Le devoir de classe

Si on doit aider quelqu’un, fatalement, on favorise d’abord un membre du club...

Chronique de Louis Lapointe

D’habitude, Yves Boisvert est moins tendre avec les péquistes.
Pas de jugement lapidaire contre André Boisclair dans sa chronique de ce matin, De Boisclair à Duchesneau.
Boisvert évoque plutôt un «fragment d'irrégularité» dans l'annonce d’une subvention de 2.6 millions pour la «mise en valeur» de l’Église St-James sur la rue Sainte-Catherine à Montréal en 2003, quatre jours avant les élections provinciales.
Même l'entrepreneur Paul Sauvé, un ami d'André Boisclair, a droit à un bon mot pour sa restauration «très réussie» de l'Église St-James.
Une chronique où il enjoint cependant Jacques Duchesneau à présenter ses excuses à André Boisclair.
Boisclair serait-il une exception ?
Étrange…
Qu'y a-t-il de commun entre l’entrepreneur Paul Sauvé, le politicien André Boisclair et le journaliste Yves Boisvert ?
Contrairement à Jacques Duchesneau, ils ont tous les trois fréquenté le très prestigieux collège Jean-de-Brébeuf.
Il n'y a pas d'amalgame ici, juste une vague impression que pouvait se cacher un ancien Brébovin derrière le journaliste.
Ce n’est d'ailleurs pas la première fois que Boisvert ménage Boisclair contre toute attente.
Pour s’en convaincre, il faut lire ce qu’il écrivait à son sujet en mai 2007.
«Au collège Brébeuf, la légende raconte qu’on s’était assuré très tôt de séparer André Boisclair et un certain Marc-André Blanchard afin qu’ils puissent les deux être présidents de leur classe. Jusqu’à hier, André Boisclair était chef du PQ. Son vieil ami l’avocat Marc-André Blanchard est président du Parti libéral du Québec depuis sept ans - lui aussi sur le point de quitter temporairement la politique.
« Ça faisait trois jours qu’ils avaient commencé leur secondaire, on voyait qu’ils voulaient être premier ministre tous les deux ! » se souvient un ancien du collège. D’autres disent que ce n’est que beaucoup plus tard qu’il a manifesté une ambition politique.
Mais aussi loin qu’on se souvienne, il a fait de la politique étudiante. « C’était le gars toujours disponible pour aider, impliqué dans tous les trucs, les associations, les organisations, il parlait à tout le monde et tout le monde lui parlait. Le genre à aller saluer le directeur et à se faire remarquer. » Pas premier de classe, mais bon élève, pas vedette de sport, mais pas vilain pour autant.
« Il avait une énergie débordante, il était intense, rieur aussi », dit un autre.(…) »
La vieille ambition d’un jeune homme


S’il n’avait pas fréquenté le même collège qu'André Boisclair, aurions-nous eu droit à autant de réserve aujourd’hui et à un si beau devoir de classe débordant de mansuétude il y a 6 ans?
Une situation qui n’est pas très éloignée de celle que je décrivais dans ce billet en octobre 2008:
«Un éditeur, provenant tout comme moi du réseau d’écoles publiques et d’une région éloignée, m’a confié, un jour, que même s’il côtoyait les plus grands de notre profession, plusieurs étant ses meilleurs amis, jamais lui ou moi ne pourrions accéder à ces réseaux bâtis de longue date. Ces gens-là forment des « clubs » et se protègent en se favorisant mutuellement, la compétence demeurant une considération bien secondaire. La force de ces réseaux réside indubitablement dans leur étanchéité. Si on doit aider quelqu’un, fatalement, on favorise d’abord un membre du club.
Voilà à quoi servent les meilleures écoles privées et pourquoi tant de parents veulent y envoyer leurs enfants. Plus elles seront réputées, plus elles attireront de riches rejetons et, de ce fait, les réseaux qui s’y formeront ne seront que plus influents. Ainsi, les finissants de ces écoles, qui accéderont un jour ou l’autre au prestige du pouvoir, sauront en leur for intérieur que leur ascension est plus le fruit des liens qu’ils ont tissés au collège que de leur talent et, en conséquence, ne seront que plus généreux envers leur alma mater, sans qui leur succès personnel n’aurait jamais été aussi important.»
Le mythe de l'école privée

Si on doit aider quelqu’un, fatalement, on favorise d’abord un membre du club...
Pro domo aurait titré Foglia.
Un constat que partage probablement André Pratte, un ancien Brébovin tout comme Sauvé, Boisclair et Boisvert.
Parions que Jacques Duchesneau n'aurait jamais calomnié André Boisclair si lui aussi avait été un ancien de Brébeuf.
Difficile de s'attaquer à un membre de son Alma mater, surtout lorsqu'il s'agit d'une légende vivante comme nous le raconte si bien Yves Boisvert.

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Louis Lapointe534 articles

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L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.





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1 commentaire

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    30 septembre 2013

    "Si ça s'trouve", Boisvert vous a lu! Beau dommage qu'il se reprend maintenant: il truffe toutes ses interventions des "questions qui seraient posées" à Bosclair en Cour: Combien de fois par jour, acheté de qui, combien ça coûtait, quand avez-vous cessé?...
    Non, il n'a pas changé, Boisvert, un fouille-m...