La défaite du Québec

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Sous Couillard, le Québec a largement reculé sur la scène internationale

Le grand cirque Trump a tout occulté au G7. Notamment l’énorme défaite de la diplomatie du Québec dans le triangle Paris-Ottawa-Québec.


On l’a sans doute oublié, mais le président français Emmanuel Macron a annulé un discours qu’il devait présenter jeudi à l’Assemblée nationale.


Lors de sa dernière rencontre avec le président à Paris en mars, le premier ministre Couillard avait pourtant lui-même, fièrement, annoncé cet événement.


Les deux prédécesseurs de Macron avaient pourtant pris la parole devant les élus du Québec.


Pour expliquer l’annulation, la diplomatie française s’est rabattue sur l’argument selon lequel le président Macron ne venait pas visiter le Québec, mais le Canada. On a noté aussi qu’il avait un horaire trop chargé. On est décidément loin de l’ère De Gaulle.


Et la Capitale ?


Certes, MM. Couillard et Macron se seront vus... à Montréal. Donc en contravention nette avec la loi sur la capitale nationale sanctionnée en 2016 et réclamée par le maire Régis Labeaume.


À l’article 4, on y précise que Québec est « la capitale nationale du Québec », « berceau de la francophonie en Amérique du Nord », dont le territoire est par conséquent « le lieu privilégié et prioritaire [...] des rencontres diplomatiques [...] auxquelles prend part le gouvernement du Québec ».


On est décidément loin de l’ère Charest. Jean Charest, qui avait organisé en 2004 une mission conjointe au Mexique avec le premier ministre français Jean-Pierre Raffarin :



  • Qui avait développé une relation directe et privilégiée avec Nicolas Sarkozy ;

  • Qui a amorcé les négociations des arrangements de reconnaissance mutuelle des qualifications (ARM) avec la France, puis l’AECG avec l’Europe.


Sous Charest, on sentait une réelle impulsion, une volonté de renouveler et de développer la relation France-Québec et les relations internationales.


Authentique passionné de ces choses, l’ancien premier ministre libéral se servit en plus de celles-ci pour se montrer nationaliste. Il réitéra la doctrine Gérin-Lajoie en la reformulant : « Ce qui est de compétence chez nous est de notre compétence partout. »


En 2009, l’actuel chef péquiste Jean-François Lisée, à l’époque directeur d’un centre de recherche sur l’international et blogueur, avait même symboliquement remis au chef libéral le prix du « parlementaire s’étant le plus illustré hors Québec » !


Si ce prix existait, Philippe Couillard ne le mériterait certainement pas. Depuis 2014, le Québec a régressé en ces matières en général et dans sa relation avec la France en particulier. Pensez-y, le président du Conseil du trésor de l’époque Martin Coiteux a même tenté de transformer le ministère des Relations internationales en « secrétariat ».


J’en entends certains dire : mais quelle importance, la France ? C’est quand même un pays du G7, présent au Conseil de sécurité de l’ONU, non ?


Historiquement, c’est capital : qu’aurait été la Révolution tranquille au Québec sans la relation directe et privilégiée du gouvernement de Jean Lesage avec la France ? (Lesage, Charest : remarquez que je parle de libéraux !)


La régression actuelle du Québec n’est certainement pas la seule faute du gouvernement Couillard. Comme leurs élites, bien des Québécois sont maintenant convaincus que nous ne formons qu’une « province ». Or, les provinces n’ont pas de relations internationales.