Est-ce le «syndrome Charest»?

G-8, G-20 - juin 2010 - manifestations et dérives policières



Comme vous le savez sûrement, l'histoire des 1 090 arrestations faites lors du G20 à Toronto, et dont la plupart furent arbitraires et accompagnées de conditions de détention humiliantes, est loin d'être terminée.
Vendredi matin, l'Ombudsman de l'Ontario annonçait d'ailleurs sa propre enquête sur le fameux règlement adopté en catimini par le gouvernement ontarien de Dalton McGuinty, lequel aurait permis aux différentes forces de police présentes d'élargir considérablement leurs pouvoirs.
Au point où en deux jours, elles ont arrêté deux fois plus de personnes que pendant les mois où a duré la Crise d'Octobre de 1970. Moment auquel la plupart des arrestations furent également arbitraires parce que, dans ce cas-là, conduites sous la Loi des messures de guerre adoptée par le gouvernement Trudeau et suspendant les libertés fondamentales.
Surtout, depuis le G20, les demandes pour une commission d'enquête publique et indépendante sur ces événements (in)acceptables pour une démocratie se multiplient à vue d'oeil à travers le Canada. Même Amnistie Internationale en demande une!
Mais Stephen Harper, qui aura portant dépensé au moins 900$ millions d'argent public pour la «sécurité», refuse de le faire. Et Dalton McGuinty, malgré qu'il soit responsable du décret en question, refuse également.
Bref, le «syndrome Charest» (dire «non» à une commission d'enquête malgré des allégations troublantes qui se multiplient), semble être contagieux par les temps qui courent...
Et si cette commission d'enquête, on la demande à ces deux premiers ministres, c'est que le «problème» au G20 n'est pas le seul produit des forces policières, mais bien aussi du politique dont la police prend ses ordres.
Mais en refusant d'aller au fond des choses, les gouvernements Harper & McGuinty font fi de leur propre imputabilité politique. C'est ce que j'expliquais, entre autres choses, ce samedi matin à la Bourse de l'actualité de «Samedi et rien d'autre» sur les ondes de la Première chaîne de Radio-Canada.
C'est d'ailleurs ce que j'analysais dans ma chronique de The Gazette en listant aussi les raisons militant en faveur d'une vraie commission d'enquête.
Et ce sont de telles raisons que donne ce matin un important éditorial du Toronto Star.
Et tenez, voilà qu'aujourd'hui, le député de Québec solidaire, Amir Khadir, fut une des personnes ayant payé la caution pour la libération de Jaggi Singh - militant antimondialiste connu.
Ce qui, hormis le Bloc québécois et des voix montantes dans la société civile (1), fait encore plus ressortir le silence de la majeure partie de la classe politique québécoise sur les événements du G20, alors qu'on y a arrêté plusieurs centaines de citoyens, dont des Québécois (2), pour le seul «crime», semble-t-il, d'avoir tenté d'exprimer un point de vue différent de celui des leaders les plus puissants du monde. Car on parle bien ici de manifestants et de citoyens qui n'ont pas eu recours à la violence.
Un silence d'autant plus étonnant que le Québec a justement connu en 1970 son lot d'arrestations arbitraires faites pour limiter la liberté d'expression des gens...
Comme quoi, la mémoire est une faculté qui oublie, alors qu'elle devrait au contraire être activée par de tels événements.
Mais même si le Québec n'avait pas connu une telle chose dans le passé, ce qui s'est passé à Toronto devrait concerner les politiciens de tout le Canada, dont ceux du Québec. Et ce, pour une raison fondamentale: l'importance de protéger la démocratie et le libre exercice de la liberté d'expression.
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(1) http://droit-inc.com/article4174-Sommet-du-G20-Nous-reclamons-une-enquete-
(2) http://ruefrontenac.com/nouvelles-generales/international/24878-arrestations-au-g-20
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