La déception de Guy Bertrand

Chronique de Patrice Boileau

Lors du lancement de son livre « Guide d’accès à l’indépendance - pour la survie du Québec français », l’avocat Guy Bertrand en a profité pour dénoncer la stratégie de la nouvelle chef du Parti québécois, Pauline Marois.
Me Bertrand reproche en fait à la leader péquiste sa «non-stratégie». Il est vrai qu’une personne qui aspire à devenir chef d’État ne peut avoir comme plan de match d’attendre que le peuple lui dicte son agenda. Un dirigeant politique doit avoir le courage de ses convictions. Il lui faut les exprimer haut et fort et convaincre la société civile de le suivre. Au pire, celle-ci lui préfèrera temporairement un autre parti politique pour gouverner. Chose certaine, la tergiversation sème l’ambiguïté, ce qui entraîne souvent la mort d’une formation politique.
Le coloré avocat s’inquiète de voir la métropole québécoise glisser lentement des mains des francophones. Montréal s’anglicise, tout le monde l’entend. Selon Guy Bertrand, cette ville deviendra majoritairement anglophone d’ici 10 ans si le Québec ne dispose pas d’outils politiques adéquats pour imposer son caractère français. Au cœur de ces instruments se trouve évidemment celui de l’indépendance nationale. Un pays du Québec n’enverrait évidemment pas le même message aux nouveaux arrivants qu’une province francophone minoritaire dans une fédération anglo-saxonne.
Le commentaire de celui qui a déjà brigué le poste de direction du Parti québécois en 1985 enchante les médias fédéralistes du Québec. Ceux-ci bondissent, depuis l’élection de mars 2007, sur tout ce qui contribue à affaiblir les troupes souverainistes. Ainsi, l’annonce de Pauline Marois de ne pas tenir de référendum possiblement d’ici 12 ans les a comblés! Tout commentaire défaitiste émanant de souverainistes notoires fait ainsi l’objet de la même attention médiatique. Que dire de cette soudaine rumeur qui laisse croire que le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, quitterait la scène politique après le prochain scrutin général?
Guy Bertrand devra patienter encore un peu avant d’apercevoir des signes encourageants dans le ciel souverainiste. Les nuages gris qui l’obscurcissent sont le fruit de l’industrie fédéraliste qui en produit à plein régime. Elle s’en est donné encore à cœur joie lors du congrès de l’Action démocratique la fin de semaine dernière à Victoriaville. Les présences d’André Caillé et de Jean Garon -- des indépendantistes connus -- ont été signalées bruyamment.
L’ADQ est littéralement mise en marketing par la machine médiatique fédéraliste, puisque le Parti libéral de Jean Charest coule aux côtés de son grand frère à Ottawa. Pas question de laisser la moindre visibilité favorable aux souverainistes afin qu’ils parviennent à se relever. D’où l’appui médiatique tacite que reçoit dorénavant le parti de Mario Dumont, puisqu’il se dit dorénavant fédéraliste. C’est pourquoi le sombre pronostic de Me Bertrand a été diffusé immédiatement.
Un happening indépendantiste d’envergure se prépare le 20 octobre prochain à Montréal. Il ne faudra pas s’attendre à une couverture médiatique digne de ce nom. S’il devait, contre toute attente, y en avoir une, ce sera sûrement pour traiter d’une réunion de « purs et durs », voire d’extrémistes. Il est pourtant à espérer que cet événement obtienne sa juste part d’attention des médias. Cela en rassurerait plus d’un, dont moi; des gens profondément inquiets de voir que la circulation des idées au Québec est de plus en plus encadrée par l’intelligentsia médiatique au service d’une seule cause. La présence de nombreux ténors souverainistes aiderait évidemment à affaiblir ce carcan idéologique.
La participation de Me Bertrand à cette rencontre pourrait peut-être lui redonner de l’espoir. Rien ne l’empêche aussi de brasser la cage péquiste pour qu’elle y envoie des représentants. Celle-ci est demeurée grandement inerte face au lancement de son bouquin. Si la chef du PQ qui se dit indépendantiste préfère attendre le signal des gens plutôt que le donner, la réunion du 20 octobre s’avère une belle occasion de lui en envoyer un.
Patrice Boileau



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5 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    10 octobre 2007

    N'y aurait-il pas dans le journal le Québecois l'embryon d'un journal national?

