La double tentation : en faire des boucs émissaires et des martyrs !

Crise sociale - printemps 2012 - comprendre la crise

L’arrestation de quatre jeunes adultes du milieu étudiant, dans une phase exacerbée de la crise, pourrait être propice à des dérapages à la fois judiciaires et politiques. Ce risque pourrait d’ailleurs s’amplifier à la faveur d’autres arrestations qui sont susceptibles de survenir dans cette affaire du métro de Montréal.
La dangereuse tentation, de la part d’un pouvoir étatique incarné par un gouvernement en perte de légitimité, serait de faire de quelques jeunes les boucs émissaires de l’ensemble de la crise étudiante. Le système judiciaire doit sanctionner leur action antisociale, mais il est à fort risque d’errer en droit et en éthique, s’il s’aventure dans les avenues d’une rhétorique et d’un arsenal juridique et pénal du “terrorisme” ! Dans un procès qui sera marquant, et qui ne devra pas être celui du mouvement étudiant, le système judiciaire aura le devoir d’être exemplaire, c’est-à-dire de résister à la tentation de prononcer des peines exemplaires !
En faisant de ces jeunes des boucs émissaires, il est certain que le système judiciaire en ferait aussi des martyrs, ce qu’ils ne méritent pas, que ce soit du point de vue de la Justice, de la société, ou du mouvement étudiant. En effet, le risque est grand, de générer chez eux et leurs sympathisants une dangereuse dérive qui pourrait alors s’apparenter à du terrorisme, comme on a pu le voir en France avec la tragédie du groupe Action directe et ses égarements néofascistes...
Est-il permis de questionner ici la responsabilité morale des érudits et promoteurs d’un “insurrectionnisme” apocalyptique (pseudo “anarchisme”, néo-situationnisme et “invisibilisme”) parfaitement étranger à la dynamique sociohistorique réelle du Québec ?
Yves Claudé


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