Encore une fois, les délégués au conseil général de l'ADQ ont dû rentrer chez eux en pestant contre les maudits journalistes qui s'intéressent toujours plus aux problèmes qu'aux solutions. Hier, à Drummondville, ils ont fait un remarquable effort pour démontrer que le parti est solidement uni derrière son chef. D'ailleurs, il est sans doute vrai que les deux défections de la semaine dernière les ont solidarisés dans une commune indignation. Quant à Mario Dumont, on peut lui reprocher bien des choses, mais certainement pas de manquer de résilience. Après quelques malheureux écarts de langage, il avait retrouvé son aplomb.
Tout est cependant question de mesure. Les militants en ont mis beaucoup trop pour que l'ovation «spontanée» réservée à M. Dumont soit crédible. Franchement, dix-neuf minutes! Qu'est-ce que cela va être si un autre député vire capot? Comme on dit: trop, c'est comme pas assez.
D'un congrès à l'autre, l'ADQ et son chef s'appliquent à démontrer que leur réputation de girouette est largement surfaite. Sur le fond, le «nouveau modèle québécois autonomiste» n'a rien de très différent de celui qui était proposé en 2007, qui rappelait lui-même celui de 2003 et ainsi de suite.
C'est plutôt entre les congrès que M. Dumont se laisser parfois aller à improviser. Hier, quand il a
déclaré qu'il fallait rebâtir nos écoles, il n'a heureusement pas repris sa suggestion de s'inspirer du high school américain.
Il faut également reconnaître que certaines propositions sont plus claires. Par exemple, on sait maintenant comment un gouvernement adéquiste répartirait entre les directions d'école, les municipalités et le ministère de l'Éducation les responsabilités qui sont assumées actuellement par les commissions scolaires.
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C'est au chapitre de l'autonomie politique que la fin de semaine a peut-être été la plus éclairante. Les exigences réelles de l'ADQ semblent rétrécir comme peau de chagrin et sont maintenant très éloignées de celles qui avaient été formulées dans le rapport Allaire, dont le rejet avait amené M. Dumont à quitter le PLQ en 1992.
Depuis plusieurs années, on lui demandait comment il comptait amener le reste du Canada à accepter une réouverture de la Constitution et à répondre favorablement aux demandes du Québec. Samedi, le conseil général a esquissé une réponse en adoptant un amendement qui prévoit que les objectifs constitutionnels de l'ADQ seront atteints «en amorçant un processus de discussion avec nos partenaires provinciaux pour en arriver à un consensus».
Quelques délégués ont fait valoir que cela ne ressemble pas beaucoup à de l'autonomie, que c'est même le contraire, dans la mesure où cela revient à céder au reste du pays le droit de décider ce qui est bon pour le Québec. Bref, qu'il s'agit en quelque sorte d'une autonomie dépendante. Le bon-ententiste a cependant prévalu.
Jean Allaire a lui-même expliqué qu'il y a seize ans, ce ne sont pas tellement les demandes formulées dans son rapport qui avaient indisposé le Canada anglais, mais plutôt la menace d'un référendum sur la souveraineté si elles devaient être rejetées.
M. Allaire a la mémoire sélective. À l'époque, c'était l'ensemble de son rapport qui avait provoqué des hauts cris d'un océan à l'autre. Les demandes du Québec étaient jugées aussi extravagantes que le ton menaçant du document.
Hier, en point de presse, M. Dumont a déclaré qu'il n'était pas question de revenir à la stratégie du «couteau sur la gorge». Il a également fait valoir qu'il fallait distinguer entre ce que contient le programme de l'ADQ et ce dont pourrait se satisfaire un gouvernement adéquiste.
Il n'est pas question d'une signature au rabais, a-t-il assuré. Pour que le Québec réintègre le giron constitutionnel canadien, il faudra «un plancher minimum de progrès». Invité à préciser quel était ce minimum, il a expliqué qu'il avait déjà été fixé dans l'histoire du Québec et qu'on n'avait pas changé de planète depuis.
Autrement dit, comme celui de Jean Charest, un gouvernement adéquiste se satisferait volontiers d'un accord qui s'apparenterait à celui du lac Meech. La seule différence avec le PLQ semble être que M. Dumont serait disposé à entreprendre des négociations dès que la crise économique sera passée, alors que M. Charest juge le fruit d'autant moins mûr qu'il préfère le laisser à l'ombre.
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Actualiser le «nouveau modèle québécois autonomiste» en le présentant comme le moyen d'un nouveau départ après la crise terminée ne saurait cependant pallier l'absence de solution pour en sortir, qui risque de devenir l'enjeu central des prochaines élections.
Quoi qu'en dise M. Dumont, la motion que son parti a présentée à l'Assemblée nationale la semaine dernière n'a rien d'un plan. Il s'agissait simplement de fixer une série d'objectifs à l'action gouvernementale, qui sont autant de lieux communs en pareilles circonstances.
La fin de semaine n'a pas permis d'apprendre quelles mesures un gouvernement adéquiste mettrait lui-même en oeuvre pour stimuler la consommation des ménages, préserver le pouvoir d'achat de la classe moyenne ou stimuler rapidement la création d'emplois.
À entendre les adéquistes répéter à qui mieux mieux que Jean Charest serait irresponsable de plonger le Québec dans une autre campagne électorale à un moment aussi grave, on avait presque l'impression d'une incantation.
Dans l'entourage de Mario Dumont, certains se demandent s'il n'aurait pas été préférable de voter contre le budget et de faire tomber le gouvernement au printemps dernier, quand l'ADQ était encore créditée de 24 % des intentions de vote. Hier, Le Journal de Montréal évoquait un sondage interne du PQ qui ne lui en accordait plus que 11 %.
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