La presse française prend acte de la rupture de Sarkozy avec le gaullisme

France-Québec : fin du "ni-ni"?

Paris - Le départ en catastrophe de Nicolas Sarkozy de Québec pour Washington samedi, où il a discuté de la crise financière avec George W. Bush, aura complètement éclipsé le Sommet de la Francophonie dans les médias français. À Paris, ce week-end, il fallait une loupe ou être un expert en la matière pour apprendre que se réunissaient à Québec une quarantaine de chefs d'État et de gouvernements. Les spectateurs de la chaîne publique France 2 n'auront eu droit en tout et pour tout qu'à une simple photo des chefs d'État réunis à Québec.
Pour le reste, toute l'attention des médias s'est portée sur les déclarations de Nicolas Sarkozy qui veut réformer le capitalisme. Quelques journaux auront tout de même noté la profession de foi de Nicolas Sarkozy prononcée vendredi en faveur de l'unité canadienne. Ainsi Le Figaro souligne-t-il la «rupture» des propos du président avec le «Vive le Québec libre» du général de Gaulle.
Le président «a abordé la question sensible du lien franco-québécois : "Ce que la France sait au fond d'elle-même, c'est qu'au sein du grand peuple canadien, il y a la nation québécoise"», note le quotidien avant d'ajouter qu'il s'agit d'«une formule en forme de rupture avec celle - "Vive le Québec libre" - lancée en 1967 par Charles de Gaulle.»
Dans un éditorial qui semble marcher sur des oeufs, le quotidien [Le Monde->15679] écrit lui aussi que «sa découverte récente des références gaullistes n'a pas amené Nicolas Sarkozy, en visite au Québec, à mettre ses pas dans ceux du général de Gaulle.» Le Monde souligne que «des rapports plus étroits à la fois avec le Québec et avec le Canada [...] ne sont plus incompatibles. Depuis de Gaulle, la situation a beaucoup changé. Les indépendantistes ont subi deux défaites aux référendums de 1980 et 1995. Les relations entre Paris et l'ancienne 'Nouvelle-France" ont atteint une certaine maturité, dit-on maintenant à Québec, en même temps que les relations entre le gouvernement provincial et le gouvernement fédéral se sont apaisées.»
«Sarkozy zappe la Francophonie»
La plupart des journaux ont souligné l'insatisfaction créée au Québec par la visite-éclair du président français. «Au Québec, on tousse, poliment, mais on tousse, écrit Le Parisien! Dans la Belle Province cousine de la France, on n'apprécie guère que Nicolas Sarkozy se soit contenté d'une brève escale sur sa route vers les États-Unis, où il doit rencontrer aujourd'hui George W. Bush.» Le quotidien Libération estime tout simplement que «Sarkozy zappe la Francophonie». Même opinion en Suisse où le quotidien Le Temps écrit que «cette fois encore, Nicolas Sarkozy agace les Québécois».
Comme l'ensemble de la presse française, L'Humanité ne consacre qu'un petit article à la Francophonie. «Qu'il se rende au pays de George Bush pendant ce temps [au lieu d'assister au sommet de la Francophonie] est sans doute l'ultime provocation», note le quotidien de gauche. «Le passage éclair de Nicolas Sarkozy laisse supposer que, comme d'autres, il pense que peu de décisions y seront prises», ajoute L'Humanité.
La profession de foi de Nicolas Sarkozy en faveur de l'unité canadienne n'a encore suscité aucune réaction dans la classe politique française. Il n'est pas certain qu'en ces temps de crise économique elle en suscite beaucoup. Seul le député dissident de droite, le «souverainiste» Nicolas Dupont-Aignan a ironisé: «Mister President, le sommet de la francophonie se tient à Québec, pas à Washington !»


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