A Bruxelles, la crise belge se porte comme une difformité.
Nous tentons de la dissimuler en vain.
Le monde politique et l'Etat nous ont appris comment faire: nous
inventons mots et vocables divers (communautarisation, régionalisme ...)
pour masquer cette balafre disgracieuse.
Nous avons aussi beaucoup usé de l'humour, de l'auto-dérision afin de
faire passer aux yeux des autres (et aux nôtres) cette interminable
souffrance pour une chose bénigne.
Je vous livre notre incantation Belge: ... tout va bien, tout va bien !
Ce climat de 'non voir', cette volonté de ne rien entendre, cette
obsession à ignorer les problèmes, nous a menés dans une situation des plus
dangereuse.
Si l'existence de la Belgique est menacée, ce n'est plus un mystère, nous
ouvrons les yeux sur nos souffrances, mais le tableau qui s'offre à notre
vue n'est pas seulement celui d'un Royaume brisé.
Nous voici devant le retour du monstre, de l'hydre de nos pires cauchemars
d'Européens se voulant démocrates, celui-là même que nous pensions avoir
renvoyé il y a 60 ans dans les abysses du passé !
J'ai nommé l'extrême-droite nationaliste pure et dure !
Car oui, c'est de cela qu'il s'agit, une sorte de coup d'état de
l'intérieur, qui profitant de l'aveuglement Belgo-Belge, de l'auto-censure
de fait, a insidieusement usé de populisme outrancier pour induire une
marche vers, non pas l'indépendance, mais la prise de pouvoir !
La Flandre a usé de cette menace indépendantiste, pour faire accepter une
liste de compromissions invraisemblable aux francophones, tout au long des
30 dernières années.
En position de force, clamant le 'boulet Wallon' à qui veut l'entendre
(mais surtout aux Wallons eux-mêmes), la Flandre a envahi artificiellement
le paysage Belge et surtout sa capitale (la Région de Bruxelles génère 1/5
du PIB).
Imposant le bilinguisme, elle écarte les francophones des postes
décisionnels (même les chauffeurs de camion! ), appauvrissant ainsi les
francophones de Bruxelles surtout et creusant encore l'écart causé par la
venue massive de députés et postes de hauts fonctionnaires depuis
l'installation de L'UE dans notre ville (un rapport de l'Europe est
éloquent à ce sujet)
La Flandre prétend 'préserver son caractère flamand et sa culture'.
En fait, elle stigmatise une population fragilisée, focalise la cause de
tous les maux sur 'l'improductivité Wallone', le bouc émissaire désigné.
Elle interdit la vente de terrains communaux aux francophones, elle impose
des cours de néerlandais aux candidats aux logements sociaux (amendes à la
clé), etc .. (la liste est longue, très longue ...)
En fait elle organise la débâcle financière de la Wallonie, pour ensuite
dire: 'voilà on vous l'avait dit, ce sont des bons à rien ...'
Mais son indépendance, que nenni !
Flamandiser Bruxelles, détourner à son seul profit les revenus de cette
région et employer de la main d'oeuvre francophone soumise (et à bas
prix).
En fait faire des francophones de Belgique une sous-nationalité ne
disposant pas des privilèges accordés aux flamands de souche (oui, de
souche, car il ne suffit pas d'être bilingue, vous y aviez cru ?).
Par ex: un chauffagiste francophone ne peut servir un client en flandre,
il doit avoir passé un examen de neerlandais, ce n'est pas le cas dans
l'autre sens.
Un médecin Flamand peut utiliser les Taxis bruxellois gratuitement pour
effectuer des visites, pas les francophones ....
Démagogie ?
Non, l'extrême-droite n'existe plus en Flandre, la Flandre EST DEVENUE
l'extrême-droite: sites internet de délation, association des plus
extrémistes aux partis dits 'modérés', opinion publique flamande
monothéiste, discours politiques dogmatiques, estompement de la norme,
démocratie en berne ....
La Belgique flamande est sur les traces de l'Autriche de G. Haider, mais
en mieux, plus raffiné et bien plus efficace.
Quand nous avons un premier ministre qui dit ' ... les francophones ne
sont pas en état intellectuel de comprendre ...' , moi j'ai compris !
Nous filons droit dans le mur, et vite !
Je souhaite à la Flandre de trouver sa voie, car pour l'instant,
l'intolérance, la délation, le détournement, la propagande, la terreur
(oui, nous avons des milices flamandes qui viennent semer la terreur dans
les quartiers francophones ...) le déni de démocratie et le populisme y
sont érigés en art de vivre !
L'impossibilité du vivre ensemble est consommé ?
Nous n'en sortirons pas par le haut, plus maintenant , le vin est tiré, il
nous faut le boire.
PS: Le regard des autres est devenu important, pour nous.
Merci pour vos analyses et de l'intérêt que vous nous portez !
Alain Bernard
(Bruxelles le 11/05/08)
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --
La crise belge : comme une difformité
Ce climat de 'non voir', cette volonté de ne rien entendre, cette obsession à ignorer les problèmes, nous a menés dans une situation des plus dangereuse.
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1 commentaire
Archives de Vigile Répondre
15 novembre 2009Qu'est-ce que ça peut nous faire que la Flandre soit devenue d'extrême-droite ? Pour nous, rattachistes wallons qui voulons réunir la Wallonie à la République, la Flandre est DEJA un pays étranger. Ce qui s'y passe, c'est comme si cela se passait aux Pays-Bas. Ce qui nous intéresse, c'est ce qui se passe en France, car la France, et les valeurs démocratiques de la République, c'est notre avenir. La Belgique, c'est dépassé, c'est fini, elle est moribonde.Ce n'est pas la crise qui est une "difformité", c'est la Belgique elle-même !