Dans la crise actuelle qui se déroule dans la capitale fédérale, s’il y a
un des quatre partis dont on entend peu parler, c’est le Bloc québécois.
D’un côté, le parti conservateur a cherché à profiter du moment pour
couper le financement à son adversaire principal, le Parti libéral, faisant
souffrir au NPD et au BQ des dommages collatéraux.
De l’autre, les vieux amis Jean Chrétien et Ed Broadbent ont préparé une
riposte de taille : renverser le gouvernement par un vote de défiance et
lui opposer un gouvernement de coalition libéral et néo-démocrate, sans
aller en élections. Cette coalition dispose bien sûr des appuis fermes de
Stéphane Dion et de Bob Rae, que cette éventualité avantagerait
particulièrement.
Cependant, aucun des deux adversaires en présence, le gouvernement
conservateur ou la putative coalition du PLC et du NPD, ne dispose d’une
majorité absolue à la Chambre des communes. Par conséquent, chacun aurait
besoin de l’appui du Bloc, soit pour se maintenir, soit pour s’imposer.
Voilà pourquoi la crise actuelle présente une chance en or pour le Bloc de
remplir sa mission proclamée, c’est-à-dire de défendre les intérêts du
Québec. En échange de son appui, le Bloc devrait fermement exiger un acquis
pour le Québec, allant dans le sens de ce que les Britanniques appellent
une « dévolution » de pouvoirs. Je donne des exemples à titre
d’illustration : l’extension de la loi 101 aux compagnies à charte fédérale
sur le territoire québécois, un encadrement sérieux du pouvoir fédéral de
dépenser (avec le transfert de points d’impôt), la création d’un CRTQ pour
le Québec en remplacement de l’autorité du CRTC, le retrait du Québec de
l’application de la loi sur le multiculturalisme, etc. La liste pourrait
être longue. Il faudrait en fait faire un choix avec lequel le Premier
ministre Charest ne saurait être en désaccord, voire, qu’il a réclamé
dernièrement.
En effet, il convient que le Bloc, pour être fidèle à sa raison
d’être, aborde la crise, et son jeu dans les alliances qui nécessairement
auront cours, non pas en fonction de préférences gauche-droite, mais
simplement en fonction de l’obtention de gains d’autonomie pour le Québec.
***
Charles Courtois, chercheur postdoctoral à l’UQTR
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --
La crise à Ottawa : une chance pour le Bloc?
Coalition BQ-NPD-PLC
Charles-Philippe Courtois29 articles
Charles-Philippe Courtois est docteur en histoire et chercheur postdoctoral à la Chaire de recherche en rhétorique de l'Université du Québec à Trois-Rivières. Il prépare la publication de La Conquête: une anthologie (Typo, automne 2009).
Cliquer ici pour plus d'information
Charles-Philippe Courtois est docteur en histoire et chercheur postdoctoral à la Chaire de recherche en rhétorique de l'Université du Québec à Trois-Rivières. Il prépare la publication de La Conquête: une anthologie (Typo, automne 2009).
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7 commentaires
Archives de Vigile Répondre
3 décembre 2008La grosse faille dans votre tentative de comparer l'action du Bloc à c'elle du parti national irlandais est l'absence d'un "Home Rule Bill".
Voilà ce que brandissait le parti national irlandais pour que les partis libéraux et conservateurs obtiennent son appui.
Robert Bertrand Répondre
2 décembre 2008L'Histoire nous apprend des façons de se comporter dans les moments historiques.
Il faut lire l'intervention présentée sur Vigile à la page :
http://www.vigile.net/La-pertinence-du-Bloc
Le BLOC suit l'exemple qu'a emprunté l'IRLANDE pour réaliser son INDÉPENDANCE et devenir un PAYS. Bravo pour le travail que réalise Gilles Duceppte à Ottawa.
Ce qui se passe à Ottawa et dans le ROC par la qualité des discours et des interventions nous démontrent jusqu'où ils sont capables de nous décrire.
Pour le Canada, c'est comme s'ils avaient perdu le RÉFÉRENDUM.
C'est l'OUEST contre l'EST. Il faut entendre les commentaires des citoyens qui appuient cette possible COALITION.
Les « deux solitudes » existent et nous en avons la preuve on ne peut plus évidente.
Qui va vouloir travailler avec HARPER après cette période de possible coalition avec un plan d'actions souhaitées par la majorité ?
Imaginons, un moment, que HARPER annonce des améliorations qui seraient celles de la coalition ou en grandes parties.
