La moins pire des solutions?

Conflit étudiant - un pas vers l'indépendance


Depuis qu'une nouvelle séance de négociations a échoué entre les représentants des étudiants en grève et le gouvernement, je me demande quelle serait la meilleure solution ou la moins pire pour le mouvement étudiant et pour le mouvement social qui appuie activement la lutte des étudiants.
Il faut craindre le pire du gouvernement Charest. Le premier ministre n'a rien d'un homme magnanime et généreux. Il est incapable d'empathie envers les étudiants comme d'ailleurs envers les moins nantis, les gagne-petit et tous ceux qui revendiquent de meilleures conditions de vie et de travail. Ses amis se recrutent ailleurs, parmi ceux qu'on retrouvait à Sagard, parmi ceux qui prennent des décisions non pas en fonction des intérêts du Québec mais en fonction de leurs intérêts personnels, de leurs profits uniquement.
Le gouvernement devra aller en élections bientôt et il est évident que le règlement de la crise étudiante et sociale constitue un élément important dans le déclenchement des élections. Ce premier ministre est un calculateur hors pair, chacun de ses gestes est fait en fonction de sa réélection.
S'il règle à la satisfaction des étudiants, en mettant de l'eau dans son vin, sans toutefois perdre la face, quitte à reporter les vraies décisions à plus tard, Charest en sortira immanquablement grandi. On aura beau lui reprocher d'avoir trop tardé à le faire, d'avoir gaspillé énormément d'argent et d'en avoir fait perdre beaucoup aux commerçants, d'avoir suscité un beau gâchis, on «focusera» sur le résultat final. L'odieuse loi 78 sera certainement abolie, on parlera de la paix sociale enfin retrouvée, tout le monde poussera un gros soupir et place aux festivals!
On aura oublié les déboires de Charest avec la commission sur la corruption dans le milieu de la construction et autres tours de passe-passe dignes d'un grand pickpocket. Charest sera alors porté à déclencher des élections dans les semaines qui suivent pour profiter de la vague de paix, dans un climat de vacances estivales et de relâchement. Il pourrait fort bien être réélu.
S'il ne règle pas le conflit étudiant et que la crise perdure, avec ses manifestations de nuit et de jour, les fanfares de casseroles, les affrontements avec les policiers matraqueurs, les arrestations sélectives et massives, avec l'hélicoptère de la SQ au-dessus de nos têtes la nuit, et la menace de nouvelles manifestations autour des cégeps et des université à la reprise des cours en août et septembre, en dépit de la loi 78 qui les interdit, le premier ministre pourrait être également porté à appeler des élections en demandant à la population de l'appuyer massivement dans ses efforts pour ramener la paix sociale et en jouant au sauveur devant l'« écœurantite » aiguë de la population. Là encore, Charest risque d'être réélu.
Selon les sondages, le Parti québécois ne profite pas vraiment du mécontentement et du haut taux d'insatisfaction à l'égard du régime Charest. Il manque, de toute évidence, un vrai ou une vraie leader, ce que Pauline Marois malheureusement n'est pas. S'il avait joui d'un leadership énergique, le Parti québécois se serait retrouvé largement en tête dans les intentions de vote, ce qui n'est pas le cas actuellement. Comment alors canaliser au profit de l'option souverainiste le mécontentement populaire et bruyant qu'on observe jour après jour dans les rues aux quatre coins du Québec?
Les étudiants et une bonne partie des manifestants seront portés à voter plus à gauche, donc pour Québec solidaire, mais cela ne sera pas suffisant pour faire élire plusieurs députés QS. Tout au plus, deux ou trois, qui viendront appuyer Amir Khadir, les autres votes servant à diviser le vote indépendantiste au profit du Parti libéral et de la CAQ.
Je doute fort que les deux formations indépendantistes accepteront de se concerter pour présenter, dans certaines conscriptions clés, une candidature unique pour éviter de diviser le vote progressistes et favoriser ainsi l'élection de candidats libéraux.
Que faire, donc? Je souhaite, quant à moi, qu'il n'y ait pas d'élections pour le moment, tant et aussi longtemps que le PQ n'ait pas retrouvé un véritable leadership. Mais ce n'est certainement pas l'option de Jean Charest, qui n'a cessé de miser sur les faiblesses de Pauline Marois.


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