Bergeron, Maxime - Le Québec peut "absolument" compter sur un approvisionnement en gaz naturel liquéfié (GNL) de la Russie, a affirmé hier l'ambassadeur russe à Ottawa, mais pour un seul des deux terminaux méthaniers projetés dans la province.
Il y a deux semaines, le géant russe Gazprom, contrôlé par le Kremlin, a annoncé qu'il ne construirait pas son usine de liquéfaction près de Saint-Pétersbourg, sur la mer Baltique. Ce changement de cap a forcé Petro-Canada à suspendre son projet de port méthanier de Gros-Cacouna, faute de GNL.
Il semble toutefois que le futur port méthanier Rabaska (un projet conjoint de Gaz Métro, Enbridge et Gaz de France), à Lévis, pourra compter sur du GNL fourni par Gazprom. "Absolument, vous allez en avoir, a dit l'ambassadeur Georgiy Mamedov. La question a toujours été de savoir si ce sera Petro-Canada ou Gaz Métro. Maintenant, il semble que ce sera Gaz Métro."
L'entente entre Gazprom et Rabaska ne sera pas annoncée avant le mois de mai si elle se concrétise, a averti M. Mamedov, qui participait à une conférence organisée par le Conseil des relations internationales de Montréal.
"Il faut se rappeler qu'on a des élections qui s'en viennent en Russie, a-t-il dit en marge de l'événement. Après les élections, il y aura un nouveau gouvernement. Alors il faudra attendre jusqu'en mai pour ce nouveau gouvernement, car le gouvernement contrôle beaucoup d'actions de Gazprom."
Si l'entente va de l'avant, l'approvisionnement en GNL débutera au plus tôt en 2014. Le gaz proviendrait du gisement de Shtokman, dans la mer de Barents, qui en est à sa première phase de développement.
Avec ses 3800 milliards de mètres cubes de gaz, le réservoir de Shtokman est gigantesque, a souligné à La Presse Affaires Glenn Kelly, président de Rabaska. "Pour vous donner un ordre de grandeur, ces réserves de gaz sont deux fois plus importantes celles de tout le Canada."
Rabaska espère démarrer ses activités en 2011, alors il pourrait avoir à trouver un fournisseur temporaire d'ici 2014. Le groupe pourrait aussi choisir de faire affaire avec un tout autre partenaire que Gazprom, a rappelé M. Kelly. Ou encore démarrer ses activités seulement en 2014. Le dirigeant espère conclure une entente d'ici l'été prochain.
Le président de Rabaska - un projet de 840 millions de dollars - reconnaît que la demande mondiale en GNL est très forte, mais il affirme que le marché nord-américain représente un fort potentiel pour les producteurs de gaz liquéfié.
Magnésium
Après sa conférence, l'ambassadeur Mamedov a aussi glissé quelques mots sur la possible relance des usines québécoises de magnésium Magnola et Norsk Hydro par des entrepreneurs russes.
Le premier ministre Jean Charest, qui a approché son homologue russe Viktor Zubkov à ce sujet, a dit en décembre dernier que la Russie était "intéressée".
"Nous avons plusieurs compagnies qui, selon nous, pourraient être intéressées, entre cinq et sept, et nous leur avons envoyé (la demande), mais personne n'a encore mis la main sur le sujet", a indiqué Georgiy Mamedov.
L'ambassadeur s'est par ailleurs montré emballé de la fusion projetée des Bourses de Montréal et Toronto. La nouvelle entité sera beaucoup plus accueillante pour les entreprises russes que les Bourses "traditionnelles" de Londres, New York et Hong Kong, a-t-il dit.
"Quand je parle aux dirigeants des Bourses de Montréal et Toronto, ils m'indiquent combien cette fusion va aider les sociétés internationales de petits calibres à faire des premiers appels publics à l'épargne, a souligné M. Mamedov. Je les trouve très convaincants."
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