La recette du pays

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Prenez une belle piéce de constitution, assaisonnez d'un mélange de propositions épicées, et faites mijoter le tout à feu doux pendant cinq ans





Les Québécois n’ont pas été habitués à ça avec les libéraux mais leurs méninges seront vite sollicitées si Jean-François Lisée prend le pouvoir en 2018.


Parce que le chef du PQ envisage un programme chargé: l’élection d’une assemblée constituante, l’élaboration d’une constitution, la tenue d’une grande consultation populaire, sans parler des affaires courantes et des imprévus.


Bref, avec un gouvernement Lisée, il y en aura pour tout le monde et les habitués aux batailles référendaires auront de quoi s’émerveiller à nouveau.


M. Lisée s’est rangé aux propositions de Québec solidaire qui, depuis dix ans, prône la définition d’une constitution, suivie de l’élection au suffrage universel d’une assemblée constituante elle-même formée de membres démocratiquement élus.


Constitution interne


Pour l’essentiel, avec un gouvernement Lisée, comme avec un gouvernement solidaire, on précisera les pourtours du pays avant de tenir un référendum.


Une constitution que l’on dit «interne» pour le moment mais qui donnera un aperçu des droits de tout un chacun dans un Québec indépendant. Ça semble compliqué mais on souhaite ainsi susciter l’effervescence. Et calmer les plus craintifs.


Déjà lancé sur le chemin des victoires, M. Lisée est manifestement optimiste. Dans le document de réflexion qu’il soumettra aux militants du PQ en fin de semaine, il précise que «le mandat du Parti québécois (qui) s’ouvrira le 1er octobre 2018».


Un premier mandat visant essentiellement à préparer le terrain à un troisième référendum sur la souveraineté; le compte à rebours débutera à l’automne 2022.


Bien sûr, M. Lisée s’engage à diriger un bon gouvernement. Soutenir l’économie, dépenser davantage en santé et en éducation et courtiser les immigrants. Et consolider la convergence, bien sûr.


La dépendance


Mais ces quatre années doivent permettre de «franchir l’indispensable pas» vers le pays, précise le document du PQ.


On y lit aussi, qu’un gouvernement Lisée ne donnera plus un sou au Lieutenant-Gouverneur du Québec. La somme en jeu est ridicule, environ 850 000 $ par année, mais l’objectif n’est pas financier.


Cette promesse est du même acabit que la série de rappels historiques préparée par le PQ pour le 150e anniversaire du Canada. On espère surtout embêter Ottawa.


Est-ce que ce sera politiquement payant? On verra si on peut piquer la curiosité 150 fois durant un an sans risquer un effet boomerang.


Certains applaudissent à cette initiative pour le moins facétieuse. Mais d’autres, même chez les souverainistes, répugnent à savoir exactement ce qui s’est passé jadis. C’est le réflexe de ceux qui regardent ailleurs en passant près des lieux d’un accident.


Les Québécois savent bien que le passé n’a pas souvent été heureux. Mais, comme disait René Lévesque, le Québec dans le Canada, ce n’est pas le goulag non plus.


La Belle Province offre à ses citoyens des services et des programmes sociaux d’une étendue incomparable. Elle dépense beaucoup plus que l’Ontario pourtant 50 % plus populeuse.


Ironie du sort, ce modèle compatissant soi-disant progressiste, défendu par les nationalistes comme M. Lisée, conduit davantage à la dépendance qu’à l’indépendance.




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