La cage à homards

Des "homards" libres d'entrer ou non dans un "cage ouverte"...



On aurait tort de voir dans le projet de «gouvernance souverainiste» proposé par le président du Conseil de la souveraineté, Gérald Larose, une simple tactique visant à permettre au Parti québécois de se débarrasser du boulet référendaire tout en apaisant ses militants.


Ce projet s'inscrit au contraire dans une optique beaucoup plus militante, celle que Jacques Parizeau décrivait comme la «cage à homards».
Dans un long texte publié dans L'Action Nationale, Larose, sans le dire explicitement, prend acte du fait que le «résultat prévisible» d'un référendum serait une troisième défaite (les derniers sondages montrent que le Oui est en deçà de 40%!). Il s'agit donc d'amener les Québécois à la souveraineté par une autre voie, en multipliant les affrontements avec le reste du Canada, et en instaurant une sorte de souveraineté de facto.
Lisons bien ce qu'il écrit sur le référendum: «C'est une modalité démocratique de poids pour mettre à contribution la population dans le franchissement des principales étapes et valider le résultat final.»
Sous sa plume, le référendum, que tout démocrate voit comme l'étape primordiale et nécessaire, devient une simple «modalité», qui pourrait être utilisée une fois enclenchée la démarche vers la souveraineté, ou après que la multiplication des crises aura envenimé la situation à un point tel que la population, placée devant le fait accompli, acceptera de «valider le résultat final» qu'aura préparé le gouvernement sans jamais la consulter.
«Valider» est synonyme de «ratifier». La population serait «mise à contribution», autrement dit invitée à collaborer au projet, mais ce n'est pas elle qui en aurait décidé.
Pour Larose, le référendum est un passage si négligeable qu'il a inventé un néologisme, le «référendisme», pour mieux fustiger ceux qui tiennent à ce qu'un gouvernement péquiste obtienne l'accord de la majorité avant d'amorcer l'accession à la souveraineté. Le gouvernement, dit-il, devra au contraire «aménager immédiatement (dès son élection) les éléments fondamentaux du Québec souverain», et ce, évidemment, avec les fonds publics.
Le référendum, loin d'être la condition sine qua non, ne fera que «compléter le processus d'accession du Québec à la souveraineté».
La plupart des «mesures structurantes» proposées par l'ancien président de la CSN sont légales, mais elles auraient presque toutes pour effet de pourrir à jamais les relations entre le Québec et le reste du Canada.
D'autres mesures seraient carrément illégales dans le cadre canadien: la nationalisation de l'eau, par exemple, ou «la récupération des 41 milliards que les contribuables québécois expédient à Ottawa». Larose ne dit pas si le Québec, en contrepartie, refusera les paiements de péréquation d'Ottawa!
Ironiquement, deux des mesures proposées auraient pour effet de diviser la population au moment même où, dans une optique souverainiste, elle devrait être unie.
La rédaction d'une constitution provoquerait inévitablement des affrontements entre divers groupes qui ne partagent pas les mêmes valeurs.
Quant à la promulgation de «la laïcité de l'espace public» bonjour la chicane! Ce n'est pas demain que les nationalistes traditionalistes (il y en a beaucoup) vont accepter de sortir le crucifix de l'Assemblée nationale et d'interdire aux fonctionnaires et aux enseignants de porter une petite croix au cou!
Larose conclut son exposé sur une note d'optimisme: une fois le Québec souverain, «la planète se sentira meilleure» rien de moins!
Il n'est pas sûr, toutefois, que son plan puisse être mené à bien. Seul un homme de la trempe de Jacques Parizeau pourrait le piloter. Pauline Marois, qui n'a jamais d'idées fermes, en serait incapable même si elle se dit intéressée par le projet Larose.
En outre, il y a fort à parier que même si le prochain conseil national du PQ votait en ce sens, le parti produira, une fois les élections déclenchées, une plate-forme beaucoup plus modérée. Car l'inclusion dans le programme péquiste d'un projet comme celui-là, qui fait fi de la tradition démocratique du Québec et engagerait la population sur une voie qu'elle n'aurait pas formellement choisie, compromettrait sérieusement ses chances électorales.
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