La plateforme temporaire

Québec 2007 - Parti Québécois


Autant le PQ est, d’ordinaire, un parti désordonné qui n’aime rien de mieux que de contester son chef, autant son Conseil national est aussi discipliné qu’une réunion du Politburo dès le déclenchement d’une élection générale. Avec, chose hyper-rare au PQ, l’adoption à l’unanimité de la plateforme électorale.
Mais, au point de presse d’André Boisclair, après le spectacle de la présentation de 123 candidats déjà choisis, on a appris que cette plateforme – et surtout son cadre financier – n’étaient que temporaire.
«Nous ferons des ajustements au lendemain du budget fédéral (le 19 mars) parce que ce n’est pas de l’argent qui appartient au Parti libéral», a indiqué M. Boisclair.
Il est clair depuis que la date du budget fédéral a été annoncée que la présente campagne électorale se déroulerait en deux parties : avant et après le budget Flaherty, qui doit contenir au moins le début d’une solution au problème du déséquilibre fiscal.
Pour Jean Charest, ce budget est encore plus important que sa propre plateforme électorale puisqu’il devrait y avoir au moins deux milliards d’argent frais, peut-être davantage, et une preuve que les bonnes relations avec Ottawa ont des avantages tangibles pour le Québec.
Normalement, une telle manne qui arrive dans la dernière semaine d’une campagne électorale devrait être un puissant argument pour la réélection du gouvernement et il est certain que M. Charest et les libéraux vont s’en servir comme argument principal pendant toute la dernière semaine de la campagne.
Mais les péquistes préparent déjà la réplique. La première étape, qui est déjà commencée et qui va aller en s’amplifiant jusqu’au 19 mars sera de faire remarquer que cet argent n’est pas un cadeau de Stephen Harper à Jean Charest, mais que c’est l’argent qui appartient à tous les Québécois.
De même, M. Boisclair a déjà commencé à rappeler que c’est le PQ qui a lancé les revendications sur le déséquilibre fiscal et que M. Charest n’a fait que leur emboîter le pas.
Mais, une fois le budget fédéral connu, les péquistes vont vouloir montrer qu’ils sont tout aussi capables de dépenser les milliards en provenance d’Ottawa que les libéraux. «On a déjà de bonnes idées de ce qu’on pourrait faire avec ça», disent des conseillers de M. Boisclair. Le tout étant, bien évidemment, une façon de s’assurer que les libéraux ne prennent pas pour eux tout le crédit du règlement de ce dossier.
Par ailleurs, à Ottawa, le Bloc québécois pourrait contribuer à cette stratégie en votant pour le budget Flaherty. Même si cela signifie oublier commodément que M. Duceppe avait placé la barre d’un règlement acceptable à 3,9 milliards de dollars, un chiffre que plus personne ne considère réaliste.
Pour le Bloc, cela permet de remplir deux objectifs stratégiques : d’abord de contribuer à banaliser le règlement du déséquilibre fiscal, en répétant le message que c’est de l’argent qui appartient à tous les Québécois. Mais aussi le Bloc s’assurerait que le gouvernement Harper ne tombera pas sur le budget, provoquant une nouvelle élection fédérale.
Si M. Harper veut quand même une élection ce printemps, il aura alors l’odieux de déclencher des élections alors qu’il a lui-même déposé un projet de loi sur les élections à date fixe.
La plateforme – pardon, la «feuille de route» – péquiste est délibérément tout aussi modeste que son cadre financier est conservateur. Mais on sait maintenant que cette plateforme n’est que préliminaire. Dans la dernière semaine, il y aura une nouvelle série d’engagements électoraux, financés à même la nouvelle formule de péréquation et tout ce que le budget Flaherty pourrait contenir d’autre.
Une phase de la campagne qui sera pas mal plus déterminante pour le résultat de l’élection que le simpliste débat de sémantique sur l’utilisation de l’expression «consultation populaire» plutôt que «référendum».


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé