Crise au Parti québécois

Landry déplore la «gouvernance souverainiste»

2012 - Crise au PQ - leadership


Québec — L'élément «toxique» à la racine des problèmes du Parti québécois de Pauline Marois, c'est la «gouvernance souverainiste», estime Bernard Landry. L'ancien premier ministre l'explique dans une lettre ouverte publiée ce matin en nos pages, missive ponctuée par un «l'heure du réveil a sonné». Soutenant ne pas vouloir «personnaliser le débat», M. Landry n'y nomme pas Pauline Marois — ni tout autre nom d'ailleurs. «En tout respect pour ceux et celles qui, de bonne foi, ont concocté ce contenu inapproprié dénommé "gouvernance souverainiste" celui-ci, à l'examen, paraît largement à l'origine de nos difficultés», opine-t-il.
L'entourage de Pauline Marois s'inquiétait de la publication de cette lettre. Finalement,
M. Landry n'y réclame pas le remplacement de la chef. «La détresse actuelle de notre parti ne peut donc se résumer à une seule question de leadership», écrit-il notamment. La lettre est datée du 21 janvier, soit samedi? Depuis, l'a-t-il modifiée, puisque c'est le lendemain que le chef du Bloc faisait savoir qu'il renonçait à un retour en politique? Au Devoir, dimanche, M. Landry avait certifié ne pas y avoir changé un mot.
Même s'il ne s'en prend pas à la chef actuelle, Bernard Landry soutient que les personnes qui dirigent le PQ ont toutefois un «devoir crucial et impérieux: mettre l'intérêt national avant toute forme d'ambitions personnelles».
L'ancien premier ministre croit-il que Mme Marois fait l'inverse? Il a refusé toute demande d'interview hier, préférant voir sa lettre publiée d'abord. S'il ne condamne pas Pauline Marois, M. Landry s'en prend toutefois frontalement à sa stratégie centrale, celle qui se trouve au coeur de l'actuel programme du parti: la gouvernance souverainiste. Selon M. Landry, il s'agirait en fait de se comporter comme si le Québec était indépendant. «Une telle doctrine envoie le message que si l'on peut agir en État souverain sans l'être, la souveraineté n'est donc pas indispensable», écrit-il. Par conséquent, le PQ doit à son sens «renouer clairement avec sa raison d'être, et l'esprit du programme voté en 2005».
Au passage, M. Landry lance une flèche à François Legault, rappelant que le chef de la Coalition avenir Québec et comptable de formation a déjà préparé un «budget du Québec souverain» qui illustrait les «immenses pertes matérielles liées à notre statut provincial». Au dire de M. Landry, l'idéal souverainiste est «incontournable» et n'est «ni de droite ni de gauche», mais il est «en avant».
M. Landry croit qu'il faut remettre le «Cap sur l'indépendance». À ceux qui diront que l'option est en panne, il rétorque que «les sondages mettent la souveraineté plus haute aujourd'hui que dix mois avant le référendum de 1995!».
L'ancien premier ministre met toutefois en garde les indépendantistes contre la dispersion et leur enjoint de sauver le Parti québécois. Il faudrait le «sauver dans l'unité, plutôt que chercher de lentes et incertaines alternatives». Sans les nommer, M. Landry fait référence à ces initiatives récentes: le nouveau parti Option nationale de Jean-Martin Aussant et le Nouveau Mouvement pour le Québec.
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Un appui tardif pour Duceppe

Le directeur du syndicat des Travailleurs canadiens de l'automobile (TCA), affilié à la FTQ, Jean-Pierre Fortin, aurait souhaité que Gilles Duceppe remplace Pauline Marois à la tête du PQ. Il l'a confié hier au Devoir, soulignant que l'ancien chef du Bloc «est une personne beaucoup plus près de la classe ouvrière et des syndicats que Mme Marois ne l'est». Sous la gouverne de cette dernière, le PQ a, à ses yeux, manifesté une «totale indifférence à l'égard du mouvement syndical».
M. Fortin donne donc raison à Réjean Parent, de la CSQ, qui pourfendait de manière similaire Pauline Marois, dans une interview à L'Aut'Journal, vendredi. M. Parent estimait que la chef péquiste avait erré dans les dossiers des Commissions scolaires, de la réforme de la loi sur les briseurs de grève et du placement syndical dans le milieu de la construction. Dans ce dernier dossier, M. Fortin estime que Mme Marois «aurait dû au moins tenter de connaître la position des syndicats impliqués», ce qu'elle a omis de faire selon lui. «Souverainiste convaincu» depuis qu'il a l'âge de voter, M. Fortin soutient qu'il remet en question son appui au PQ. Seul ce dernier pourrait permettre de réaliser la souveraineté, nuance-t-il, mais, dirigé par Mme Marois, «le navire risque de sombrer, d'éclater par l'intérieur», soutient-il.


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