LAÏCITÉ

Le débat n'est pas terminé

Tribune libre

(Texte corrigé, 10 novembre 2010)

Le lundi 20 septembre dernier avait lieu un débat organisé par les
Intellectuels pour la Souveraineté ayant comme thème Une charte de la
laïcité pour un Québec indépendant. L’animation était assurée par Micheline
Labelle, professeure en sociologie à l’UQAM et vice-présidente des IPSO.

Deux visions s’y sont affrontées. Louise Beaudoin, députée de Rosemont pour
le Parti Québécois et Louis Rousseau, professeur de sciences des religions
à UQAM faisaient la promotion de la laïcité « simple ». De l’autre côté, la
laïcité ouverte était défendue par Jean Dorion, député de Longueuil-Pierre
Boucher pour le Bloc Québécois et Guy Rocher, professeur de sociologie à
l’Université de Montréal.

Jean Dorion croit que la cible du débat est le voile des musulmans, il
trouve dommage de voir des amis musulmans qui étaient hier des supporteurs
du PQ le quitter en raison des commentaires antimusulmans qu’ils y
entendent parfois. Selon lui, il faut tenir compte de l’opinion du reste du
Canada :

« le refus de tout accommodement raisonnable n’est majoritaire qu’au
Québec. D’après sondage de sept 2007, 64% des Québécois n’en veulent aucun.
Bien sur, on a le droit de contrarier tout le reste du continent […], mais
je pense que l’enjeu doit en valoir la peine parce que dans chaque cas, il
y a des coûts. Plus on multiplie les cas, plus on permet à nos adversaires
de les relier entre eux pour peindre le Québec comme une forteresse de
toutes les intolérances. »

Pour sa part, Guy Rocher a fait savoir que la déconfessionnalisation des
institutions publiques s’est faite par de grands sacrifices de la part des
religieux. Ils ont même retiré leurs habits religieux pour enseigner et il
serait dommage que ces sacrifices aient été faits pour rien.

D’ailleurs, selon monsieur Rocher, « introduire des exceptions est déjà
aller à l’encontre du respect de la diversité ». Pour réfuter les arguments
évoqués par la partie adverse, il a aussi souligné que « l’Indépendance du
Québec ne sera jamais acceptée par le reste du Canada et ce n’est pas en
nous pliant à la mentalité canadienne-anglaise que nous la ferons accepter
».

Une centaine de personnes étaient sur place et on percevait très clairement
les divergences d’opinions dans l’auditoire lors de la période de
questions. La division sur le sujet était très forte et il n’a pas été
possible de déterminer une tendance.

Fait intéressant à signaler, monsieur Rocher, qui a notamment été
enseignant de Jean Dorion, avait refusé une invitation de Jean Charest à un
hommage aux artisans de la Révolution tranquille qui avait lieu cette même
soirée. Monsieur nous a mentionné qu’il ne s’était pas senti dans un état
d’âme pour participer à ce genre d’activités et qu’il avait des obligations
bien plus importantes.

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4 commentaires

  • Xavier Duval Répondre

    10 novembre 2010

    Toutes mes excuses, je vais faire parvenir à mr. Frappier les corrections nécessaires, je vous remercie pour la correction.

  • Pierre Leyraud Répondre

    9 novembre 2010

    Mais vous êtes complètement dans les patates! Vous attribuez à Louis Rousseau les propos de Guy Rocher. Quelle méprise! J'étais à ce débat, c'est bien Guy Rocher qui a été le professeur de Jean Dorion et non Rousseau et Guy Rocher est tout à fait opposé à la laïcité dite ouverte. Il n'arrête pas de dire quand il parle de laïcité de dire laïcité tout court, sans adjectif. C'est aussi Guy Rocher qui a dit que le Canada n'acceptera jamais l'indépendance du Québec et il s'est démarqué très clairement de Jean Dorion. Il suffit de savoir qu'il est un des deux instigateurs de la Déclaration des intellectuels pour la laïcité - Pour un Québec laïque et pluraliste qui s'opposait justement au Manifeste pour un Québec pluraliste. Et c'est bien Guy Rocher qui a dit que, plutôt d'aller à Québec où Charest recevait les artisans de la révolution tranquille, il préférait être à ce débat.

  • Archives de Vigile Répondre

    9 novembre 2010

    Le compte rendu mélange les positions de deux intervenants : celle de Guy Rocher qui est un militant pour la vraie laïcité et celle de Louis Rousseau qui est plutôt favorable à la laïcité ouverte au religieux.
    Guy Rocher est une des initiateurs de la Déclaration des intellectuels pour la laïcité (http://www.quebeclaique.org/2010/03/declaration-des-intellectuels-pour-la.html)
    et il a présenté un mémoire éloquent en faveur de la laïcité à la Commission parlementaire sur le projet de loi 94
    (http://www.assnat.qc.ca/fr/travaux-parlementaires/commissions/ci-39-1/journal-debats/CI-101019.html#16h)

  • Archives de Vigile Répondre

    8 novembre 2010

    À mon avis ils sont tous dans le champ. Eux aussi passent à côté de l'essentiel.
    Il est évident qu'ils ont manqué à leur devoir d'intellectuels en ne s'entendant pas au préalable sur la définition de la laïcité.
    Il est impossible de tenir un débat sensé si tous les acteurs ont une définition différente du sujet.