Conflit étudiant

Le Far West

Crise sociale - printemps 2012 - comprendre la crise



Alors, c’est ça aussi le Québec ? La disgrâce de la violence gratuite, la brutalité qui dérange, la casse qu’aucune colère ni injustice ne peuvent expliquer ? L’absence de règlement dans le conflit étudiant a permis le déploiement au grand jour d’une branche anarchique dont l’objectif est précisément de déranger l’ordre social. La scène doit lui être retirée.
L'imprévisible continue jour après jour de se jouer sous nos yeux ahuris. L’absence de repères familiers est totale, et devant ces scènes confuses jouées vendredi à Victoriaville, puis hier matin autour d’un axe aussi nerveux que le métro de Montréal, on se dit : « C’est le Far West ? !!»
Si un profond mais néanmoins banal conflit sur le refrain connu du gel/dégel des droits de scolarité se transforme en une telle foire d’empoigne, c’est que dans l’usure, la lutte fut prise en otage. Elle fut kidnappée d’abord par une population renouant avec les secousses de l’indignation, pour faire chauffer en collectivité la marmite du ras-le-bol. Puis, au gré des semaines et d’une occupation de la rue systématique, la lutte fut volée par des casseurs, ces « groupuscules » exaspérés peut-être de n’avoir pas gain de cause ont imaginé que semer le chaos urbain allait pressuriser les acteurs politiques.
Ils demeurent minoritaires, ces « suspects », dont les images ont circulé très vite hier sur certains réseaux (car désormais les citoyens « Big Brother » captent sur téléphone tout ce qui leur paraît louche - et la police les invite allègrement à jouer le rôle de délateur, une autre dérive !) Si minoritaires soient-ils, ils sont capables de « grandes » choses dérangeantes, qui font la nouvelle. Derrière ces indésirables se jouant de la sécurité publique reste un mouvement étudiant qui, depuis le début, manifeste de manière générale dans le calme, voire la bonne humeur. Mais au jour 16 de ces serpentins nocturnes, le temps a fait son oeuvre de banalisation. Encore une manif ? Bof.
Dans cette torpeur, certains casseurs que les politiciens ont pris grand soin hier de ne pas systématiquement associer aux étudiants - une réserve appréciée - travaillent pour que l’escalade ne meure pas. Pour que la pression monte. Et c’est ainsi qu’une émeute comme celle de Victoriaville a bouleversé la population à cause de ses excès, venus il nous semble tant du camp policier que du camp manifestant.
Au jour 88 du conflit devenu crise, les projecteurs doivent être retournés sur le fond du problème. Bien que le périphérique ait pris beaucoup d’espace, c’est bel et bien d’une sortie de crise qu’on doit discuter, plus que de la violence et de l’intimidation. Condamner ces gestes inacceptables devrait aller de soi, et pour tous, groupes étudiants compris. Mais de grâce, qu’on retourne au fond ! N’est-ce pas donner force à cette violence que de lui laisser occuper toute la vitrine - ce que sans doute ces groupes abonnés au désordre souhaitent plus que tout : la déstabilisation, l’oeil des médias, puis la sanction politique officielle, le tout venant accréditer une théorie selon laquelle la démocratie à la libérale n’est bonne qu’à mettre au panier.
Alors quoi ? Alors, redonnons la scène aux vrais acteurs. Pas la scène de la rue, mais celle du retour à l’échange, pour peaufiner cette entente partout rejetée massivement. Faire courir le temps davantage sans agir, à part commenter les événements du jour de part et d’autre, équivaut à laisser la tribune aux semeurs de trouble.
Hors des micros et de la scène publique, parlez-vous, travaillez les zones communes, négociez, favorisez cette fin de crise avant que l’escalade s’aggrave.


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