La "caricaturisation" du Québec

L'aliénation tranquille

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Indépendance - le peuple québécois s'approche toujours davantage du but!

Je suis un cours de littérature à l'université en Suède qui s'appelle "Le français dans le monde". Parmi les romans et récits faisant partie de la sélection à lire pour le cours, il y a Cérémonie pour le Maroc, de Chami-Kettani, Verre cassé pour le Congo, de Mabanckou, L'Île des rêves écrasés pour la Polynésie française, de Spitz, Le Temple de la grue écarlate pour le Viêt-Nam, des sœurs Tran-Nhut, La Joyeuse complainte de l'idiot pour la Suisse, de Michel Layaz, et finalement Bonbons assortis pour le Canada, de Michel Tremblay.
Le Maroc, le Congo, le Viêt-Nam et la Suisse sont des pays, la Polynésie française "est un pays d'outre-mer de la République française" et... le Québec est une province dans le Canada. Mais bon, vous le saviez certainement déjà tous. Pas besoin de rappeler aussi que le mot province vient du latin provincia qui signifie « pays vaincus » ou pro victis qui signifie « pour les vaincus ».
Nous, les Québécois, le savons que nous sommes majoritaires au Québec. Mais à l'étranger, les gens voient en premier lieu la carte du Canada, puis on leur dit qu'au Québec, eh bien on parle aussi "français", il y a du monde qui dans la défaite ont persévéré, etc. On a présenté le territoire du Québec comme une ancienne colonie française et une colonie britannique. Pour présenter le français parlé du Québec, le professeur d'université, qui est Français, a présenté la vidéo Le Willi Waller des Têtes à claques. Je croyais au début que c'était une farce, mais c'était sérieux. Soyez assurés, j'ai bel et bien expliqué que c'était une caricature, et que ça ne représentait pas le "québécois" de tous les jour. Je vous le jure, j'ai été un très bon ambassadeur.
J'ai été légèrement insulté, mais pas outre-mesure, parce que d'une certaine façon, quand un peuple majoritaire de sept millions de personnes sur un territoire circonscrit et partageant une longue histoire et une langue commune n'arrive pas à devenir un pays, je pense que ça ne peut pas faire autrement que de se transformer en caricature à la longue.
Nos parents, nos grands-parents, nos arrière-grands-parents, etc, ont préparé un pays, mais depuis 1995, plutôt que de se servir un pays presque fini (il ne reste plus qu'à s'asseoir à notre table), on se caricature une province, on préfère s'asseoir à la table des enfants, des petits, à côté de la table des grands, celle du ROC.
Regardez autour de vous, et vous allez la voir la caricature. Ne trouvez-vous pas que depuis l'élection de Jean Charest en 2003, le babysitter envoyé à la table des petits, le Québec devient une caricature? L'arrogance de Charest n'est-elle pas celle du cousin plus vieux qui s'est fait une place à la table des adultes, mais qui vient piger dans l'assiette des petits?
La création de la CAQ avec François "Oncle Tom" Legault, "souverainiste" qui croyait voilà pas si longtemps que sans mettre notre propre table pour le Québec, qu'il était impossible de changer le Québec, n'est-ce pas une autre belle caricature?
Le balayage du Bloc Québécois le 2 mai dernier, n'est-ce pas un désir de plusieurs Québécois de se joindre à la table des grands, sans se rendre compte qu'en réalité ils ne feront que manger les restes et faire la vaisselle? L'élection complémentaire prochaine dans Bonaventure, avec deux partis "souverainistes", et dont, semble-t-il, une candidate de Québec solidaire qui travaille aussi au NPD, tout ça, n'est-ce pas la "caricaturisation" du Québec?
En terminant, je crois que personne aime être vu comme étant une caricature, encore moins en être une. Les Québécois doivent choisir entre la nation ou l'aliénation, entre s'asseoir à sa propre table ou rester à la table des petits caricaturés à côté de la table des grands d'Ottawa, en d'autres mots, vivre la "caricaturisation" jusqu'à l'aliénation totale.
"Une personne aliénée est une personne qui cherche à être ce qu'elle ne peut pas être parce qu'elle n'aime pas être ce qu'elle est". Maryse Condé, dans Le coeur à rire et à pleurer