Il y aurait possiblement un refroidissement de l'ardeur des « coalitionnistes ».
Ces élus de l'ensemble des partis de l'opposition pourront-ils travailler de part et d'autre comme s'ils n'avaient pas déjà réussi à travailler ensemble ?
Quoi qu'il en soit, ce parlement ne sera jamais plus le même et les acteurs ne pourront plus agir comme ils l'ont fait jusqu'à présent.
Harper pourra venir au Québec et parler aux « séparatisss »
Le vrai visage du CANADA à l'étranger avec HARPER est sur la voie de faire les manchettes au cours des prochains jours.
N'avait-il pas été élu pour travailler dans un gouvernement minoritaire ?
Robert Bertrand
Archives de Vigile Répondre
2 décembre 2008La seule chose positive que je vois dans cette action du Bloc est que cela met les anglos de l'ouest en rogne.
Mais alors pourquoi Marois en fait pas autant avec les anglos de Montréal ?
Là nous aurions quelque chose.
Elle n'a qu'à promettre que le MUHC sera français.
Archives de Vigile Répondre
2 décembre 2008Comment pouvez-vous dire que le Bloc n'a rien demandé en échange de son appui à la coalition? Sur Vigile d'aujourd'hui, lisez les textes de Bernard Descôtaux, de Sophie Cousineau et de Michel David.
Vous verrez que le Québec, et à l'occasion, le Canada, retire énormément de cette enteente.
M.Duceppe aurait-il dû appuyer Harper qui retirait le droit de grève aux fonctionnaires, qui retirait la contribution du gouvernement fédéral aux partis politiques
M. Duceppe a fait preuve de pragmatisme tout en sachant les critiques qu'il encourait, critiques encouragées par des journaux qui n'en ont que pour le sensasionnalisme.
Dommage.
Archives de Vigile Répondre
2 décembre 2008L’alternative : Coalition Bloc-Conservateur / Coalition PLC-NPD-Bloc
VLB choisit la coalition Bloc-Conservateur
Ce qui se passe à Ottawa n'est pas que le fruit de la chance ou du hasard, comme le dit M. Charles Courtois dans son texte intitulé « La crise à Ottawa : une chance pour le Bloc ! » que j'endosse volontiers par ailleurs. Ce qui est peut-être un « hasard », c'est que cela se passe en pleine campagne électorale québécoise. Et encore ! Peut-être n'est-ce encore une fois qu'un mauvais calcul des canadianisateurs apprentis sorciers de la Art-Peur qui s'imaginent pouvoir ainsi favoriser la division souverainiste et l'élection de Jean Charest, tout en s'aidant à créer à ce « moment ici » les conditions de leur élection par la suite en tant que gouvernement majoritaire. La réélection d'un Jean Charest minoritaire et à plus forte raison majoritaire pourrait les aider à cet égard. Mais... Peu importe pour le moment. Ce qui compte, c'est que nous pouvons récolter maintenant les fruits mûrs d'un arbre dont les souverainistes ont heureusement choisi de prendre grand soin depuis longtemps, et ce n'est pas que la chance et le hasard, mais bel et bien le résultat d'une mobilisation exceptionnelle des souverainistes qui ont su contrer la Art-Peur et la division engendrée par une propagande de « l'inutilarisme » supposé du Bloc, pas suffisamment souverainiste. Nous avons su résister au divisionnisme. Nous avons gagné.
En donnant au Bloc un appui sans équivoque depuis sa création, les souverainistes, le peuple souverain du Québec, est parvenu à nous débarrasser des gouvernements canadianisateurs à la « claire » arrogance commanditaire majoritaire. Le Bloc québécois a permis que soit dénoncé et renvoyé aux oubliettes de l'Histoire notre assujettissement à l'Héritage unilatéral de Pierre Elliott Trudeau. Le Bloc québécois sous la perspicace et constante gouverne de Gilles Duceppe, est parvenu à mettre au jour un système propagandiste et commanditaire répudié par le peuple souverain du Québec. Ce qui a permis le renforcement de la droite activiste Conservatrice et l'élection de deux gouvernements minoritaires de la Art-Peur.
Les souverainistes en donnant leur appui au Bloc québécois en masse et en bloc, les souverainistes en faisant l'unité contre les accusations des diviseurs indépendantistes, sont parvenus à contrer l'élection d'un gouvernement majoritaires de la Art-Peur. Ce gouvernement persiste à vouloir agir en gouvernement majoritaire, refusant une fois encore le verdict du peuple démocratique et souverain qui lui a commandé, deux fois plutôt qu'une, de gouverner en minoritaire.
