La doctrine Gérin-Lajoie pour toujours

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«Dans le contexte de la mondialisation, le Québec ne saurait renoncer aux relations internationales sans renoncer à sa modernité.»






Tout un voyage dans le temps que ce colloque de vendredi à l’ENAP, organisé par le Groupe d’études sur les relations internationales du Québec (GRÉP), sur les 50 ans de la doctrine Paul Gérin-Lajoie...




Fondateur du ministère de l’Éducation, ce dernier est le seul survivant de la mythique «équipe du tonnerre» du libé­ral Jean Lesage, qui a accouché du Québec moderne dans les années 1960.




Héritage libéral




Âgé de 95 ans, M. Gérin-Lajoie a prononcé une émouvante allocution sur cette doctrine qu’il veut laisser en héritage aux Québécois «pour toujours». Cela ne manquait pas de rappeler la fameuse déclaration d’un autre libéral, le premier ministre Robert Bourassa, sur le Québec «pour toujours société distincte libre de ses choix».




À l’intérieur du fédéralisme, la doctrine Gérin-Lajoie met l’accent sur le prolongement des compétences québécoises sur le plan international. C’est ainsi que sa souveraineté en éducation étant totale, il n’y a que le Québec qui peut mettre en œuvre des engagements internationaux dans ce domaine, qu’il est seul habilité à prendre.




Représentant exceptionnellement bien le Québec sur la scène internationale, l’ancien premier ministre Jean Charest résumait ainsi la doctrine Gérin-Lajoie en 2008: «Ce qui est de compétence québécoise chez nous est de compétence québécoise partout!»




Cette formule a été reprise sans réserve vendredi par la ministre des Relations internationales. Christine Saint-Pierre n’a pas manqué de rappeler que le premier ministre Couillard avait spécifiquement entériné la formulation de M. Charest sur la doctrine Gérin-Lajoie lors de l’assermentation de son premier conseil des ministres.




Philippe Couillard




Philippe Couillard promoteur du Québec sur la scène internationale? Celui-là même qui semble totalement adhérer à la vision canadienne de ce que nous sommes? Ce cérébral surdoué qui a tant de difficulté à s’identifier de façon émotive à la nation québécoise?




On aimerait y croire. Pour le moins, ce colloque rappelait une réalité sous-estimée dans un monde ne semblant plus valoriser que l’instantanéité: les hommes passent, les institutions restent.




Portée depuis un demi-siècle par la fonction publique québécoise, la doctrine Gérin–Lajoie reste essentielle, comme l’a rappelé vendredi un autre ancien ministre libéral, Benoît Pelletier. Dans le contexte de la mondialisation, le Québec ne saurait renoncer aux relations internationales sans renoncer à sa modernité.




Apparu avant l’apparition d’un mouvement souverainiste menaçant pour le reste du Canada, ce legs libéral y souffre de son allure désormais «séparatiste», alors qu’on a souvent besoin de la collaboration fédérale pour l’exploiter et le pousser plus loin.




On a parfois l’impression que le Québec n’est plus composé que de souverainistes totalement vendus à l’indépendance et de fédéralistes totalement acquis au Canada. C’est donc un soulagement de constater qu’il existe encore des Québécois nationalistes – y compris des jeunes – qui veulent faire progresser pragmatiquement le Québec en tant que Québec sur la scène internationale, sans sortir du Canada.




 



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