La loi 78 est maintenant adoptée. Prenons du recul avant de sauter aux conclusions sur sa pertinence ou non. Je me suis posé la question de ce qui a pu mener à une telle action de la part du gouvernement.
Il semble que le tout commence en début d’année avec une proposition du gouvernement de Jean Charest d’augmenter de façon unilatérale les frais de scolarité comme solution au sous-financement des universités. Ce qui a déplu aux associations étudiantes dans cette proposition c’est que le montant exigé était égal pour tous, sans égard aux revenus, donc sans tenir compte de la capacité de payer cette augmentation durant les 5 prochaines années. Dès le départ, le gouvernement n’a vraisemblablement pas consulté les étudiants sur leur intention. Tant qu’à eux, les associations étudiantes dénonçaient l’iniquité de cette mesure.
Des manifestations devenaient pour les associations étudiantes le moyen de se faire entendre par le gouvernement. À partir de ce moment, des assemblées générales se sont tenues dans les différents établissements scolaires pour faire valider par les étudiants fréquentant lesdits établissements, un vote de grève menant au « boycotte » des cours. C’était pour eux la voie démocratique à prendre pour aller de l’avant.
Si le vote démocratique menant à l’adoption de la loi 78 se doit d’être respecté, je m’interroge sur ce même respect du droit lors des votes de grève dans les établissements scolaires. Pourquoi toute cette indignation sur le fait que les associations étudiantes ayant obtenu un vote en faveur de la grève soit montré du doigt par le fait qu’elles empêchaient l’accessibilité aux établissements aux élèves désireux d’avoir des cours? Y-aurait-t-il deux formes de démocratie? Preuve est faite que les établissements où le vote de grève ont été rejetés, l’établissement scolaire était accessible. N’y avait-il pas là une question de responsabilité non assumée par ceux et celles qui voulaient recevoir un enseignement mais qui ne se sont pas présentés aux assemblées pour voter contre? Qui doit-on vraiment blâmer?
Le gouvernement avait-il besoin d’une loi pour décréter la suspension des cours dans les 14 établissements en grève? Je crois que non. La loi 78 aux yeux de l’opinion publique est perçue comme une tactique électorale. La loi visait bien sûr et avec raison les casseurs qui s’infiltraient dans les manifestations mais pour la rendre digérable on y incluait la suspension des cours dans les 14 établissements en grève. Le gouvernement de Jean Charest espérait ainsi influencer favorablement une opinion publique vers une augmentation des intentions de votes en leur faveur. Il semble au premier coup d’œil que cela fonctionne. Mais cela fonctionnera-t-il suffisamment pour que monsieur Charest soit tenté de déclencher une campagne électorale avec cet enjeu électoral? Quand? Comme disait l’autre « On verra ».
C’est vraiment une loi qui a semé le désordre.
Roger Kemp, Trois-Rivières
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1 commentaire
Marcel Haché Répondre
21 mai 2012Jean Charest fait du millage,c'est certain.Mais s'il croit qu'il peut faire tout le millage nécessaire à sa réélection,il risque une méchante surprise.
Quand bien même il dirait, la main sur le coeur, que les "troubles" ne sont pas de sa faute, ce serait comme essayer de faire croire que tous les cones oranges qui ont paralysé la circulation ne seraient de la responsabilité de son gouvernement.
Dans une élection, Charest ne pourrait pas se déguiser en courant d'air !