Une seule alternative s'offre aux souverainistes, se présente au Bloc québécois. Soit former une coalition avec les Conservateurs, soit former une coalition contre les Conservateurs. La coalition avec les Conservateurs ne peut être envisagée. En formant une coalition avec l’opposition PLC-NPD, le Bloc québécois permet aux souverainistes de décider quel gouvernement du Canada pourra le mieux servir les intérêts du Québec, avant et pendant le processus d’accession à la souveraineté de l’État du peuple souverain du Québec. Le NPD et le PLC représentent les provinces qui nous sont voisines. Les Conservateurs, représentent essentiellement les provinces lointaines de nos frontières. C’est donc avec ce Canada voisin-là qu’il nous faudra transiger avant, pendant et après la création de l’État du peuple souverain du Québec. Autant être aux premières loges de tel gouvernement. Autant favoriser un Canada ayant à sa tête un gouvernement représentant nos voisins immédiats. En permettant que tel gouvernement soit constitué par la coalition de la gauche et du centre-gauche, le Bloc permet de faire en sorte que ce Canada là ne soit plus gouverné par l’arrogance et le mépris d’un parti majoritaire doté de ce qu’il faut pour écraser et laminer à sa guise l’État du Canada, son Parlement, ses Institutions, comme l’ont fait trop longtemps les Libéraux du PLC. C’est ce que nous procure l’actuel soutien du Bloc québécois à cette première entente historique entre les partis d’oppositions du Parlement d’Ottawa.
Qu’elle ait ou pas l’occasion de s’incarner dans la réalité, cette première a le double mérite, de faire en sorte que s’impose dans le paysage politique, un outil de plus pour, ici même au Québec, mettre en place un gouvernement majoritaire, pour contrer les gouvernements canadianisateurs minoritaires à la Charest. Ce pourquoi il n’est pas chaud à l’idée qui menace de s’imposer à Ottawa. Un outil qui pourrait nous être très utile le jour où il faudra engager le processus politique concret menant à la création par le peuple du Québec, de l’État du peuple souverain du Québec. Il faudra former une coalition d’Union pour minoriser le PLQ canadianisateur. Il est donc important que cela puisse se faire d’abord à Ottawa, de manière à ce que cette première puisse se faire sans que les souverainistes aient à porter seuls le fardeau de la réplique que ne manqueront pas d’engager les gouvernements minoritaires remplacés par tels gouvernements majoritaires. Cela permet d’ouvrir grand la porte à la pareille au Québec.
L’alternative : Coalition Bloc-Conservateur / Coalition PLC-NPD-Bloc
VLB choisit la coalition Bloc-Conservateur
Pour des raisons électoralistes VLB, candidat indépendantiste indépendant, choisit encore et toujours de tirer à bout portant sur le PQ de Pauline Marois dans son texte intitulé « J’ai mal au Bloc ! » Tribune libre de Vigile 2008 12 02. Cela, sous prétexte que « Gilles Duceppe et Stéphane Dion assis à la même table et tout souriants ils sont, comme deux vieux amis dans la même auge ! ».
Les artistes sont des « trouveurs ». Parfois ils sont des chercheurs. L’œil rivé à leur microscope les fait avoir la vision courte du grossissement sans recul. Le Stéphane Dion dont il parle, n’est plus le même que celui dont il parle. Comme si les souverainistes n’étaient pas parvenus à enfoncer l’arrogance du gouvernement de Jean Chrétien outrageusement majoritaire. Comme si le Bloc québécois n’était pas à la table pour célébrer sa victoire contre la pérennité d’un gouvernement Libéral majoritaire à vie pour le Canada, enfonceur du Québec. Cela parce que le Bloc est parvenu grâce à sa dénonciation obstinée à nous procurer cette victoire souverainiste sur les malversations commanditaires du gouvernement du PLC.
Stéphane Dion a été l’incarnation de la suffisance victorieuse des manipulations référendaires, certes. Mais le Stéphane Dion actuel, est celui qui n’a pu parvenir, grâce au Bloc souverainiste, à sauver les restes de l’Héritage de Pierre Elliott Trudeau transmis par Jean Chrétien. Cela, grâce à l’Union des souverainistes faisant bloc derrière le Bloc. Son échec est notre victoire. C’est ce Stéphane Dion là qui était assis à côté de Gilles Duceppe. Un Stéphane Dion vaincu. Que le Bloc le force à s’associer au NPD, et à l’asseoir à ses côtés est notre trophée. C’est la parade d’un gisant d’orignal promis à la boucherie de son propre parti avide de se partager ses restes. Et encore, on est loin de la coalition au gouvernement. Ce qui le promet à un inéluctable écartement. Et, s’il restait, il ne pourra avant longtemps penser revenir suffisant et majoritaire.
