Stephen Harper avait misé sur une campagne interminable pour épuiser ses adversaires, avec les résultats que l’on sait. Philippe Couillard a fait le pari inverse en écourtant la campagne dans les quatre circonscriptions où une élection partielle aura lieu le 9 novembre.
Même si le décret a été pris le 7 octobre, les péripéties de l’élection fédérale et les suites de la victoire spectaculaire de Justin Trudeau ont fait en sorte que la campagne en vue des partielles ne durera en réalité que deux semaines.
Rien ne justifiait ce déclenchement précipité. Fort de sa confortable majorité parlementaire, le premier ministre aurait très bien pu attendre jusqu’en mars 2016 pour lancer un appel aux urnes. Jamais dans l’histoire du Québec des élections partielles n’avaient encore été déclenchées durant une campagne fédérale, même si l’inverse s’est déjà produit.
Pierre Karl Péladeau avait parfaitement raison d’y voir un déni de démocratie et les « bas-fonds du respect à l’endroit des citoyens ». L’argument avancé par le premier ministre, qui a expliqué vouloir animer le conseil général de son parti, prévu à la mi-novembre, était totalement incongru.
Selon lui, craindre que le chevauchement avec l’élection fédérale ne sème la confusion chez les électeurs relevait du paternalisme. Un vox pop effectué il y a un mois par Le Journal de Montréal dans une dizaine de circonscriptions québécoises démontrait pourtant qu’après des semaines de matraquage publicitaire, l’abc de la campagne fédérale échappait toujours à de nombreux électeurs.
Gilles Duceppe avait beau avoir été élu pour la première fois en 1990 et avoir dirigé le Bloc québécois pendant 15 ans, seulement 59 % des personnes interrogées savaient qui il était. À peine 37 % connaissaient la date de l’élection et 39 % ignoraient le nom du chef du Parti libéral du Canada.
Alors que les pancartes fédérales sont toujours accrochées aux poteaux, il existe clairement un risque de confusion. À moins que les électeurs ne fassent tout simplement une indigestion de politique et décident de prendre congé. Un faible taux de participation avantage généralement le PLQ. Si M. Couillard avait voulu éviter une levée de boucliers contre les politiques d’austérité de son gouvernement, dont les effets commencent à se faire douloureusement sentir, il n’aurait pas pu trouver mieux.
Aussi bien les libéraux que les caquistes disent miser sur l’essoufflement du mouvement souverainiste, auquel ils attribuent les résultats de l’élection fédérale, mais François Legault est peut-être celui qui a le plus à perdre dans l’immédiat.
La déconfiture de la CAQ à l’élection partielle de juin dans Chauveau, qu’elle croyait être en mesure de conserver malgré le départ de Gérard Deltell, l’a convaincue de la nécessité de doter le parti d’une véritable politique constitutionnelle, pour éviter d’être définitivement marginalisée par la polarisation entre libéraux et péquistes.
>Lire la suite de l'article sur Le Devoir
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé