Le Canada au G20 - Dur apprentissage

La disproportion de ce milliard pour la sécurité était par trop évidente, alors même qu'ils étaient là à discuter de réduction de déficits.

G-8, G-20 - juin 2010 - manifestations et dérives policières



Le gouvernement Harper croyait peut-être avoir eu l'idée du siècle en consacrant 1,2 milliard de dollars à la sécurité et à la promotion touristique du Canada à l'occasion des sommets du G8 et du G20 du week-end dernier. L'image idyllique d'un pays pacifique n'aura pas fait le tour du monde comme cela était espéré. Les caméras ont plutôt retenu les affrontements entre policiers et manifestants. Et pour couronner le tout, il aura reçu les critiques à peine voilées du président Sarkozy, hôte du prochain sommet, pour avoir dépensé dix fois trop pour la sécurité.
Les propos du président français montrent bien que les clôtures érigées pour protéger les chefs d'État et de gouvernement n'ont pas entièrement coupé les invités de Stephen Harper des événements de la rue. La disproportion de ce milliard pour la sécurité était par trop évidente, alors même qu'ils étaient là à discuter de réduction de déficits.
La contradiction entre le geste et la parole plaçait d'entrée de jeu le premier ministre Harper dans une situation inconfortable. À titre de président des deux sommets, il lui revenait d'être le catalyseur d'un consensus en faveur de l'adoption de programmes d'austérité. Il n'a réussi à vaincre les résistances de tout un chacun qu'avec l'aide du président des États-Unis, Barack Obama, et de la chancelière allemande, Angela Merkel. À l'exception du Japon, tous ont accepté le principe d'une réduction de moitié de leurs déficits budgétaires d'ici 2013. Un engagement avant tout moral que chacun interprétait à sa manière dès les minutes suivant la fin du sommet.
Arracher cet engagement était vital pour Stephen Harper. Sans un communiqué définitif faisant état de progrès vers le rétablissement des équilibres budgétaires, son nom aurait été associé à un échec, ce qu'il ne voulait pas, ne serait-ce que pour son image auprès de l'électorat canadien. Un échec dont personne ne voulait au sein du G20 qui, après seulement deux ans d'existence, doit apprendre à marcher.
À partir de cette expérience unique d'avoir eu à présider consécutivement deux sommets, Stephen Harper aura pu constater que le poids du Canada demeure relativement faible. Cet état de fait est bien illustré par son incapacité à convaincre les autres pays membres du G8, des pays tous plus riches que le Canada, d'être aussi généreux que celui-ci pour soutenir son projet de santé maternelle dans les pays en voie de développement. Au total, M. Harper leur aura arraché des engagements de 3,9 milliards de dollars sur cinq ans auxquels il a ajouté 1,1 milliard.
Pour faire mieux, il aurait fallu que M. Harper jouisse d'une influence personnelle plus grande auprès de ses homologues, chose qu'il n'a pas spontanément cultivée. Depuis qu'il est premier ministre, il s'est montré peu intéressé par les grands enjeux internationaux, préférant s'attarder à un Tim Hortons plutôt que de participer à un débat aux Nations unies. Si elle ne fut pas catastrophique, sa présidence de ces deux sommets aura constitué un début difficile qui lui aura sans doute permis de changer de point de vue. Du moins, il faut l'espérer.


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