer qu'un organisme comme Droits et Démocratie
donne 0,004 % de son budget à des groupes palestiniens.
[Un article d'Alec Castonguay paru vendredi dans le journal Le Devoir
traitait de ce rapport sur Droits et Démocratie->http://www.vigile.net/Congedier-le-president-modifier-le]. Au dernier paragraphe de
son texte, j'ai trouvé une information que je n'ai pas vue dans le rapport
du Comité présidé par le député Dean Allison. Je cite le paragraphe final
de son texte : « À fin janvier, 46 des 47 employés de Droits et Démocratie
ont demandé la démission du président du conseil d'administration, Aurel
Braun, et deux vice-présidents du conseil : Jacques et Elliott Tepper. Les
employés soutiennent qu'ils ont fait du profilage ethnique. Je présume
que M. Castonguay a tiré ça de la lettre rédigée en janvier passé, qu'avait
signé 46 des 47 employés de Droit et Démocratie, adressée aux médias et au
gouvernement Harper.
Un homme a été harcelé à mort, mes condoléances tardives à sa veuve.
Le rapport évoqué ci-haut recèle tous les éléments d'une tragédie, d'un
conflit entre l'humanisme sincère d'un bureaucrate d'Ottawa –
peut-être un peu naïf, ce qui caractérise hélas trop bien nos fédéralistes
- incarnés par feu Rémy Beauregard, sa veuve et les associés évincés de
chez Droits et Démocratie d'une part et le terrorisme idéologique, le
mensonge, la manipulation, bref la fourberie du lobby juif déchaîné par
Harper premier. Un mode efficace de neutralisation d'un organisme somme
toute bénin. Droits et Démocratie, qui est à l'image de la politique
extérieure du Canada, qui est une négation des droits des plus fondamentaux
des Palestiniennes et Palestiniennes et une affirmation fasciste, sioniste.
Au cours des dernier mois de sa vie, Rémy Beauregard a été stigmatisé par
trois individus sans scrupules. Et c'est ici que j'aimerais faire
remarquer au lecteur que le harcèlement, les mensonges, le subterfuge et
l'agressivité sont le lot quotidien des Palestiniennes et des Palestiniens.
Il y a un autre parallèle à faire avec cette histoire de prise de contrôle
hostile que l'on retrouve dans le rapport mentionné ci-haut. Après la
deuxième guerre mondiale, les anciennes puissances coloniales et les
impérialistes américains émergeants ont permis à un terroriste, David Ben
Gourion, d'expulser de leurs terres plus d'un million de Palestiniens
devenus réfugiés dans des prisons à aires ouvertes, ces camps de
concentration contemporains qu'on retrouve encore au Moyen-Orient. Un
génocide planifié par lequel l'état terroriste et ethnique d'Israël y est
ainsi né. Une dérive du nationalisme sur laquelle le monde occidental
ferme les yeux.
Israël doit être démantelé. Je ne suis pas le seul à dire ça. Des juifs
de divers horizons le disent aussi, ce tentacule juif des américains au
Moyen-Orient ne peut amener que la misère, non seulement aux Palestiniens,
mais également à leurs tourmenteurs.
Ce qui tient à flot cette prison nommée Israël, c'est les milliards de
dollars que le gouvernement américain et les riches donateurs juifs de la
diaspora donnent à ce pays chaque année depuis le désastre génocidaire de
1948.
Au cours des millénaires de l'histoire de la Palestine marquée par les
déplacements des nombreux peuples dont on peut trouver les noms dans la
bible, ce territoire en a vu des tribus différentes - toutes autant
choisies par Dieu - s'y établir, se battre, passer à autre chose ou
disparaître.
On dit que les mythes ont la vie dure, si ce n'en était que ça.
Daniel Sénéchal
Montréal


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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    25 août 2010

    Voilà à quoi commence à ressembler le mouvement pro-palestinien. Alors que la majorité des Palestiniens acceptent maintenant l'existence d'Israel, ce cher Daniel Senechal en appelle au démantèlement de ce pays. Mis à part le fait qu'il affirme qu'Israel ne survit que grâce aux dons américains (ce qui est faux, l'aide américaine représente maintenant moins de 2% du PIB israélien), Daniel Sénéchal exploite l'expulsion des Palestiniens en 48 pour justifier son refus de reconnaitre la légitimité d'Israel. Très bien, dans ce cas le Québec non plus ne devrait pas avoir le droit d'exister, surtout que les Arabes israéliens se sont vus octroyés le droit de vote en 1948, soit une vingtaine d'années avant les Amérindiens au Québec. Mais finalement qu'est-ce que le sionisme? Le sionisme n'est rien d'autre que le nationalisme juif. Parler du sionisme de manière monolithique est complètement ridicule. Le parlement israélien est l'un de ceux oà l'on retrouve le plus grand nombre de partis politiques. Le sionisme est représenté à la Knesset (le parlement israélien)par des partis qui vont qui vont de la gauche sioniste qui militent depuis plus de quarante ans contre l'occupation, à l'extrême-droite qui souhaite l'expulsion de tous les Arabes de la région. Mettre tous les sionistes dans le même sac équivaut à mettre dans la même catégorie Barack Obama et le Ku Klux Klan. Finalement, Daniel Sénéchal se fout complètement du camp de la paix israélien. Il ne fait rien d'autre que de faire du zèle en se montrant plus palestinien que les Palestinien eux-mêmes. Il n'est pas dans le dialogue mais dans la confrontation. C'est désolant.

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    5 juillet 2010

    Pour comprendre d'ou viennent ces guerres sans fin et les guerres qui se préparent vous devez écouter RADIO Shalom au 1650 AM cette radio sioniste violente style radio poubelle permise par le CRTC fédéraliste en plein coeur de Montréal. C'est du nazisme intégral et pas seulement du fascisme