Du mensonge à la médiocrité

Le courage de s’indigner

Le Québec n’est plus le pays de l’espoir depuis qu’il est gouverné par des menteurs

Chronique de Louis Lapointe

« L’espoir, plus jamais la peur! » en Amérique. « Les meilleurs et les plus brillants » pour réaliser le rêve américain. Ces paroles sont celles du nouveau président américain, Barack Obama. Pendant ce temps, ici, au Québec, ce sont les plus médiocres qui sont appelés à servir, alors que c’est la peur qu’ils inspirent qui leur permet de se maintenir. Même s’ils commettent les gestes les plus absurdes dans l’accomplissement de leur tâche, ils savent d’expérience que leurs subordonnés préféreront se taire plutôt que de les dénoncer et de révéler publiquement la bêtise dont ils ont été témoins.
S’il a déjà été le lieu de l’espoir, le Québec est devenu celui de la médiocrité de ses chefs et de la peur qu’ils inspirent. Ainsi, les deux dernières campagnes électorales nous ont permis d’assister à l’élection de ceux qui nous ont conté les plus gros mensonges. Nombreux sont ceux qui les ont crus lorsqu’ils nous ont dit que le Canada et le Québec ne vivraient pas les effets de la récession, que l’économie continuerait à croître, alors que nous savons tous maintenant que le Canada et le Québec devront fortement s’endetter pour survivre à la crise.
On nous assurait également que la Caisse de dépôt ne connaissait aucun problème. Maintenant que l’élection est chose du passé et que Jean Charest a été majoritairement réélu, on nous apprend que le président de la CDP a été congédié et que le mandat du président de son conseil ne sera pas renouvelé. Le pire, c’est que ce seront probablement d’autres petits amis du parti qui les remplaceront, pas les meilleurs et les plus brillants, « the best and the brightest » comme dirait Barack Obama. Contrairement à ce que nous percevons chez nos voisins de sud, ce n’est pas l’espoir que nous inspirent les décisions de nos dirigeants, mais plutôt la peur.
Alors que le nouveau président américain parle de « refaire l’Amérique », nous assistons muet, sans nous indigner, au démantèlement de ce qui a fait le succès du Québec des quarante dernières années. Loin d’améliorer la situation, la saga du CHUM et du MUCH nous démontre à quel point nos élus ont totalement perdu le contrôle de la situation, préférant continuer à nous mentir plutôt que de dire la vérité au sujet de l’échec des PPP, comme ce fût le cas à l’UQAM, tout comme Monique Jérôme-Forget et Jean Charest l’ont fait à l'occasion de la dernière campagne électorale, lorsqu’ils ont sciemment menti à la population au sujet de la baisse des transferts de péréquation en provenance du gouvernement fédéral qu’ils disaient être de 75 millions $ bien qu’ils savaient déjà qu'elle serait de 1 milliard $ pour le Québec.
Voilà où mène le mensonge, à la médiocrité, et ce n’est pas fini! Le gouvernement s’apprête à réformer les règles de gouvernance des établissements du réseau de la santé et des services sociaux et des universités et à donner le feu vert à de nombreux projets qui engloutiront des milliards de dollars de nos taxes dans le béton. Confieront-ils ces travaux aux meilleurs et aux plus brillants, « the best and the brightest » comme dirait Barack Obama, ou aux amis du parti ?
Le Québec n’est plus le pays de l’espoir depuis qu’il est gouverné par des menteurs, mais bien celui de la peur, celle de critiquer, de dénoncer et de s’indigner. Sans courage, il ne peut y avoir d’espoir, celui de construire un pays où la justice et le partage régneront enfin!

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Louis Lapointe534 articles

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L'auteur a été avocat, chroniqueur, directeur de l'École du Barreau, cadre universitaire, administrateur d'un établissement du réseau de la santé et des services sociaux et administrateur de fondation.





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