La Révolution tranquille

Hier, l'éducation; aujourd'hui, le savoir

Révolution tranquille - 50 ans!



C'était il y a 50 ans. Ce 22 juin 1960, les Québécois portaient au pouvoir le Parti libéral de Jean Lesage. La rupture avec la période Duplessis étant consommée s'ouvrait alors une ère nouvelle, celle de la construction du Québec moderne. Tout devenait possible. Tout a-t-il été réussi? Des chantiers doivent être terminés.
Si le 22 juin 1960 est une date charnière, il ne faut pas croire pour autant que la période de la Révolution tranquille a débuté ce jour-là. Une telle chose n'arrive pas sans que les «conditions gagnantes» soient réunies. Pendant la période dite de la «grande noirceur» du régime duplessiste, il y avait suffisamment de lumière pour amorcer les changements. Des changements rendus inéluctables par la pression démographique.
À l'époque, le Québec n'est pas différent à cet égard du reste de l'Occident. En 1960, ici aussi, une marée de jeunes se prépare à entrer à l'université ou sur le marché du travail, sauf que l'on n'est pas prêt à les y accueillir. Le rattrapage social et économique du Québec s'amorce d'autant plus rapidement que la conjoncture est favorable. Sorti de la période duplessiste sans dette accumulée, le Québec peut investir dans de nombreux projets d'infrastructures.
De cette période, on retient d'abord la nationalisation de l'électricité, qui permettra aux Québécois de prendre en main leur destin économique. Hydro-Québec est la réponse des francophones au président du Canadien National, Donald Gordon, qui ne les jugeait pas assez compétents pour diriger. L'État québécois, «notre millionnaire à nous» selon le mot de Camille Laurin, deviendra le principal levier du développement économique de la province avant que le «Québec inc.» puisse prendre la relève.
Le préalable à la «révolution économique tranquille» était toutefois l'éducation. Dès le lendemain de l'assermentation de son cabinet, Jean Lesage confiera au ministre de la Jeunesse la responsabilité exclusive de l'instruction publique. Rapidement, le ministre, Paul Gérin-Lajoie, amorcera la révolution du secteur de l'éducation. La commission Parent le guidera dans la mise en place du réseau d'établissements que l'on connaît aujourd'hui.
Les six années de gouvernement Lesage furent certainement les plus fécondes de l'histoire du Québec. Le changement le plus important est d'abord culturel. La société québécoise se prend en main, se donne des outils de développement, s'ouvre au monde. Elle acquiert une confiance en son avenir qu'elle n'avait pas jusque-là. Elle effectue un rattrapage social et économique pour ne plus être à la traîne des autres provinces. Aujourd'hui, les Québécois francophones ont un niveau de revenu égal ou supérieur à celui de leurs concitoyens anglophones. Il dépasse même celui des Ontariens si l'on tient compte du coût de la vie. Il est vrai que le Québec n'est pas encore en tête du peloton, comme le symbolise le fait qu'il dépende encore de la péréquation pour équilibrer ses comptes.
Le chantier le plus important pour l'avenir du Québec, hier comme aujourd'hui, demeure l'éducation. À cet égard, on ne peut se satisfaire du taux de diplomation secondaire qui stagne à 69 % alors qu'en Ontario il est de 77 %. Ni des 28 % des jeunes de 25 à 34 ans qui ont un diplôme universitaire, comparativement à 39 % pour les pays de l'OCDE. Avec la marée des baby-boomers qui arrivent à la retraite, le déficit de création de richesse qui s'ensuivra ces prochaines décennies ne pourra être comblé que par une population plus instruite et plus productive. Le défi est celui du savoir. Il appartient à l'État de mettre en place les outils pour dispenser le savoir. Mais il reste à chacun la responsabilité de valoriser le savoir et de vouloir apprendre. Un défi collectif.


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