Entre-temps cependant, la porte est maintenant grande ouverte pour nous au Québec. Nous pourrons faire en sorte que le verdict majoritaire du peuple souverain du Québec puisse former, devant les minoritaires canadianisateurs, un gouvernement de coalition majoritaire et souverainiste.
Quelle autre alternative ?
Il n’y a pas d’alternative. En choisissant d’élire une forte députation du Bloc québécois à Ottawa nulle autre alternative que le gouvernement majoritaire, dont nous ne voulons plus, ou un gouvernement minoritaire, appuyé par le Bloc québécois. VLB ne peut sans mal se permettre d’ignorer l’alternative à son enfoncement actuel du Bloc québécois, sous prétexte qu’il ne veut pas déroger de son PQ-rentre-dedans, étant donné que Pauline Marois appuie Gilles Duceppe, avec raison.
Comme si les raisons données par Pauline Marois sont les seules qui pourraient être à l’avantage des souverainistes. Comme si pavoiser en ce sens de son côté, pouvait être judicieux.
VLB l’auteur, l’artiste est un grand trouvère, un trouveur. VLB le politicien est un chercheur qui aurait avantage à prendre du recul. Enfoncer le PQ, favoriser la réélection du Premier ministre minoritaire démissionnaire Jean Charest, priverait les souverainistes d’une occasion en or de choisir les deux gouvernements qui nous gouvernent, autant à Ottawa qu’à Québec. Alors que le Bloc célèbre sa victoire en grand, met en place un gouvernement minoritaire de son choix, il nous faudrait au Québec, nous priver de pareille et concomitante victoire ? Nous avons l’occasion de cueillir les fruits d’une longue lutte, en même temps, autant à Ottawa qu’à Québec et il faudrait s’abstenir de le faire ?
Allons donc ! Un peu sérieux !
Votons en Bloc et en masse pour le Parti québécois de Pauline Marois
Partout au Québec... Sauf dans Rivière-du-loup !
Votons pour VLB, un éminent chercheur ! En espérant que son élection nous fera retrouver le trouveur qu’il est par ailleurs !
Marcel Haché Répondre
2 décembre 2008La manoeuvre du Bloc est très habile.Il est vrai que les risques auxquels consent M.Duceppe sont immenses.Le Bloc n'a aucun allié le moindrement solide à Ottawa.Et chacun des partis nationaux voit la possibilité de faire des gains au Québec,advenant que le Bloc se discrédite.
Le Bloc ne se discréditera pas.
Cela fait depuis la naissance du P.Q.,sous R.Lévesque lui-même,qu'aucun politicien souverainiste n'avait entrepris une action aussi audacieuse.J'ai souvent reconnu le mérite de M.Parizeau.Mais l'action de M.Duceppe dépasse de loin celle de M.Parizeau.
Après des années de respect,de fair play,de fidélité questionnée souvent injustement,le Bloc profite de la conjoncture,fait une remarquable analyse,et montre enfin--pour une fois--la force du mouvement souverainiste au Québec.
Cela repose de la longue marche étapiste,interminable.
Puisque l'initiative ne vient pas de Québec,les libéraux veillant au grain,il fait plaisir à voir que le Bloc et les bloquistes ne sont pas morts.
Et si même les choses devaient mal tourner pour le Bloc--ce qui est loin d'ètre acquis--,du moins M.Duceppe aura essayé quelque chose.Cela devrait montrer que les souverainistes ne sont pas des paillassons sur lesquels on s'essuie les pieds.
Il était temps.
Archives de Vigile Répondre
2 décembre 2008"En échange de son appui, le Bloc devrait fermement exiger un acquis pour le Québec, allant dans le sens de ce que les Britanniques appellent une « dévolution » de pouvoirs."
Biensûr. Mais il n'a rien exigé.
C'est gratuit. Pour deux ans.
C'est le PLC-NPD qui avaient besoin du BQ et c'est le BQ qui a dû faire une promesse pour deux ans en leur offrant son support !
Duceppe n'a même pas offert un deal à Harper. Même si Harper aurait refusé, alors au moins le BQ aurait eu légitimité de prendre une offre de la coalition, mais il n'y a même pas eu d'offre !