  • Archives de Vigile Répondre

    6 octobre 2007

    Je suis le premier à avoir de la difficulté à pardonner à Me Guy Bertrand. Il nous a donné royalement tapoché! Il est certain qu'il faut se réjouir de son retour mais qu'on nous demande pas de nous agenouiller...pas masochiste quand même...
    Je suis également de ceux qui croient à la nécessité d'un journal souverainiste. J'essaie de soutenir de mes maigres noyens toutes les initiatives qui vont en ce sens dans l'espoir qu'un jour un nouveau Jour verra le jour!
    Réal Ouellet

  • Georges-Étienne Cartier Répondre

    5 octobre 2007

    Suite...
    Poursuivant ma réflexion, il me vient à l`esprit que "Le Devoir" est dans le chemin et qu`il faudra probablement se résoudre à "tuer" ce journal enlisé dans la bien pensance mi chair mi poisson,et dont l`ambigüité douceureuse perverse et anesthésiante constitue un poison subtil mais d`autant plus dangeureux :sa structure , de par sa chartre, bloque toute évolution !

    Pour faire de la place, enfin,à quelque chose de "VRAI" !
    Pourquoi pas ? Après tout, RIEN n`est "sacré" !
    En tout cas, je lance l`idée !

  • Georges-Étienne Cartier Répondre

    4 octobre 2007

    ON EN REVIENT TOUJOURS AU MÊME PROBLÊME : TANT QUE NOUS N`AURONS PAS UN JOURNAL QUOTIDIEN , PUIS DE LÀ UNE STATION RADIO, NOUS N`EXISTERONS PAS "SUR LA SCÈNE MEDIATIQUE", C`EST À DIRE QUE NOUS N`EXISTERONS TOUT COURT QUE FANTÔMATIQUEMENT!
    L`URGENCE , LA PRIORITÉ DES PRIORITÉS, AVANT MÊME DE RE-FONDER UN PARTI INDÉPENDANTISTE, C`EST DE DÉNICHER ET REGROUPER DES FINANCIERS VOLONTAIRES DÉCIDÉS À RE-LANCER SUR DES BASES SOLIDES UN TEL JOURNAL : HEBDO D`ABORD, PUIS QUOTIDIEN.DES GENS COMPÉTENTS POUR FAIRE ÇA, JE NE PEUX PAS CROIRE QU`IL N`Y EN AIT PAS PARMI NOUS ! QU`ILS SE LÈVENT ET SE REGROUPENT POUR FORMULER UN PLAN D`AFFAIRE !
    L`ÉCHEC DU "JOUR" REMONTE À 30 ANS, UN TIERS DE SIÈCLE : UN ACCIDENT DE PARCOUS DANS UN CONTEXTE DIFFÉRENT, PAS UNE FATALITÉ. OU ALORS, SI C`EN ÉTAIT UNE, IL FAUDRAIT CROIRE QUE LE RESTE L`EST AUSSI. JE REFUSE !

  • Archives de Vigile Répondre

    3 octobre 2007

    Me. Guy Bertrand doit écrire, dans un prochain livre, la recette pour faire l'indépendance du Québec.
    Je serais des plus surpris si un ou quelques députés péquistes se montraient la face à votre réunion du 20 octobre. Ils ne se sont même pas montrés au lancement du livre de M. Bertrand à notre Parlement sauf pour son frère qui n'est plus député et qui l'a fait, probablement, pour des raisons familiales.
    Me. Guy Bertrand a beaucoup de personalité, a du charisme et est très convaincant. Il serait un élément intéressant à cette réunion. C'est une très bonne chose d'y avoir M. Louis Bernard comme conférencier. Ce spécialiste continue correctement de préconiser la souveraineté à la place de gouverner la province de Québec par un parti indépendantiste.