La logique et l’art de la lutte indépendantiste

Tribune libre 2011



1. Quelques principes d’agir
Faire l’Indépendance du Québec demande, et demandera, beaucoup de travail, beaucoup d’énergie, de désir, de goût et de temps.
1837-1838, 1995-1980, sont pour les indépendantistes des laboratoires de la logique et de l’art de la lutte pour l’indépendance, et le Québec la paisible retraite où se décante cette expérience. Inutile de passer beaucoup de temps à l’analyse des succès. L’étude des échecs est plus fructueuse.
Étudions : voyons, jugeons, comprenons. L’étude de nos échecs passés, c’est fait pour mieux comprendre le présent, nos défis pour l’avenir. Alors, nous serons peut-être à même de pouvoir mieux penser le passé, l’avenir et le présent. Et ainsi, chacune, chacun, pourra, peut-être, mieux vouloir, décider, et, agir, par soi-même, tout en tenant compte des autres.
Il convient de définir les mots «adversaire» et «ennemi» :
Adversaire  : personne qui s’oppose à une autre dans une compétition ou un combat : les deux adversaires sont montés sur le ring. Personne hostile à une idée, à une pratique : les adversaires et les partisans de la chasse. Personne qui est d’une opinion ou d’un parti contraire, et que l’on combat par les paroles ou par les armes.
Ennemi  : personne qui veut du mal à une autre, qui en déteste une autre. Qui haït quelqu’un. Personne opposée à quelque chose : un(e) ennemi(e) du progrès technique. Qui a de l’aversion pour certaines choses : ennemi(e)du bruit. Pays contre lequel on est en guerre. Pays, nation contre lequel l’on est en guerre. Armée ennemie, battre les ennemis(es).
Compte-tenu que le mot adversaire est inclus dans le mot ennemi, dans le but d’en faciliter la lecture, le mot ennemi sera utilisé tout au long de ce texte.
(…) Comme le prouveront les opérations qui suivirent, les indépendantistes n’avaient pas retenu la leçon. Ils ne s’en souvinrent pas dans la suite, et notamment sur ce point
Celui qui n’a plus l’initiative perd généralement ;
_ celui qui a l’initiative gagne habituellement.

S’ils perdirent l’initiative lors de 1837, 1838, et 1995, 1980, ce fut en partie par excès de confiance en eux-mêmes. Le «Haut-Commandement» de 1837, 1838, 1995, 1980, commit le péché mortel de sous-estimer l’ennemi. Pour la première fois, depuis 1759-1760, chaque fois les Québécois ne connaissaient ni l’ennemi, ni eux-mêmes, et chaque bataille les mettait en péril.
Il ne faut pas déprécier ce proverbe contenu dans les livres antiques :
«Connais ton ennemi et connais-toi toi-même
et tu pourras livrer cent batailles sans essuyer un désastre.»

Donc, 1837-1838, 1995-1980, sont pour les indépendantistes des laboratoires de la logique et de l’art de la lutte pour l’indépendance, et le Québec la paisible retraite où se décante cette expérience. Inutile de passer beaucoup de temps à l’analyse des succès. L’étude des échecs est plus fructueuse.
Le principe premier de toute opération indépendantiste est de ménager ses propres forces et de travailler à anéantir l’ennemi (le fédéralisme et la réforme du fédéralisme qui est aussi du fédéralisme).
Or, pour atteindre ce but, il est nécessaire d’éviter toute méthode passive et rigide…
Nulle lutte (démocratique) d’indépendance ne peut être gagnée en prenant une attitude statique. Ils sont «fous», elles sont «folles», ceux et celles qui de propos délibéré adoptent une telle conduite.
La stratégie et la tactique à utiliser pour obtenir le succès contre le Canada Anglais, les Canadiens Anglais au Canada Anglais et au Québec, doivent mettre, devront mettre, et mettront l’accent sur le mouvement constant de mouvements indépendantistes, indépendants des partis politiques, et devront reposer, et reposeront, notamment, sur un principe très simple, savoir avancer et savoir reculer.
1. Quand l’ennemi avance, nous reculons.
_ 2. Quand l’ennemi recule, nous avançons.


Ce qui correspond à quatre slogans (formules brèves et percutantes), que nous devons et devrons adapter à notre lutte :
Les 4 slogans
1. Lorsque l’ennemi progresse, nous battons en retraite.
_ 2. Lorsque l’ennemi arrête, nous harcelons.
_ 3. Lorsque l’ennemi cherche à éviter le combat, nous attaquons.
_ 4. Lorsque l’ennemi bat en retraite, nous poursuivons.

Harceler  : faire subir à quelqu’un des attaques courtes et sans cesse répétées : les moustiques me harcèlent ; les journalistes l’ont harcelé de questions, lui ont posé beaucoup de questions en l’obligeant à répondre vite. Importuner, agacer. Fatiguer par des attaques répétées : harceler l’ennemi. Harcèlement : action de harceler : le harcèlement des fuyards. Tir de harcèlement : tir effectué sur une large zone pour gêner l’activité de l’ennemi. Une guerre de harcèlement, c’est une guerre faite de petites attaques répétées.
C’est ce qui est arrivé notamment à partir du 30 octobre 1995, (Lucien Bouchard, Jacques Parizeau) : les indépendantistes sont devenus immobiles, arrêtés. Lorsque l’ennemi arrête, nous harcelons, nous avons été harcelés, par le Canada Anglais, le Fédéral, combien de fois.
Lire la suite en fichier joint.


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3 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    16 octobre 2011

    C'est intéressant d'aborder le sujet du point de vue militaire. Car en pratique nous sommes exactement dans la une situation d'occupation.
    Et militairement notre plus grand handicap est notre incapacité à neutraliser l'ennemi quand nous n'avons pas un parti souverainiste au pouvoir.
    Vous pouvez toutes les ouvrages sur les techniques de résistance que vous voulez, mais tant que la majorité des souverainistes ne comprendront pas la nécessité de ce doter des outils d'une démocratie direct sous seront toujours en position de faiblesse pour la raison que je vous ait énoncé.
    P.S. M.Marchand, votre document est bien un document Open-Office ?

  • L'engagé Répondre

    16 octobre 2011

    @ JPB
    Je vous invite à relire le texte, ou alors à lui joindre cette lecture-ci : http://www.vigile.net/L-art-de-la-guerre
    Au contraire, la logique de l'auteur est complètement enracinée dans notre période. On veut l'indépendance, on crée des groupes et on agit. À 500, 750, 1000 groupes, on finit par se fédérer pour évaluer notre force et SI ET SEULEMENT SI on est supérieur à l'adversaire dans les 5 domaines on livre bataille : téléchargez le texte en format word et vous constaterez toute la force de la pensée de Marchand.

  • Jean-Pierre Bélisle Répondre

    15 octobre 2011

    Un slogan, c'est un cri de ralliement. Vous énoncez des principes de Sun Tzu, repris par Mao Zedong dans ses écrits militaires sur la guerre populaire. Ce n'est pas dénué d'intérêt, mais ce serait plus intéressant, encore, si vous vous en serviez pour analyser critiquement la situation contemporaine.
    JPB