Tommy Chouinard (Québec) À vingt-quatre heures du scrutin, Jean Charest appelle les souverainistes à voter pour son parti parce qu'en cette période de turbulences, l'économie «transcende» le débat sur l'avenir du Québec.
Avec cette sortie, le chef libéral propose en quelque sorte un gouvernement d'union nationale pour affronter la «tempête économique».
«Je ne dis pas aux gens de mettre de côté leur rêve, je leur demande de travailler avec nous pour faire face à un enjeu économique qui aura un impact important sur la vie des Québécois, a expliqué le chef libéral lors d'un point de presse.
«Ce que je vois à l'écran radar, c'est l'économie, c'est un enjeu qui transcende tous les autres.»
Quelques minutes plus tôt, devant plus d'un millier de militants réunis dans la capitale nationale, Jean Charest, co-président du camp du Non en 1995, faisait un appel aux souverainistes.
«Il faut être ensemble les Québécois pour faire face à cette tempête. J'invite tous les Québécois à se rallier à nous, à se joindre au Parti libéral du Québec. Peu importe votre allégeance politique, que vous ayez été péquiste, adéquiste, que vous ayez choisi de militer pour un autre parti, que vous soyez souverainiste ou fédéraliste», a lancé M. Charest, qui, dans son slogan de campagne, reprend le «Oui» associé aux souverainistes.
«La journée du 8 décembre est tellement importante pour nous et notre avenir que je demande à chaque Québécois de se joindre à nous, notre équipe, aux hommes et aux femmes qui travailleront à traverser la tempête, a-t-il ajouté. Joignez-vous donc à une équipe pour qui l'avenir du Québec, c'est plus que le statut du Québec à l'intérieur du Canada mais pour qui l'enjeu réel est la stature du Québec dans le monde.»
Jean Charest se défend de tenir la victoire pour acquise. Mais dans son discours, il a invité les militants de Québec à «fêter» avec lui le résultat du scrutin demain soir. Après avoir regardé la soirée électorale à Sherbrooke, le chef libéral se rendra en avion à un rassemblement dans la capitale nationale.
----
Jean Charest, le prestidigitateur
Luc de la Sablonnière : Professeur de lettres, Collège François-Xavier-Garneau, Québec, le
20 février 2006
Le Devoir jeudi 23 février 2006
[->16309]Le spectacle donné par notre premier ministre au Conseil général du Parti libéral n'a rien à envier aux meilleurs numéros d'Alain Choquette. Et en plus, à l'instar de ce dernier, il faut admettre que Jean Charest maîtrise davantage son art de prestation en prestation. Qui ne se souvient pas de son chef-d'oeuvre électoral du printemps 2003? Investissements massifs en santé et en éducation, maintien du déficit zéro et - roulements de tambour - cinq milliards de dollars en baisses d'impôt! Le public aveuglé n'y a vu que du feu.
À l'hiver 2006, au lever du rideau préélectoral, le prestidigitateur Charest est au sommet de son art. Comme son équipe, il est prêt. Le public en haleine ne sait trop à quoi s'attendre, si ce n'est qu'il en verra de toutes les couleurs. Au son des trompettes, il fait son entrée et, croyez-le ou non, remboursera la dette publique, baissera les impôts, et ce, sans compromettre le financement du système de santé! Le numéro est saisissant, les applaudissements fusent. Mais comment a-t-il fait le coup?, se demande un public désormais rompu aux trucs de magie.
Bien que les prestidigitateurs ne révèlent jamais leurs trucs, certains incrédules, toujours plus nombreux, connaissent l'écran de fumée de la démagogie, la poudre aux yeux de la comptabilité créative et le voile pudique des promesses trahies. Reste à savoir si le public réclamera une supplémentaire de ce triste spectacle.
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé