Quand le contexte social ne s'y prête pas, le désir de référendum à tout prix qui est porté par ceux que l'on appelle les «purs et durs» semble d'emblée voué à l'échec. Cependant, comme plusieurs sont en train de le remarquer, la crise actuelle bouleverse le contexte, et c'est vraiment le temps de saisir une occasion qui se produit rarement. Les indépendantistes du Québec sauront-ils mettre de côté leurs chicanes et faire preuve d'imagination et de courage?
Depuis l'Antiquité grecque, il y a en philosophie politique la notion complexe de kairos qui est l'analogue à celle, plus simple, dans le merveilleux monde du sport, de momentum. Le kairos réfère à l'idée qu'un contexte sociohistorique spécial, qu'on ne contrôle pas, met à disposition des acteurs politiques des opportunités réelles, absentes en temps normal. Quand les «temps sont venus», on peut, ou non, saisir les occasions qui se présentent. Or, il est évident que la crise actuelle, provoquée par des étudiants motivés et un gouvernement apathique, a un rapport direct avec le projet d'indépendance. Il faut vraiment que le concept de société distincte soit culturellement intériorisé pour que la hausse des frais de scolarité les plus bas en Amérique du Nord mette le Québec sens dessus-dessous. Ainsi, les étudiants québécois restent de marbre quand on les compare à ceux du ROC ou des USA. Dans cette certitude que les frais doivent être gelés, voire abolis, il y a quelque chose comme une volonté souveraine en acte.
À ceux et celles qui veulent voir l'indépendance du Québec se réaliser de leur vivant, je dis ceci : organisez-vous pour canaliser cette énergie étudiante! Pour ce faire, il faut revenir à l'idée de construction d'une république autour de l'éducation. Tous les grands penseurs modernes, de Rousseau à Durkheim en passant par Hegel, ont insisté sur le fait qu'une société libre ne pouvait se réaliser que par un système éducatif voué à cet idéal. Cet idéal peut donc rejoindre directement le mouvement étudiant moyennant une concession à celui-ci; pour lui savoir gré d'avoir sorti le Québec de sa torpeur, il faut instaurer une université libre et gratuite! Cette idée, loin d'être folle, existe en Europe et est endossée par Québec solidaire et Option nationale. Le PQ doit donc sortir de sa posture éteignoir, mi-figue, mi-raisin, d'augmentation des frais de scolarité suivant celle du coût de la vie, d'autant plus que stagnent depuis plusieurs années les revenus de classe moyenne. Le PQ doit donc faire sien le principe de gratuité universitaire. Au nom de l'indépendance, tous les revirements seront excusés, ainsi que l'éventuelle taxation de 1% du revenu des banques nécessaire à la réalisation de cette politique.
Un kairos comme celui qui vient de survenir au Québec ne se produit pas souvent dans la vie d'un peuple. Inclure la jeunesse québécoise dans le projet politique d'indépendance, amorcé il y a cinquante ans, est la plus belle chose qui pourrait arriver. Mais pour y parvenir, il va falloir surmonter le danger qui guette les indépendantistes dans un système uninominal à un tour : la division du vote. Les choses étant ce qu'elles sont, il y a trois partis indépendantistes et, au nom des intérêts supérieurs de la nation, ils ont le devoir de se coaliser AVANT les élections. Cela veut dire qu'ils doivent a priori se partager des comtés où un seul des trois partis sera en lutte contre le PLQ et la CAQ. Cela veut donc dire qu'il y a des sacrifices à faire, surtout pour le PQ. Mais puisque le parti de Pauline Marois ne lève pas dans les sondages, malgré tous les faux pas de Jean Charest, le PQ n'a pas d'autre choix, au risque de manquer cette merveilleuse occasion qu'ont créée les étudiants et les étudiantes du Québec.
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11 commentaires
Archives de Vigile Répondre
1 juin 2012"La brillance" de Charest, c'est qu'il peut profiter de la crise étudiante pour, si possible, faire oublier le reste de son bilan et essayer de conserver le pouvoir.
D'abord il est assuré du vote anglo et d'une majeure partie du "vote ethnique". En partant!
D'autre part, il ne faut pas l'oublier: une partie importante de la population l'appuie dans son "combat" contre les étudiants.Et sa tactique de relier le désordre social et la violence à Pauline pcq elle affiche le carré rouge est "brillante". C'est évident que cela amène de l'eau au moulin du PLQ. Faire une élection "référendaire" sur la crise étudiante, du point de vue du PLQ, c'est tout à fait plausible.
Le bon peuple lit les quotidiens de Quebecor!!!!
C'est la triste réalité!
Pendant ce temps-là, nous autres nous nous subdivisons.
En fin de semaine passée, à la rencontre de consultation sur la souveraineté, il y avait 5 partis: PQ, QS, ON, PI, Parti vert.
Quant à QS,c'est un secret de polichinelle qu'une bonne partie de ses membres sont fédéralistes!
