À l'attention de madame Saulnier

La nouvelle conquête...

Tribune libre - 2007

À l'attention de madame Saulnier - (Chronique : [Vous avez dit « autochtone »->9554])
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D'abord je voudrais faire une mise en garde : il ne s'agit pas d'enlever quoi que ce soit aux Inuits, aux Indiens et aux Métis (et il y en a des milliers et des milliers). Il s'agit plutôt de s'en tenir rigoureusement aux textes de lois. Et c'est sur les termes utilisés dans la loi fondamentale de ce pays que nous avons basé notre définition d'Autochtone français du Québec. (voir note au bas de la page)
La croqueuse de mots a bien raison de s'interroger sur la signification des termes utilisés au Canada et au Québec, entre autres, pour tout ce qui a trait à l'identité des uns et des autres. Et ce mal est assez généralisé. Je dirais que c'est la confusion des langues telle que décrite dans la Tour de Babel. Pourquoi les politiciens de tout acabit encouragent-ils cette confusion? Ou tout au moins ne la dénoncent-ils pas? Poser la question, c'est y répondre. Chaque génération est invitée à réinventer un terme pour nous définir, histoire de nous amuser et de faire passer le temps, et les dix dernières années ne sont pas en reste. Nous avons tout entendu. Et à tel point qu'on se demande parfois si les Québécois de souche française et les Métis existent encore.
Devant cette arnaque de plus en plus institutionnalisée par tous les partis politiques et beaucoup d'intellectuels à la solde du pouvoir et des « lobbies » économiques de l'immigration, nous devons nous rendre à l'évidence, et la commission sur les accomodements raisonnables le prouve bien, que nous sommes de plus en plus évacués du débat.
Depuis 1995, je ne me suis pas demandée qui j'étais parce que je sais qui je suis. Je me suis plutôt demandée que devenons-nous? Mais pour y arriver il m'a bien fallu me référer aux textes de lois, à la constitution canadienne qui est, qu'on le veuille ou pas, la loi fondamentale du pays dans lequel nous vivons encore jusqu'aux dernières nouvelles. Il y est question d'Inuits, d'Indiens et de Métis. Et, je le répète encore une fois, lorsque Pierre Trudeau signale que « s'il avait fallu reconnaître les Canadiens français, les Acadiens et les Celtes nous aurions assisté au démembrement du Canada ». Et parallèlement à cela, nous avons assisté à une dérive des mouvemements patriotiques, du Parti québécois et du Bloc québécois qui tentent tant bien que mal de se reprendre ces dernières semaines. Sera-ce suffisant? Nous verrons dans les mois à venir le degré de sincérité des uns et des autres.
Il me semble que cette affirmation de Trudeau parle d'elle-même. Nous n'existons pas; nous ne sommes plus là. Nous sommes des « canadians ». Alors que faire? Remonter l'Histoire et voir de plus près ce qu'il en est. Et c'est ainsi que nous avons conclu que les fondateurs de l'Amérique française, ne sont autres que les Canadiens français (Autochtones français) et les Métis (Autochtones au même titre que les Inuits et les Indiens). Ceux qui vivaient ici avant la Proclamation royale de 1763. Toutes ces notions ont été occultées particulièrement depuis 1995. Il semblerait qu'avant la révolution tranquille des années soixante, puisque nous aimons bien réinventer, nous n'existions pas, nous n'étions pas. Tout a été banalisé, y compris les fondateurs de ce pays et leur Histoire. Dans quel but?
Une « nouvelle conquête » est en marche et que j'appellerai la conquête du XXIe siècle. Faut-il s'en inquiéter? Certainement. Sinon acceptons de disparaître dans un « melting pot » à l'américaine, dans un « melting pot » de ghettos à la canadienne ou redevenons le peuple d'accueil, le peuple intégrateur que nous avons toujours été et ce, bien avant la conquête.
Tenant compte de toutes ces circonstances, madame Saulnier, je ne crois pas que nous soyons dans un abus de langage en prétendant être des Autochtones français du Québec, bien entendu pour les Canadiens français ou si vous préférez les Québécois de souche française établis ici avant la Proclamation royale de 1763. Et pour le moment, nous sommes encore majoritaires.
Et j'ai toujours la conviction profonde que les immigrants doivent s'intégrer à la société d'accueil, sinon nous assisterons à notre disparition et c'est lord Durham qui aura eu raison.
Max Gros-Louis ne met-il pas les Québécois en garde lorsqu'il dit « que les Indiens ont tellement fait d'accomodements raisonnables qu'ils vivent maintenant dans des Réserves ». Est-ce le sort qui nous attend???? Ou saurons-nous résister comme nous le faisons depuis 250 ans ou nos enfants devront-ils retourner en France comme certains nous le suggèrent malicieusement...parfois. Deviendrons-nous les Pieds-Noirs de l'Amérique française?
J'espère, madame Saulnier, avoir répondu à vos interrogations.
Marie Mance Vallée
Note : Pour prendre connaissance des trois documents auxquels je fais référence, vous rendre sur ce site.


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4 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    16 octobre 2007

    Pour avoir suivi la guerre d'Algérie et considérant notre situation de plus en plus précaire en terre d'Amérique, je songe toujours aux Pieds-Noirs qui ont dû quitter leur pays. Et bien mal reçus par la mère-patrie. Enfin!
    Même avec du recul, je ne saurais dire qui avait raison. À l'époque je me suis rangée du côté de « notre » Grand Général. Lors de sa visite en 1967 et de sa déclaration, j'y ai vu une continuité dans sa logique.
    Cependant,j'espère que ce n'est pas le sort qui nous est réservé, et particulièrement à nos enfants.
    Je me suis permise de relayer à mes correspondants français votre message.

  • Archives de Vigile Répondre

    16 octobre 2007

    Trés intéressé par la thématique développée dans votre article, j'ai été accroché par votre conclusion: "deviendrons-nous les Pieds-Noirs de l'Amérique Française".
    Etant Français d'Algérie, et donc Pied-Noir, je ne vous souhaite pas ce destin là ! Car, la mère-patrie n'a pas toujours été accueillante ni charitable. Le parcours en France des Pieds-Noirs chassés d'Algérie, à l'indépendance de ce pays, en 1962, a été un long chemin de difficultés et de drames.
    Mais, leur volonté, leur pugnacité leur a permis, faisant oeuvre de résilience, de se redonner un avenir, en tous cas pour les plus jeunes d'entre eux.
    Avec le Centre de Documentation Historique sur l'Algérie, d'Aix-en-Provence, nous préparons une exposition sur l'exode de ce millions de Français , un exode qui n'est jaais abordé dans les livres d'histoire. Mauvaise conscience sans doute!

  • Thérèse-Isabelle Saulnier Répondre

    15 octobre 2007

    Oui, Madame Vallée, vous avez excellemment répondu à mes questions, et je suis tout particulièrement fière d'une telle réponse: je n'ai pas écrit en vain!

  • Archives de Vigile Répondre

    14 octobre 2007

    Intéressant ce site. Je m'y suis inscrit.
    Claude Jodoin