La planète Couillard

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Le mépris pour le français : le Québec libéral deviendra le Nouveau-Brunswick

« Ridicule » : c’est le terme employé par Philippe Couillard pour qualifier le débat autour du « Bonjour/Hi », qu’il a mis dans le même panier que le Pastagate de jadis.


Cet homme montre une insensibilité sur la question identitaire qui aurait été inimaginable chez d’anciens chefs libéraux comme Robert Bourassa ou Claude Ryan.


Les deux affaires n’ont rien à voir.


Le Pastagate est né de la décision isolée et imbécile d’un fonctionnaire qui s’insurgeait contre l’utilisation d’un mot – « pasta » – qui fait partie du lexique universel de la cuisine, comme « hamburger » ou « strudel ».


Si le débat sur le « Bonjour/Hi » a pris une telle ampleur, c’est que ces neuf petites lettres sont révélatrices de quelque chose de plus profond et significatif que le manque de jugement d’un individu.


Déclin


La prolifération du « Bonjour/Hi » illustre le recul de la prédominance du français comme langue du travail à Montréal.


Quand le français cède la place à un bilinguisme de facto, vous êtes dans l’antichambre de l’étape suivante, qui sera la prépondérance de l’anglais, comme le savent trop bien les francophones du reste du Canada.


Derrière le « Bonjour/Hi », les vrais enjeux étaient parfaitement résumés par deux commerçants rencontrés récemment par Le Journal.


Commerçant dans Côte-des-Neiges, Richard, francophone de souche, disait : « Les immigrants sont complètement mêlés quand ils arrivent ici. Ils sont laissés à eux-mêmes. Ils fuient la guerre et la misère. Apprendre le français, ils s’en foutent complètement. »


« En travaillant ici, on reste avec notre communauté. On n’a pas besoin d’apprendre le français. L’anglais, ça suffit », expliquait un autre d’origine indienne.


Comme le notait tristement un de mes lecteurs, « entre nous, on parle le wolof québécois et on passe tout naturellement à la langue des affaires pour les vrâ-z-affaires. La langue natale pour l’intimité, les sentiments, les émotions, et la langue publique (l’anglais) pour le reste. »


C’est en effet ce que l’on voit dans plusieurs ex-colonies d’Afrique : la langue de la majorité devient une langue qui sert à exprimer sa différence culturelle, mais qui s’efface dès qu’il est question de ce qui compte vraiment.


Mépris


M. Couillard, lui, semble habiter un univers mental bipolaire.


D’un côté, il y a le Québec de Saint-Félicien­­­, où se trouve sa maison, où le français est seul.


De l’autre, il y a ce jet-set interna­tional où l’on se définit comme « citoyen­­ du monde », et du haut duquel­­­ on regarde avec condescendance ceux qui doivent vivre à Montréal et voient avec tristesse le recul de leur langue nationale.


M. Couillard projette l’image d’un homme hautain, qui fait une grande faveur aux indigènes que nous sommes de daigner consacrer son temps à gouverner notre tribu et à nous guérir de notre regrettable fermeture d’esprit.