Gilles Jean
Archives de Vigile Répondre
1 juin 2012Et pendant que tout le monde regarde ailleurs,le PLQ laisse sortir aujourd'hui le 01-06-2012 par l'entremise de l'O.Q.L.F.,une étude retenue depuis longtemps démontrant les désastres de l'anglicisation à Montréal lorsqu'on fait exprès pour ne pas appliquer la loi 101 dans le but de s'acheter des votes pour les prochaines élections.
Point de presse de M. Yves-François Blanchet, porte-parole de l'opposition officielle en matière d'immigration, de communautés culturelles et de langue
1 juin 2012
http://www.assnat.qc.ca/fr/video-audio/AudioVideo-42305.html
Archives de Vigile Répondre
1 juin 2012Dans le mouvement souverainiste, nous courons continuellement après le/la chef idéal(e). Nous excellons
dans l'art de brûler nos leaders.
Ici, on lit régulièrement des intervenants qui ne veulent rien savoir de Pauline.
Bouchard a fiché le camp. Landry a dû ficher le camp. Boisclair a dû ficher le camp. Il reste "la dame de béton".
Pendant ce temps-là, Charest demeure a la tête de son parti, malgré toutes sortes de tempêtes..pis, mieux encore, ses troupes lui restent fidèles.
Bien sûr qu'il faudrait un regroupement!!!
Quant au fait que le PQ n'a pas profité davantage de la crise étudiante, il faut faire attention. Dans la population, les gens sont polarisés. Et il y a des gens qui en veulent à Pauline pcq elle affichait le carré rouge. Il ne faut pas l'oublier.
Gilles Jean
Archives de Vigile Répondre
31 mai 2012Pour le P.Q.,le plus sûr moyen de se planter à la prochaine élection consisterait à participer à la confection et au fonctionnement d'une patente à gosses du type de l'alliance cococtée naguère par Gilles Duceppe avec ses ennemis du P.L.C. et du N.P.D.
Les avantages que pourrait retirer le P.Q d'une alliance ÉLECTORALE avec Q.S., en comparaison des désavantages POLITIQUES,seraient si minimes,que cela n'en vaudrait pas la peine.Du bonbon. Cela serait du bonbon pour l'actuel premier sous-ministre Charest, qui n'en mérite pas autant.
Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre
31 mai 2012Tout pourrait dépendre de l'issue de l'actuel marathon de (non)négociation entre PLQ et Avenir du Québec...
Marois s'égosille à démontrer le désastre causé par l'entêtement... Si Charest ne jette pas assez de lest... attention dans la rue!... S'il est largué par son parti, et remplacé... la rue sera toujours en liesse!... Élections! Élections! Élections!...
Marois ne pourra ignorer la fracture de la population, donc division des indép pour que règne le nouveau chef...
Comment pourrait-elle refuser le pacte électoral pour bloquer les fédés?
Dernier sondage avant le vote: on élit le plus avancé des indépendantistes!
Archives de Vigile Répondre
30 mai 2012Chercher à amorcer un Watergate Québécois.
Pour moi un des recours que les étudiants devraient envisager seraient la mise en place de cellules d'information, de journalisme d'enquête. Nous sommes devant une situation qui s'apparente pour son potentielle au scandale du Watergate. Ce visage les étudiants et les Québécois qui ont à coeur le destin du Québec l'ont très bien vu et ils ont vu aussi le caractère étrange et inquiétant pour ne pas dire suspect (c'est ce qu'il faut dire en fait des grands médias). On n'a vraiment pas un washington post au Québec mais avec quelques journalistes d'enquête retraités (ou des policier) en guise de "parrain" on peut imaginer l'intelligence étudiante jeter les bases d'une chaine d'information nationale tout en construisant les preuves nécessaires éventuellement à la mise hors d'état de nuire de la mafia libérale au Québec.
J'ai quelques idées, mais je préfère me contenter de suggérer aux étudiants et à leur sympathisant les 13 principes de stratégie d'État de Jean René Marcel Sauvé appliqué dans un sens restreint à l'établissement de petites cellules de journalisme d'enquêtes dans le but d'en finir avec ce gouvernement de la mafia libérale de Jean Charest.De cette façon charest et les médias qui se portent à sa défense seraient rapidement mis sur la défensive... L'initiative changerait de camps.
1. Appréciation rigoureuse du contexte
2. L'appréciation de la situation
3. Détermination et maintien d'objectifs praticables et réalisables en termes de temps et d'espace
4. Maintien du moral
5. Concentration de l'effort dans l'espace et dans le temps
6. Économie de l'effort
Conséquence et corollaire du principe de concentration de l'effort dans l'espace et dans le temps. Il n'est pas possible dans les conditions actuelles d'atteindre nos objectifs avec une économie maximale d'efforts et de moyens.
7. Simplicité
8. Souplesse
Elle exige de s'adapter aux circonstances changeantes sans perdre de vue l'objectif majeur qui s'inscrit dans l'intérêt général de tous les citoyens.