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5 commentaires

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    17 novembre 2011

    @ Sylvain Racine:
    «Les Québécois doivent choisir entre la nation ou l’aliénation, entre s’asseoir à sa propre table ou rester à la table des petits caricaturés à côté de la table des grands d’Ottawa, en d’autres mots, vivre la "caricaturisation" jusqu’à l’aliénation totale.»
    Ce que je perçois, ici, c'est que cela est bien ce qui est train de se passer, au Québec. Ou en fait, pire! Si vous revenez ici, disons, demain matin, vous serez sans doute frappé, en constatant le genre d'atmosphère qui règne au Québec...
    Nous sommes, en tant que nation, comme un boxeur «groggy», qui mange coup sur coup, mais ne voit plus assez clair pour se défendre... Nous titubons. Nous recevons pas mal de claques sur la gueule, soit, mais nous trouvons moyen de nous en administrer à nous-mêmes, en plus!
    Nous sommes devenus amorphes, cyniques, déprimés. Ayant en quelque sorte trouvé que la dignité, c'était trop coûteux, en fait de dépense d'énergie, nous continuons à regarder Radio-Canada, avec notamment Don Cherry qui nous insulte régulièrement sur les ondes de Radio-Propagande (tout en étant payé avec nos impôts fédéraux pour le faire)...
    Charest n'aurait pas dû décrocher un seul mandat, mais il est en train de finir son troisième. Et ce, dans un climat comme je n'en avais jamais connu au Québec. C'est comme si toute l'actualité politique québécoise avait aujourd'hui un puissant effet émétique...
    Et, juste au moment où je retrouvais un semblant de soupçon d'espoir (!), boum! c'est le lancement du nouveau parti de François Legault, qui est maintenant pressenti pour gagner les prochaines élections! On prend vraiment les grands moyens pour que le PQ ne reprenne jamais le pouvoir. Citation de monsieur Legault, résumant à peu près ce qu'il a dit en conférence de presse, pour présenter son prgramme? «On verra»...
    Nous agonisons, ici, Sylvain.

  • Archives de Vigile Répondre

    17 novembre 2011

    La question ici n'est pas de savoir si la culture québécoise est reconnue à l'étranger comme québécoise ou canadienne où à son juste mérite. Le fait est qu'elle est perçue trop souvent comme issue d'un peuple aliéné, les franco-canadiens. Ce qui est malheureusement le cas. Aliénation de notre langue, de notre culture, de notre économie, de notre pensée sociale, etc. On ne peut, qu'on le veuille ou non, associer notre culture à celle d'un peuple souverain ayant le courage et la fierté de s'assumer mais à celle d'une "nation" subordonnée à une nation de culture différente dont l'objectif ultime consiste à faire taire (sinon disparaître) cette "nation" dominée qui n'arrive pas, malgré sa frustration, à trouver le courage de se prendre en main. Et on ne fait rien pour s'aider. Placer deux unilingues anglais à la tête de la CDPQ avec fort probablement l'accord tacite du gouvernement (quoiqu'il en dise) démontre bien notre état d'asservissement.

  • Archives de Vigile Répondre

    13 novembre 2011

    M. Racine, merci de l'anecdote.
    Pourriez-vous nous en dire plus sur cette histoire? Qui sont les étudiants, sont-ils en majorité des Suédois? Et ce professeur français, connait-il le Québec, ou a-t-il simplement fait jouer ce "truc bizarre qui a eu un succès viral sur internet"?

  • Archives de Vigile Répondre

    11 novembre 2011

    Cette semaine au téléjournal à Céline, un reportage sur un festival québécois dans une petite ville du nord de la Hollande, où l'on tripe très très fort sur la culture québécoise.

  • Archives de Vigile Répondre

    7 novembre 2011

    Monsieur Racine,
    Vous auriez du vous installer en Russie. Voyez le vidéo
    de Ria Novosti. On y parle bien de "l'artiste QUÉBÉCOIS",
    et non pas d'un agité issu d'une province canadienne.
    http://fr.rian.ru/video/20111107/191866987.html
    Faut croire que les Russes, ne se pliant pas aux impératifs
    anglo-américains, peuvent faire référence à la nation
    véritable de tel ou tel artiste, au lieu de le laminer
    selon les désirata des sbires de l'OTAN.