La fatigue des Palestiniens

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« Les problèmes que connaissent les pays du Moyen-Orient en ce moment font passer la question palestinienne au dernier rang de leurs préoccupations. »

La déclaration de Donald Trump au sujet de Jérusalem, capitale d’Israël — ce qu’elle est en réalité depuis 1949 — aurait pu déclencher une vague de violence sans précédent dans le monde musulman.


À la manière des émeutes qui ont ponctué la publication des caricatures de Mahomet par un journal danois en 2005 et qui ont fait des centaines de morts et des milliers de blessés, de l’Afghanistan au Nigeria.


Nous l’attendons toujours.


La déclaration du président américain a été mal reçue dans le monde musulman, il fallait s’y attendre. Trois jours de rage ont été décrétés par l’autorité palestinienne. Il y a eu des morts.



Le Croissant rouge palestinien estime que 1397 personnes ont été blessées. C’est peu, comparé au bilan des manifestations de l’été dernier à Jérusalem quand Israël a installé des détecteurs de métal à l’entrée de l’Esplanade des mosquées, rapportait le Jerusalem Post hier.


La violence se répand — une synagogue a été incendiée en Suède — mais on sent une fatigue chez les Palestiniens. Sans le Hamas et le Hezbollah pour fouetter les troupes, il y a fort à parier que la rue arabe serait calme.


Les parias du Moyen-Orient


Soyons clairs : s’ils ont souvent utilisé la tragédie des Palestiniens pour se venger de l’Occident, les pays arabes n’ont jamais levé le petit doigt pour leur venir en aide. En 1970, le roi Hussein de Jordanie a même lancé des opérations militaires meurtrières contre les fedayin de Yasser Arafat. Les Palestiniens de Jordanie se sont réfugiés au Liban où ils ont contribué à déclencher une guerre civile.



PHOTO AFP


À ce jour, le Liban traite ses réfugiés palestiniens comme des animaux.


Les problèmes que connaissent les pays du Moyen-Orient en ce moment font passer la question palestinienne au dernier rang de leurs préoccupations. La Syrie et l’Iraq sont en ruines. L’Arabie saoudite négocie le sort des Palestiniens directement avec Israël, en plus de gérer sa propre modernisation. Le Yémen est déchiré par la guerre et l’Iran veut s’imposer comme puissance dominante au Moyen-Orient.


Erreurs du passé


En 2001, À Taba, en Égypte, Yasser Arafat a refusé d’entériner une entente de paix négociée avec le gouvernement israélien par Bill Clinton, avec l’aide d’Hosni Mubarak et de l’Union européenne. Contre toutes attentes, les Israéliens avaient accepté de céder le contrôle de Jérusalem-Est pour qu’elle devienne enfin la capitale de l’État palestinien.


L’entente a achoppé sur le contrôle du sous-sol des lieux saints et Yasser Arafat a accusé les Israéliens d’être des fascistes.


Israël ne disparaîtra pas, les Palestiniens non plus. Seule la solution des deux États peut satisfaire les aspirations des deux peuples. Israël devra faire des concessions territoriales, comme elle l’a fait quand elle a redonné le Sinaï aux Égyptiens en échange d’un traité de paix et Jérusalem devra se scinder en deux.


Les Palestiniens auraient pu obtenir un territoire à eux, une capitale à eux, si seulement ils avaient accepté qu’Israël ait le droit d’exister en tant qu’État juif. Mais ils ont préféré la confrontation.


Encore aujourd’hui, leurs pancartes proclament « Tout Jérusalem, pas seulement Jérusalem Est ».


Quelle tristesse ! Quel drame !