9. Coordination
10. Coopération
11. Sécurité
12. Surprise
13. Administration et logistique
Archives de Vigile Répondre
30 mai 2012Vous avez entièrement raison.Il faut que le P.Q.
se ralie au gros bon sens.La patrie avant le parti.
Archives de Vigile Répondre
30 mai 2012Monsieur Filion,
Vous avez raison. La grève étudiante muée en crise sociale offre au mouvement indépendantiste une occasion rêvée dont il doit impérativement profiter.
Le néolibéralisme est une plaie mondiale, il sévit presque partout, il gangrène toutes les sociétés et siphonne toutes les nations. Mais il faut se rappeler qu'au Québec, c'est à la suite des revers encaissés par le mouvement indépendantiste que les néolibéraux ont réussi à imposer sans vergogne leurs lubies destructrices. Aussi s'ensuit-il, en toute logique, que c'est avec l'indépendance que nous pourrons le mieux nous débarrasser de cette engeance prédatrice.
Tout cela, M. Pierre Dubuc l'explique avec une remarquable clarté dans un tout récent article mis en ligne sur le site Internet de l'Aut'Journal.
(http://www.lautjournal.info/default.aspx?page=3&NewsId=3790).
Au moment où j'écris ces lignes, quelque chose me dit que, s'il l'a lu, M. Frappier s'apprête sans doute à reproduire sur Vigile ce brillant article de Pierre Dubuc.
Luc Potvin
Verdun
Jean-Claude Pomerleau Répondre
30 mai 2012La politique est une dynamique qui nait de l'antagonisme et ne désigne que l'intensité des unités en présence. Pas d'antagonisme pas de politique.
Le rapport de force entre le mouvement étudiant et le pouvoir qui nous a donné ce Printemps érable est fondamentalement le retour du politique.
La question : Comment influencer cette dynamique pour la faire aboutir à sa finalité.
Faut comprendre que le déterminant de la politique c'est l'État. Il faut donc prendre le pouvoir.
Le Pacte entre les partis souverainiste vise cette objectif. Malheureusement il y a des mauvais coucheurs ou plus précisément coucheuses en la personne de Françoise David qui a saboté toute tentative à cet égard en posant sa candidature dans Gouin. Elle cède ainsi à une faction très militante et influente du Q S qui est antinationale et fédéraliste.
Il y aura toujours des lamantins pour transférer le blâme de cet échec sur le Parti Québécois, mais la réalité est toute autre.
Donc dans le contexte et la situation il nous reste pas grand choix véritable pour reprendre le contrôle de notre État des mains des prédateurs. À moins d'ignorer l'urgence de sortir les libéraux pour la suite de l'histoire. En fait un seul : La Parti Québécois.
C'est là qu'il faut s'investir pour influencer la dynamique politique à partir de la prise du contrôle de notre État.
À moins que vous ayez une autre stratégie, j'attends vos suggestions.
JCPomerleau
Archives de Vigile Répondre
30 mai 2012Ce que vous décrivez est juste, mais je ferai remarquer respectueusement que Gérald Larose, président du Conseil de la souveraineté du Québec, a essayé pendant 5 ans de faire l'unité au sein du mouvement et qu'il n'a pas réussi, la faute principale revenant au PQ qui n'a jamais cherché sérieusement, à part de timides tentatives récentes de Jean-François Lisée de promouvoir cette indispensable unité.
Les dirigeants du PQ se sont comportés de manière arrogante et méprisante à l'endroit des indépendantistes et ils porteront l'échec de ce mépris.
Ils pourraient, par exemple, laisser la voie libre, à plusieurs candidats intéressants et compétents de QS et d'ON et même à la rigueur du PI' mais ils refusent de le faire, imbus qu'ils sont d'eux-mêmes.
Tous les appels que lancent les péquistes, de Ferreti à Barberis-Gervais, me laissent de glace. On est incapable de se rallier à un parti qui a dénaturé le combat pour l'indépendance de la patrie à ce point dans son désir maladif de savourer le petit plat de lentilles provincial de merde.
Cette absence d'unité est entièrement due à la faute du PQMarois, dont la cheffe n'inspire personne.
Pierre Cloutier
Archives de Vigile Répondre
30 mai 2012Jwe suis tout à fait d'accord avec votre analyse, il y a de ces conjonctures que tout homme intelligent ne peut pas laisser passer, que ce soit sur le plan individuel ou collectif.
Personne ne l'avait vu venir celle-là, mais tous devraient voir à quel point ce « momentum » non seulement peut servir notre projet d'indépendance politique, mais aussi inciter les indépendantistes à faire front commun.
Ce n'est pas de l'opportunisme, mais du flair politique,comme lorsqu'on sort ses antennes... bip-bip ! De l'intelligence aussi ; je déplore depuis des années l'étroitesse d'esprit des partisans zélotes de tel ou tel parti indépendantiste. Il ne s'agit plus présentement d'avoir raison, de recruter des membres, il s'agit de faire l'indépendance politique de notre pays, de sa durée, et de son existence même.