Un conflit qui s’est enlisé comme celui dont nous espérons tous la fin ne laisse sur le terrain que des éclopés - au figuré comme au propre… Ils sont nombreux, de tous les côtés, et les plaies à panser, béantes. Cette négociation de la dernière chance, menée sur fond de violence extrême à Victoriaville, renvoie la sortie de crise à un scénario fondé sur l’hypothétique. Rien n’est gagné.
Campés sur des principes aussi inconciliables qu’inébranlables, le camp gouvernemental et celui des étudiants ne pouvaient espérer se rejoindre sur la hausse des droits de scolarité. Ces douze semaines d’un conflit si mal géré qu’il a mené au chaos - oui, au chaos - ont vite permis de le comprendre.
Il fallait donc trouver une « troisième voie », celle du compromis, pour essayer de sortir de l’impasse. C’est sur une prétention de mauvaise gestion universitaire, seul terrain de discussion possible, que fut échafaudée l’« entente ». La mise en place d’un comité provisoire sur la gestion des universités rejoint (presque) tout le monde : Québec, qui est l’auteur d’un projet de loi 38 sur la gouvernance des universités même s’il est mis en veilleuse ; les centrales syndicales, qui croient que le préalable à une hausse des droits est un état de situation financier ; et les étudiants, qui jusque dans leurs contre-offres, déplorent que l’on refinance grassement des universités dont on soupçonne des vices de gestion.
Grandes, grandes perdantes ? Les universités ! Gros-Jean comme devant, les voici condamnées à financer une hausse qu’on leur destinait pour survivre ! Les recteurs paient la totale incapacité des deux parties à s’entendre sur le terrain des droits de scolarité ; l’examen promis par un Conseil des universités où risque de renaître la guerre des idéologies est prometteur, mais sera-t-il salvateur ? Il est permis d’en douter.
Dans l’espoir de « sauver la face », le camp de négociateurs aguerris accompagnant la ministre Line Beauchamp et les quatre groupes étudiants (trois chefs syndicaux n’ayant pas la langue dans leur poche, une présidente du Conseil du Trésor ex-ministre de l’Éducation, un président de la Fédération des cégeps ancien négociateur gouvernemental, plus le négociateur en chef de Québec !) ont concocté un concept qui permet à la fois au gouvernement de clamer qu’il maintient sa hausse de 127 $ par session dès l’automne et aux étudiants d’affirmer qu’ils ont gagné le gel des droits pour la prochaine session.
En effet, la facture étudiante comportera un compte à payer de 127 $ en septembre, qui ne sera pas acquitté si d’aventure le comité sur la gestion des universités faisait la preuve en décembre 2012 qu’on pouvait économiser cette somme. Et s’il y en a plus ? Chaque dollar économisé réduira la facture étudiante. Et s’il n’y en a pas ? La hausse s’appliquera. Tout cela laisse un goût amer.
C’est sur l’hypothétique et un certain flou que reposent donc tous les espoirs. Mais pour sortir d’un conflit enlisé au point que des sessions sont en péril, les décrocheurs se multiplient, les blessés s’additionnent, il s’agit d’un effort intéressant, assorti de mesures d’atténuation appréciables du côté du régime de prêts et bourses. Le risque est toutefois grand que les assemblées étudiantes, ulcérées en outre dès hier par des déclarations ministérielles maladroites évoquant la ligne dure des étudiants et le maintien de la hausse, ne gobent pas cette « troisième voie ». Non, rien n’est gagné.
Conflit étudiant
Goût amer
Campés sur des principes aussi inconciliables qu’inébranlables, le camp gouvernemental et celui des étudiants ne pouvaient espérer se rejoindre sur la hausse des droits de scolarité. Ces douze semaines d’un conflit si mal géré qu’il a mené au chaos - oui, au chaos - ont vite permis de le comprendre.
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